Paraître sans faiblir

Chapitre 27 : Ma destinée

La journée est lumineuse, un contraste frappant avec la sombre résolution que j'ai prise. Je profite de chaque instant, m'efforçant de savourer les petites joies qui semblent s'épanouir autour de moi. La séance de sport avec mon professeur est intense, mais elle me procure un sentiment de satisfaction et de bien-être. Je lutte pour chaque mouvement, comme si je me préparais à affronter un dernier défi.

Après les cours, je me retrouve avec Sabrine. Nous partageons un repas léger et nous rions, comme si nous cherchions à emprisonner ces moments de complicité dans une bulle protectrice. Nous discutons de nos projets futurs, de nos rêves et de tout ce qui nous attend. Je garde mon secret bien enfoui, savourant ces instants de normalité.

Enfin, le moment est venu pour ma dernière balade avec Lady. Je l'observe avec tendresse, sentant mon cœur se serrer à la pensée de la laisser derrière moi. Nous marchons côte à côte, traversant les rues familières de Chantilly.

Nous arrivons à la grande allée d'herbe verte, celle où j'ai laissé Lady courir librement tant de fois. Je la libère de sa laisse, et elle se met à gambader joyeusement autour de moi. J'admire la beauté de la scène, le soleil se couchant doucement à l'horizon, baignant tout dans une lumière dorée.

Je la laisse explorer les environs avec enthousiasme tandis que je m'assieds sur l'herbe, laissant mes pensées divaguer. Je suis à la croisée des chemins, et le poids de ma décision me pèse. D'un côté, il y a la douleur qui me pousse vers l'obscurité, et de l'autre, il y a la promesse fragile de jours meilleurs.

Elle continue de courir et de jouer avec les bâtons, ignorant le tourment qui agite mon esprit. Je l'observe avec un mélange de tendresse et de tristesse, laissant mes larmes couler silencieusement sur mes joues. Elle est là, vivant l'instant présent avec une insouciance qui me fait envie.

Les sanglots secouent mon corps alors que je lutte avec mes émotions. Je m'excuse auprès de Lady d'une voix brisée, mes paroles mêlées aux hoquets de chagrin.

"Je suis désolée, Lady. Je suis désolée de devoir te laisser. Mais tu seras en sécurité avec Lucie. Elle prendra soin de toi, je te le promets."

Je me rapproche d'elle et tends la main pour caresser une dernière fois sa fourrure douce, m'attardant sur chaque sensation, chaque détail de ce moment.

"Merci pour tout ma Lady."

Les étoiles scintillent au-dessus de nous, comme si elles offraient un au revoir silencieux.

Le chemin de retour est marqué par le silence, mes pas résonnent dans l'obscurité. La décision que j'ai prise demeure, mais mon cœur est alourdi par la réalisation de ce que cela signifie vraiment.

J'entre dans la cuisine. Je vois ma mère nettoyer les verres.

"Hey maman. Est-ce que... est-ce que Lady pourrait dormir avec toi cette nuit ?"

Elle pose son torchon et  lève un sourcil, légèrement surprise.

"Pourquoi cela ?"

Je baisse les yeux, cherchant rapidement une explication.

"Elle prend trop de place dans mon lit, et demain j'ai un examen de chimie. Je n'ai pas envie de dormir sur le bord cette nuit."

Elle hoche la tête, semblant réfléchir à cette idée.

"C'est vrai ? D'accord, Lady peut dormir avec moi cette nuit."

"Merci, maman."

Elle s'approche de moi et m'embrasse doucement sur le front.

"Bonne nuit, ma chérie. Reposes-toi bien."

"Merci, toi aussi, maman."

Je monte lentement les escaliers, chaque marche me rapprochant un peu plus de la chambre où j'ai caché les boîtes de paracétamol. Mon cœur bat la chamade, et mes pensées tournoient dans ma tête, me rappelant l'ampleur de ma décision. J'ai l'impression d'être en apnée, de me diriger vers l'inconnu avec une certitude amère.