Chapitre 5 : Entre conventions et compromis

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Les jours s'écoulent depuis cette séance de tir à l'arc, et me voilà plongée de nouveau dans mon quotidien. Le vendredi est arrivé, et avec lui, ma promesse de me rendre chez mon père à Argenteuil. J'ai pris mon vélo pour me rendre à la gare de Chantilly, et le trajet jusqu'à Paris Nord s'est déroulé sans accroc. Mais une fois plongée dans les méandres de la capitale, mon enthousiasme s'est vite évaporé.

Le métro est bondé, les retards et les annulations se multiplient, laissant place à une frustration grandissante parmi les voyageurs. J'entends les conversations agacées, les soupirs de lassitude, et je me fraye un chemin au milieu de la foule pressée. L'odeur désagréable d'urine envahit les tunnels sombres, et je me sens oppressée par cet environnement qui me met mal à l'aise. Les regards curieux et parfois intrusifs des passants semblent me scruter, me jugeant silencieusement. La diversité des visages et des vies qui s'entrecroisent dans cette grande métropole est à la fois fascinante et déconcertante. Je me demande si j'ai réellement ma place dans ce monde où chacun semble obnubilé par sa propre trajectoire.

Je me remémore le moment où Lucas et moi nous sommes croisés au gymnase, ce bref instant où nos regards se sont rencontrés, laissant entrevoir une connexion énigmatique. Mais cette pensée s'évapore rapidement dans le tumulte de la ville, noyée par les bruits assourdissants des sirènes et des klaxons.

Enfin arrivée à la gare où je dois prendre le train pour Argenteuil, je me laisse tomber sur un banc, cherchant à reprendre mon souffle. Je réalise que même si mon voyage à Argenteuil n'est qu'une simple étape, il symbolise un pas en avant dans ma quête de compréhension de moi-même et de ma place dans ce monde complexe.

Le train s'arrête à Argenteuil, marquant le début de cette étape de mon voyage. Je me lève avec une résolution renouvelée, laissant derrière moi les tracas de la capitale. Peu importe les défis qui m'attendent, je compte les affronter avec courage, prête à explorer les mystères que la vie a en réserve. Mon périple vers Argenteuil ne se limite pas à une simple visite paternelle ; c'est une invitation à plonger au plus profond de moi-même, à explorer les recoins cachés de mon identité à travers les rencontres et les expériences qui me guident sur cette route sinueuse.

Je m'élance dans les rues, déterminée à rejoindre la maison rose de mon père. L'environnement qui m'entoure ne fait rien pour apaiser mon malaise. Les vitres brisées des voitures, les poubelles incendiées par des jeunes délinquants, tout cela crée une ambiance angoissante qui me rappelle pourquoi je n'aime pas cet endroit. L'odeur de la pollution me pique le nez, et je me surprends à resserrer ma veste autour de moi comme pour me protéger de l'environnement hostile.

Je finis par arriver devant le portail de la maison rose de mon père. Le contraste entre cette petite oasis colorée et le décor environnant est frappant. Je sonne, l'anticipation me nouant l'estomac. Le portail grince légèrement en s'ouvrant, révélant mon père, vêtu d'un peignoir bleu et de tongs, l'air un peu échevelé. Il possède une allure à la fois robuste et fatiguée, comme si les épreuves de la vie l'avaient marqué en profondeur. Ses cheveux bruns sont rasés de près, soulignant les contours de son visage. Une longue barbe, soigneusement entretenue malgré son apparence décontractée, ajoute une touche de mystère à son apparence. Ses yeux marron, teintés d'une lueur de tristesse, reflètent les nombreux défis qu'il a dû affronter.

"Inaya ! Te voilà enfin ! Entre, entre !" s'exclame-t-il avec enthousiasme.

Je lui adresse un sourire timide tout en passant le portail. Mon père me prend dans ses bras dans une étreinte chaleureuse, et je me sens soudainement enveloppée d'un sentiment de réconfort. Malgré les circonstances étranges et parfois difficiles, il y a quelque chose de rassurant dans ces moments de retrouvailles.

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