Chapitre 39 :

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Je suis enfin arrivée à la gare de Chantilly, mais ce retard semble avoir étiré l'attente à l'infini. Guillaume, mon beau-père, m'attend sur le parking, le moteur de la voiture en marche, visiblement pressé de me voir. Nos retrouvailles sont empreintes d'une certaine tension, et le trajet jusqu'à la maison de mes grands-parents se déroule dans un silence pesant.

Une fois devant la maison familiale, une atmosphère chargée d'inquiétude nous enveloppe. Ma mère, Guillaume et moi sortons de la voiture et pénétrons dans la maison. Julien, mon oncle, et ma grand-mère se tiennent tous deux dans la salle à manger, debout, appuyés sur la table. Ma grand-mère tente de dissimuler ses larmes derrière un mouchoir, tandis que le visage de Julien exprime une profonde préoccupation.

Les étreintes qui suivent sont silencieuses, chacun de nous semblant ressentir l'angoisse qui plane dans l'air. Ma mère demande immédiatement où se trouve mon père. Julien prend une grande inspiration, puis, d'une voix tremblante, explique la situation.

"Ton grand-père est dans la chambre à coucher", dit-il. "Il ne se sent pas bien, il est fatigué. Il a insisté pour ne pas appeler une ambulance et pour ne pas être dérangé. Il n'a rien mangé de la soirée et s'est retiré dans sa chambre."

Les paroles de Julien résonnent dans la pièce, et l'incertitude pèse sur nous, comme une ombre difficile à dissiper.

Ma mère part dans la chambre pour voir son père, me laissant seule avec mon oncle et ma grand-mère. Mon oncle, cherchant à détendre l'atmosphère, tente de changer de sujet.

"Alors, comment ça se passe à l'école ?" me demande-t-il, cherchant à me changer les idées. Je réponds avec un soupir, décrivant la fatigue qui m'accable, mais assurant que je tiens le coup. Nous commençons à engager une conversation plus légère lorsque nos paroles sont brusquement interrompues par le son sourd d'une porte qui s'ouvre.

Ma mère apparaît, les larmes coulant sur son visage. Le simple regard échangé suffit à comprendre que la nouvelle n'est pas bonne. Mon oncle et ma grand-mère se précipitent vers elle, leurs visages exprimant l'anxiété. J'approche avec précaution, inquiète de ce que ma mère va nous annoncer.

Ma mère m'explique la triste réalité, que c'est la fin pour mon grand-père, qu'il sera probablement parti au petit matin. Ses paroles me figent sur place, un poids immense dans la poitrine.

Maman : (d'une voix tremblante) C'est difficile à dire, ma chérie, mais il ne reste que peu de temps. Il ne tiendra probablement pas la nuit.

Je l'écoute, mes yeux fixés sur le sol, le cœur lourd de chagrin.

Maman : (continuant) Tu sais, tu peux aller le voir, lui dire au revoir. Mais c'est entièrement à toi de décider, tu n'es pas obligée.

Je relève les yeux pour la regarder, les larmes aux bords des paupières.

Moi : (d'une voix faible) Je... je ne sais pas, maman. C'est tellement difficile.

Elle prend ma main avec douceur.

Maman : (avec tendresse) Prends ton temps, ma chérie. Personne ne te forcera à faire quoi que ce soit. C'est une décision personnelle.

Je me retrouve dans un dilemme déchirant. D'un côté, je ressens le besoin viscéral de voir mon grand-père une dernière fois, de lui dire au revoir. De l'autre, la peur m'étreint, la peur de voir un être cher dans un état si fragile.

Je recule lentement, jusqu'à ce que la poignée froide de la porte d'entrée se trouve dans le creux de ma main. Sans réfléchir davantage, je tourne la poignée et sors dans le jardin. L'air frais de la nuit m'enveloppe, mais mon souffle est court, saccadé. Mes mains tremblent, et les larmes coulent librement, comme un torrent que rien ne peut retenir.

Paraître sans faiblirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant