Chapitre 3 : Le virage

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Comme tous les matins, c'est Lady qui me réveille. Sa petite tête curieuse se glisse sous les couvertures, tandis que ses yeux espiègles me fixent avec insistance. Elle émet un léger jappement, me rappelant que le monde est en effervescence et qu'il est temps de commencer une nouvelle journée.

"Merci ma louloute."

Lady répond par un mouvement de queue joyeux, comme si elle sait que sa mission matinale est accomplie.

La journée qui s'annonce a le potentiel de me transporter au-delà des tracas de la nuit passée. Je suis ma routine habituelle, enfilant mon uniforme scolaire et prenant un petit déjeuner rapide avant de m'élancer à l'extérieur.

Mon vélo m'attend fidèlement, prêt à m'emporter vers le lycée. Le vent frais me caresse le visage alors que je pédale à travers les rues familières de Chantilly. Les rayons du soleil se glissent entre les feuilles des arbres, créant une danse d'ombres et de lumières sur le chemin.

Mon premier cours de la journée est l'EPS (Éducation Physique et Sportive), dirigé par le redouté monsieur Osgart. Depuis deux ans déjà, il est mon professeur de sport. Sa carrure imposante et son allure militaire lui donnent l'air d'un sergent prêt à inspecter les rangs. Peu d'élèves le tolèrent, découragés par sa rigueur. Son regard vert, aussi intense qu'une forêt en automne, scrute chaque mouvement, chaque geste.

Je me glisse discrètement parmi les élèves rassemblés sur le terrain, attendant que l'enseignant lance les activités de la journée. Ses cheveux gris coupés courts ne laissent pas la place au désordre, tout comme son visage marqué par le passage du temps. Il arbore sa veste bleue habituelle, un emblème de son autorité. Les autres élèves peuvent le trouver trop sévère, mais pour moi, il est un refuge, un roc auquel je peux me raccrocher.

Les activités d'EPS sont épuisantes, mais elles offrent un exutoire bienvenu à mes pensées tourmentées. Monsieur Osgart sait comment pousser chaque élève au-delà de ses limites, nous rappelant que nous sommes capables de plus que nous le pensions. Malgré sa réputation intimidante, je perçois en lui une bienveillance dissimulée, une compassion qui émane de ses yeux fatigués.

Les autres élèves prétendent que je suis sa "chouchoute", une affirmation que je n'ai ni confirmée ni niée. Mais il est vrai que je me sens proche de lui, peut-être parce que je cherche inconsciemment une figure d'autorité masculine à laquelle me rattacher. Dans ce labyrinthe de mon existence chaotique, ce professeur est un guide, un repère de stabilité.

La séance d'EPS du jour a pour thème le badminton, un sport que j'adore pratiquer à un niveau élevé. Nous prenons nos raquettes et nous nous positionnons sur le terrain, une vague d'excitation monte en moi. Le volant léger semble prêt à décoller à tout instant, vibrant d'énergie entre mes doigts.

Chaque échange est une danse rythmée, une chorégraphie complexe de mouvements calculés et de réflexes aiguisés. J'exécute des smashes puissants, propulsant le volant avec une intensité presque cathartique. Mes dégagements sont d'une précision chirurgicale, défiant les lois de la gravité alors que le volant s'élève et retombe avec grâce. Les amortis croisés sont mon domaine de prédilection, des mouvements presque instinctifs qui laissent mes adversaires perplexes. Chaque coup est un moyen de relâcher la tension accumulée, de libérer les émotions qui ont été piégées en moi. Chaque frappe me procure une sensation de légèreté, comme si le volant était porteur de mes soucis, les éjectant de mon corps à chaque contact.

Mes mouvements sont rapides, fluides, exécutés avec une précision presque mécanique. L'intensité du jeu m'absorbe totalement, me plongeant dans un état de concentration absolue. Je sens le frisson de l'effort, la sueur perler sur ma peau, tandis que je me laisse emporter par le rythme hypnotique du jeu.

Paraître sans faiblirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant