Chapitre 29 : La révélation

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   Le sommeil fuit loin de moi cette nuit, laissant place à une danse interminable de sons discordants et de lumières aveuglantes. Les cris des patients résonnent dans les couloirs, se mêlant aux bruits assourdissants des brancards et aux pas hâtifs des infirmières. La lumière blanche et crue qui inonde la chambre devient mon compagnon malvenu, empêchant toute échappée vers le sommeil réparateur que je désire tant.

À l'aube, les ténèbres de la nuit se dissolvent lentement, laissant place à la lueur timide du matin. À huit heures précises, une psychiatre vient me chercher pour m'emmener dans son bureau. Mon cœur bat la chamade, tandis que je m'efforce de paraître calme et détachée, dissimulant mon appréhension derrière un masque d'indifférence.

Ses questions fusent, et je réponds avec prudence, choisissant soigneusement mes mots pour évoquer les problèmes qui m'accablent sans pour autant susciter la moindre inquiétude de sa part. Je mets un point d'honneur à souligner les défis que représentent mes relations familiales, la surcharge de travail scolaire, et toutes les pressions qui pèsent sur moi.

Chaque réponse est pesée et calculée, comme les pas d'un funambule sur un fil ténu. Je navigue entre l'envie de m'ouvrir tout en protégeant mon intimité, consciente que le moindre glissement peut m'entraîner vers un futur incertain, au cœur d'un système qui m'est étranger. Mes réponses sont ma bouée de sauvetage, mon moyen de garder le contrôle sur ma propre histoire, même dans cet environnement labyrinthique.

Après un moment de silence chargé d'hésitation, elle me pose une question qui me fait frissonner intérieurement :

"Y a-t-il déjà eu des antécédents suicidaires dans votre famille ou proches ?"

Je sens mon pouls s'accélérer, mais je garde mon expression stoïque, laissant la question flotter dans l'air comme une plume légère. Mon esprit tourbillonne, luttant pour contenir les souvenirs douloureux qui menacent de remonter à la surface. Pourtant, je sais que je ne peux pas me permettre de laisser paraître la vérité, pas ici, pas maintenant.

Après un instant de réflexion soigneusement simulé, je réponds d'une voix feutrée :

"Euh, non, pas à ma connaissance."

Mes mots semblent sortir de ma bouche de façon mécanique, dépourvus de toute émotion réelle. La psychiatre semble satisfaite de ma réponse, et son regard compatissant ne fait que renforcer mon désir de quitter cet endroit oppressant. J'ai l'impression que chaque seconde passée ici m'enfonce davantage dans un labyrinthe inextricable, et tout ce que je désire, c'est trouver une issue, retrouver la liberté et reprendre le contrôle de ma propre vie.

Elle prend quelques notes sur son carnet, puis relève les yeux pour me fixer avec attention.

"D'après ce que vous me dites, vous êtes en plein burn out."

 Sans blague...

Elle me tend une feuille de papier avec les coordonnées d'un psychologue près de chez moi.

"Je vous autorise à sortir aujourd'hui, mais à une condition. Je veux que vous preniez rendez-vous avec ce professionnel dès que possible."

Je prends la feuille de papier avec un mélange de gratitude et de résolution.

"Je le ferai, promis," répondis-je d'une voix sincère.

La psychologue esquisse un sourire encourageant.

"Très bien, Inaya. N'oubliez pas que vous n'êtes pas seule dans tout cela. Il y a des gens qui vous soutiennent et qui veulent vous voir vous épanouir."

Paraître sans faiblirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant