Les derniers mois ont été marqué par les rumeurs qui se propagent dans les couloirs du lycée. Les gens parlent, chuchotent, spéculent sur ce qui s'est passé avec Camille. Les détails sont flous, exagérés, déformés au gré des langues qui s'agitent. Certains disent qu'elle a été internée dans un hôpital psychiatrique, d'autres racontent des histoires plus sombres.
J'entame ma dernière année de lycée. Camille est devenue le sujet de toutes les conversations, l'objet de regards curieux et parfois méprisants. Les gens ont du mal à comprendre, à accepter ce qui s'est passé, et cela me rappelle à quel point la compassion et l'empathie peuvent être rares.
Je traverse les couloirs du lycée, j'entends des murmures encore plus insistants à propos de Camille. Les regards se tournent vers elle, les chuchotements se multiplient. J'ai le cœur serré en la voyant, isolée, perdue dans un océan de jugements silencieux.
Il est temps pour moi de faire face à mon propre passé, à mes propres erreurs. Elle mérite au moins une explication, une tentative de réconciliation.
Après les cours, je me retrouve devant la porte de sa maison, le cœur battant la chamade, prête à affronter la vérité et à offrir le pardon.
J'hésite un instant, rassemblant mon courage, puis je frappe à la porte. Quelques instants plus tard, la porte s'ouvre pour révéler Camille, le regard surpris en me voyant.
"Inaya ? Qu'est-ce que tu fais ici ?"
"Puis-je entrer ? J'aimerais te parler."
Elle semble hésitante. mais finalement, elle s'écarte pour me laisser passer. J'entre dans la maison, mon cœur battant toujours la chamade alors que nous nous dirigeons vers le salon.
"Alors, qu'est-ce qui t'amène ici ?"
Je prends une profonde inspiration, cherchant les mots justes pour exprimer ce que je ressens.
"Camille, je sais que j'ai été absente pendant tout ce temps, que je t'ai abandonnée quand tu avais le plus besoin de soutien. Je m'excuse sincèrement pour cela. Je n'aurais pas dû te laisser seule à travers cette épreuve, et je regrette de ne pas avoir été là pour toi."
Elle baisse les yeux.
"C'est vrai que tu m'as un peu laissé tomber. J'ai eu du mal à comprendre pourquoi tu m'as abandonnée après tout ce qu'on avait partagé."
"Je suis désolée. J'ai été aveuglée par ma propre douleur et ma colère, et je n'ai pas su voir ce que tu traversais. Mais aujourd'hui, je suis ici pour te dire que je te pardonne. Je ne veux plus porter cette rancœur et cette colère en moi. Tu as commis des erreurs, tout comme moi, et je crois qu'il est temps de laisser cela derrière nous."
"Je... je ne sais pas quoi dire. Je suis désolée moi aussi, pour tout ce qui s'est passé. J'ai fait des choses terribles et je le regrette profondément." Rétorque-t-elle les larmes aux yeux.
Elle essuie une larme qui a coulé sur sa joue, son regard empli d'émotion, et continue.
"Merci. Cela signifie beaucoup pour moi. J'apprécie vraiment que tu me donnes une seconde chance."
Nous nous regardons un moment, laissant les mots non-dits sceller notre accord de réconciliation. Le poids de la colère et de la trahison semble s'alléger, laissant place à un espoir de guérison et de renouveau. La route vers la réconciliation est longue, mais au moins, nous avons fait le premier pas ensemble.
"Et si on commençait par une petite séance de révision ? Comme on en avait l'habitude." Demandai-je.
"Ça me semble parfait, Lauren. Commençons par où ?"
"Les maths, peut-être ?"
Camille acquiesce, et avec cela, nous nous plongeons dans nos manuels et nos cahiers dans sa chambre, retrouvant le rythme familier de nos études. Au fil des heures, les tensions s'atténuent, laissant place à une complicité retrouvée et à la promesse d'un nouveau départ pour notre amitié.
Je me lève pour partir, exprimant ma gratitude et notre engagement à travailler à la reconstruction de notre amitié. Elle se lève à son tour, me prenant le bras fermement.
"C'était agréable de passer du temps ensemble comme avant."
Je pose ma main sur la sienne pour la détacher gentiment de mon bras.
"Oui, ça l'était. On se revoit bientôt, d'accord ?"
"Absolument. Prends soin de toi, Inaya."
Je quitte la maison avec un sentiment de soulagement mêlé à une certaine excitation. La réconciliation avec mon amie m'a apporté une lueur d'espoir, et je sens que les choses commencent enfin à s'apaiser dans ma vie. Je traverse les rues familières du quartier, perdue dans mes pensées, lorsque soudain mon téléphone sonne. C'est ma mère.
Je décroche rapidement, inquiète par le ton de sa voix.
"Maman, qu'est-ce qui se passe ?"
"Inaya, c'est Lucie. Elle ne se sent vraiment pas bien du tout. Fernand et moi devons l'emmener à l'hôpital, et nous aurons besoin que tu restes avec ton frère pendant que nous y allons."
Mon cœur se serre d'inquiétude pour ma petite sœur. J'imagine son visage pâle et ses yeux fatigués, et une boule d'angoisse se forme dans ma poitrine.
"Bien sûr, maman. Je rentre immédiatement."
Je me dirige rapidement vers la maison, mes pensées tourbillonnant dans tous les sens. À mon arrivée, mes parents semblent pressés et inquiets. Ils m'expliquent rapidement la situation et me donnent quelques instructions pour prendre soin de mon petit frère.
Je m'occupe de mon frère avec tout l'amour et l'attention que je peux offrir. Nous jouons à des jeux, lisons des histoires, et partageons quelques rires pour essayer de détendre l'atmosphère.
La soirée se poursuit. Mon petit frère, Alexandre, s'endort enfin dans mes bras. Le calme règne dans le salon. La lueur tamisée des lampes crée une atmosphère apaisante, et je me sens reconnaissante d'avoir pu offrir un peu de réconfort à mon frère pendant cette période troublée.
Mon téléphone sonne à nouveau, me faisant sursauter légèrement. C'est ma mère. Inquiète, je décroche rapidement.
"Maman, qu'est-ce qui se passe ?"
Je peux entendre la voix tremblante de ma mère.
"C'est compliqué... Les médecins ont fait des tests sur Lucie, et le diagnostic est tombé. Elle est diabétique de type I."
Un frisson me parcourt, et mon cœur se serre à l'entente de ses paroles. Ma petite sœur est atteinte d'une maladie chronique, une réalité difficile à assimiler.
"Comment elle se sent maintenant ?"
"Elle se sent épuisée, ma chérie. Les médecins veulent la garder à l'hôpital pour quelques jours pour surveiller sa glycémie et la réhydrater."
Je sens un mélange d'inquiétude et d'émotions m'envahir.
"Je suis désolée que vous ayez à traverser ça."
" Prends bien soin de ton petit frère, d'accord ?"
"Bien sûr, maman. Reposes-toi et récupère à l'hôpital. On se débrouillera ici."
Elle raccroche.
Je regarde mon petit frère endormi sur mes genoux. La vie a un moyen bien singulier de nous rappeler à quel point elle peut être fragile et précieuse. Je ne peux m'empêcher de penser à l'avenir et aux défis que ma famille va devoir affronter. Le diagnostic du diabète de type I pour ma petite sœur est une nouvelle réalité avec laquelle nous devrons vivre, et je me demande comment cela va affecter notre dynamique familiale.
Je prie silencieusement pour que la fréquence des disputes et des tensions n'augmente pas, que nous puissions trouver la force de faire face à cette épreuve ensemble. J'espère que ma mère sera en mesure de gérer cette situation avec autant de courage et de résilience qu'elle en a montré jusqu'à présent.
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Paraître sans faiblir
Roman pour AdolescentsAu cœur des tourments de l'âme d'Inaya, une mélodie de dualité se joue, tissant les fils de sa vie en une toile complexe de croyances opposées et d'amours contrariés. A dix-sept ans, elle navigue dans un monde de contradictions, portant les poids si...