Sous Le Masque Tome 1

CHAPITRE 7

Elaïa

MUSIQUE :
Promise not to fall - Human Touch

10 h 30, Nice, Faculté de lettres

Mon téléphone vibre à de multiples reprises avant que la sonnerie d'alerte spéciale information prioritaire fasse trembler ma meilleure amie. Mon estomac, quant à lui, menace de rendre le peu d'aliments qu'il a ingurgité ce matin.

— Encore une, soupire Roxie.

Il est de retour.

Le Marqueur est un tueur en série qui a sévi à Nice et les alentours jusqu'en 2021. Pendant deux ans, malgré la crainte qu'il réapparaisse, Nice avait repris un semblant de vie normale. Aujourd'hui, et depuis deux semaines, il est de retour dans la ville. Contrairement aux années précédentes, les victimes sont moins nombreuses, ce qui paraît pour le moins étonnant pour un tueur en série aussi sanguinaire. Les universités ont mis en place dès la découverte de la première victime les anciens protocoles. Taxis, surveillance accrue autour des facultés, tous les systèmes de protection sont remis en activité. Les escortes, elles, profitent de conducteurs attitrés par leur agence si leurs clients ne les reconduisent pas chez elles. Du moins, ce sont les dires des articles de presse. Malgré toutes les précautions prises par la ville, il tue toujours autant.

— Quel était son prénom ? Elle avait quel âge ? C'était une escorte ? me harcèle Roxie.

— Alba Héraut, vingt ans.

Je marque un temps d'arrêt, parcours l'article avant de répondre positivement à la dernière question que Roxie se posait. Alba Héraut était bel et bien escorte. Le Marqueur choisit presque uniquement des escortes, j'ai eu beau chercher les raisons derrière ce choix de victimes, rien n'apparaît sur internet. D'autant plus qu'il favorise les escortes, néanmoins, cela ressemble à une préférence pas une obligation dans son mode opératoire.

— Pourquoi te tortures-tu avec les alertes de ses meurtres ? couine-t-elle en grimaçant.

— Mes notifications concernent tous les types d'informations prioritaires, pas seulement celles du Marqueur.

Roxie m'adresse une moue dubitative, peu convaincue par mon argumentation avant de se tortiller dans tous les sens. Elle grimace, peine à trouver une position satisfaisante. J'arque un sourcil. L'alerte la panique, mais ce n'est pas pour cette raison qu'elle gesticule, il se passe autre chose, je n'ai pas tous les éléments en ma possession.

— Qu'est-ce qui t'arrives ce matin ?

— Euh... rien, rien.

Malgré mon insistance silencieuse, elle ne cède pas et s'enfonce dans son mensonge. Dans une énième tentative de trouver une position supportable, elle s'étale sur les escaliers. Le bas de son pull se relève, pas assez pour découvrir une large parcelle de sa peau, mais suffisamment pour me faire plisser des yeux. J'agrippe le bord de son vêtement et le remonte.

— Ela ! s'exclame-t-elle en s'arrachant de ma prise.

— Tu es couverte de bleus Roxie !

La colère s'infuse dans mes muscles, mais bien sûr, comme d'habitude, je prévois dix mille plans pour lui faire cracher le morceau sans en mettre aucun en place. Plus incapable que moi, ça n'existe pas.

— Ne me dis pas que tu es tombée dans les escaliers, tente un mensonge convaincant.

— Ce n'est rien.