CHAPITRE 42

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Elaïa

Musique :
Devil in me - Hasley / Monsters - Ruelle

3 h 15, Garage de Simon et son meilleur ami, Monaco.

Son souffle chaud marque ma nuque d'une essence inédite. Mes phalanges blanchissent autour de l'arme, tandis que des émotions contradictoires se diluent dans chacune de mes fibres. Stoïque, je ferme les yeux pour ne pas réagir à l'impact imminent. Il frictionne ses mains contre le tissu de son pantalon, baragouine des mots incompréhensibles puis expire lourdement. Le contact n'arrive pas, la chaleur de son corps s'éloigne, j'ai le malheur de tourner la tête quand sa voix dénuée d'assurance vibre dans un murmure désespéré.

Elaïa, ne bouge pas.

D'ordinaire, j'aurais ignoré son ordre, toutefois la menace cachée mélangée à la supplication tortueuse me fait abdiquer. Le doute s'insinue sous mon épiderme. Son hésitation, je dirais même que sa souffrance désintègre lentement ma confiance.

Un élément t'échappe, Ela.

Je le sens, c'est certain, mais quel est-il ? En l'appelant, en entrant dans ce garage, j'étais sûre. Maintenant, le doute s'intensifie et sa proximité enflamme ma poitrine de toute autre chose qu'une colère infinie. Sa respiration réapparaît contre ma chair, maladroitement, tout en s'assurant de ne pas toucher un seul morceau de mon épiderme, il décale mon casque. Ses lèvres bougent contre mon lobe tandis qu'une décharge intense s'étire le long de ma colonne.

Un seul mouvement, Elaïa et tu le regretteras.

Ni une menace ni un ordre, c'est une supplique. Comme lors de notre premier échange sur la promenade, toucher est un calvaire. C'est la promesse de m'anéantir en une fraction de seconde si je résistais. Mes yeux se ferment de nouveau, mon cœur s'emballe et je crois sentir l'oxygène quitter mes poumons. Ses doigts se posent, les uns après les autres, avec une lenteur destructrice sur mes hanches. Comme une allumette que l'on craque dans une flaque d'essence, je m'embrase. Mes dents attaquent ma lèvre, un besoin de fuir pulse contre ma cage thoracique, une envie de repousser la limite m'ordonne de rester. J'ai mal, néanmoins, c'est une douleur loin d'être désagréable.

Tu tournes trop tes hanches, elles t'empêchent de tirer correctement, susurre-t-il, le tremblement dans la voix. Ajuster ta position te permettra plus de stabilité et donc un meilleur résultat.

Mes hanches suivent le mouvement de ses doigts, la chaleur grandit tandis que mon esprit ne sait plus discerner la vérité du mensonge. Son corps contre le mien fait vibrer une mélodie qui n'est pas inédite, différente de celle attendue. Mes battements se rythment étrangement aux siens.

Besoin de fuir, envie de rester.

Le paradoxe à son paroxysme.

Reste comme ça, ordonne-t-il d'une voix unique, délicate.

Il replace le casque sur mes oreilles et le froid de son absence anime ma peau dont les poils se hérissent. Les deux yeux grands ouverts, j'inspire puis vide le chargeur. Trois balles, trois dans le cou. Puis une dernière, juste là où elle avait besoin de s'enfoncer. Entre les deux yeux. J'esquisse un sourire rapide, retire mon casque et les lunettes. Les émotions explosent dans ma poitrine quand je réalise que je tremble. Ma bouche se tord en une grimace douloureuse. Je déteste les armes à feu.

Je délaisse la cible du regard et me tourne vers Simon. Sans comprendre le virage extrême que prend mon esprit, je m'avance vers lui et lâche dans un murmure :

Sous Le Masque Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant