Sous Le Masque Tome 1

CHAPITRE 41

Simon

Musique :
Body Language - WE ARE FURY

2 h 30, Le Blue Lagoon, Nice

Le bord du verre colle à ma lèvre inférieure. Le temps s'arrête, mes paupières papillonnent tant la confusion m'envahit.

— Apprends-moi, répète-t-elle, dénuée de toute émotion.

Mes sourcils se froncent, l'instrument qu'est sa voix semble désaccordé. Je termine mon verre d'une traite, laisse le silence volontairement s'étendre entre nous. Je dois tenter de comprendre ce revirement de situation et pour ça, il me faut du temps, beaucoup de temps. Il m'en faut trop, puisqu'elle insiste de nouveau. L'impatience retentit dans sa dernière supplication.

— Hors de question, tranché-je.

Elle raccroche. Démunie, ma poitrine s'embrase, mes doigts s'empressent d'enfermer le briquet avant de jouer avec le clapet. Je compose son numéro, à la troisième sonnerie, elle décroche.

— As-tu changé d'avis ?

Je reste muet.

— Donne-moi une bonne raison de t'apprendre.

— Parce que je le veux.

J'expire, les démons s'agitent sous mon crâne. Je pourrais l'approcher, je pourrais l'atteindre, si j'acceptais, elle tomberait dans mes filets et personnes, pas même Victor pourrait m'empêcher d'arracher chaque centimètre de son masque. Elle deviendrait une souris sans défense et je pénétrerais son âme pour en faire une proie d'excellence.

« Tu ne peux pas me sauver, Victor. »

« Je mourrais pour te sauver, Simon. Je n'abandonnerais pas. »

Je claque la pulpe de mon pouce contre la roulette métallique du briquet, la flamme brille dans mes iris. Le feu réchauffe mes entrailles et cette excitation malsaine de la nuit dernière se réveille.

— Considère ma demande comme un échange, vibre sa voix.

J'arque un sourcil avant de sentir mon cœur s'emballer. Un échange serait parfait. Je pourrais tout prendre d'elle, en contrepartie je n'aurais qu'à mettre une arme factice entre ses mains.

— Apprends-moi à tirer, je t'enseignerais quelque chose en retour.

Je referme le capot du briquet, reprends quelque peu mes esprits. Elle attise ma curiosité, balaye sans éteindre complètement mon obsession. Que pourrait-elle m'inculquer ?

— Comme ?

— Le toucher ou l'émotion. Libre à toi de choisir. Tu détestes le premier et ne comprends pas la deuxième.

Le toucher. Un rictus retrousse le coin de mes lèvres. Elle n'a rien besoin de m'apprendre sur le toucher. Je prends sans demander l'autorisation. Je déteste qu'on pénètre ma chair mais n'ai aucun mal à détruire celle des autres.

— Ta proposition me semble dangereuse, la prévins-je. Dangereuse pour toi.

— Je sais encaisser les coups, Simon.

Ceux physiques, certainement, je l'ai déjà vu à l'œuvre. Toutefois, pourrait-elle supporter les miens ? Ceux de l'esprit.

« C'est une proie ou une victime ? »