CHAPITRE 50

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Elaïa

2 h 30, Appatement d'Elaïa, Nice

Ma peau rougit à mesure que je frictionne avec frénésie le savon contre chaque recoin de ma chair. Mes mains tremblent et laissent échapper plus d'une fois le produit. Ça ne mousse pas assez tout comme ça n'efface pas suffisamment les traces de ces mains invisibles qui semblent pétrir mon corps.

«Si j'avais un cœur, tu me l'aurais assurément volé, ma petite souris.»

La nausée retourne mon estomac, ma gorge se serre. Le savon tombe au sol pour la énième fois, mes paumes se plaquent contre les carreaux de la douche. Je tente de rester debout, malheureusement mes jambes m'abandonnent. Je glisse et me recroqueville sous le jet d'eau brûlant.

«Tu porteras ma marque pour toujours. Tu n'oublieras jamais que de toutes, tu es de loin ma préférée.»

Mes dents mordent la chair de mon bras jusqu'à laisser une marque douloureuse. Je ravale les hurlements qui ravagent ma gorge et abîme un peu plus ma peau dans l'espoir d'échanger un mal pour un autre. 

«Je vais faire une exception avec toi. Si tu m'offres ta voix, petite souris, je serais clément et accueillerais tes cris avec plaisir.»

Mes ongles griffent mes genoux tandis que mes dents s'acharnent un peu plus contre mon épiderme. Je ne produis aucun son. Il n'est pas là, pourtant je le sens dans l'ombre à attendre ma voix comme récompense.

«Touche! Regarde ce que je ressens pour toi. C'est inhabituel, j'espère que tu en as conscience. Je n'ai pas encore commencé que je bande déjà pour toi.»

Je déglutis, la bile remplit mon œsophage, l'eau devient rougeâtre tant je m'arrache la peau.

«J'ai de grands projets pour toi, petite souris, mais avant, tu vas devenir ma propriété.»

Et c'est exactement ce qui s'est produit. Les victimes restaient vingt-quatre heures avec lui.

«Je vais te garder un peu plus longtemps, tu ne m'en veux pas, j'espère.»

Quarante-huit heures. Ça ne semble pas grand-chose, pourtant, avec lui, les minutes se changeaient en heures, peut-être même en jours. Chaque touché, chaque caresse, chaque instant où ses yeux se délectaient de mon corps soumit étaient d'interminables minutes. Il avait même pris des risques pour moi. Sans m'endormir et m'enveloppant dans un simple drap souillé, il m'avait déposé aux portes des urgences. Ses yeux verts m'avaient observé jusqu'à la dernière seconde avant de disparaître pour ne tourmenter plus que mes nuits dans des cauchemars inévitables.

«Souviens-toi, tu es ma petite souris favorite.»

Et je l'étais. Elles finissaient mortes, j'étais vivante. J'étais sa dernière victime avant qu'il n'entre en sommeil. Seulement, le favoritisme semble avoir fait son temps. Il est de retour et a ôté la vie de Carla. De nouveau, ses yeux tourmentent mes nuits et mes jours. Il s'en délecte, je le sais. Si je ne le vois pas, je le sens. Il s'assure que mon esprit n'oublie pas. Mais comment pourrait-il quand mon corps est marqué de son passage ?

Avec difficulté, je sors de la douche et me place devant le miroir. Ma paume balaye la buée et je fixe mon corps comme s'il appartenait à quelqu'un d'autre. Mes côtes deviennent de plus en plus visibles, mes joues n'ont plus rien d'appétissant tant elles se creusent. Les cernes prouvent que les nuits sont inexistantes. Je voyage jusqu'à ma hanche dont cinq pour cent lui appartiennent. Je presse la chair cartonnée, mes lèvres se pincent quand la douleur se décharge dans l'ensemble de mon corps. Mes doigts relâchent le bout de ma peau puis effleurent ma fesse et réitèrent la même souffrance. Je ravale mon cri et poursuis mon chemin jusqu'à sa plus grande œuvre : ma cuisse. Cette fois, je n'y touche pas. J'observe simplement avant de céder à un rituel destructeur. Je tire le scotch épais de mon armoire et entoure mes cuisses. Je réduis la circonférence de mes membres trop larges, trop gras et serre aussi fort que je le peux à en couper ma circulation sanguine. Quand les dix tours sont faits sur chacune de mes cuisses, j'inspire puis bloque ma respiration et j'arrache le scotch avec violence. Ma peau saine souffre mais encaisse les chocs. En revanche, ma peau déjà abîmée semble vouloir se détacher de mon corps. Le sang s'écoule. J'expire. Je repose les boules de scotch sur le rebord du lavabo et attrape le nécessaire pour nettoyer les nouvelles plaies. Des mois à m'acharner pour supprimer son passage. Des mois pour effacer la preuve de propriété. Si les cicatrices ne peuvent jamais disparaître, je peux modifier la réalité. La manipuler pour qu'on ne se doute de rien, que personne ne découvre ce qui se cache sous mon masque.

«Voilà, maintenant tu es mienne et tant que tu vivras tu le resteras.»

Quand le chat n'est pas là, les souris ne dansent pas, elles complotent. Mon gros matou a choisi la plus mauvaise souris pour jouer. Je n'ai jamais été sienne et ne le serais jamais.

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Bonjouuuuuuuurrr !

Qu'avez-vous pensez de ce chapitre ?

Oups...that's not good...

Enjoy Sweets Peas 🖤

With all my sadist love, Dee.

Sous Le Masque Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant