CHAPITRE 30

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Elaïa

Musique :

Human - Rag'n'Bone Man

13 h 50, Appartement d'Elaïa,

Idiote.

L'eau perle sur mes épaules dévale mon corps, certaines de mes mèches de cheveux se collent sur mes cils, je suis léthargique.

Qu'est-ce que tu peux être conne!

Je fixe le carrelage droit devant moi, mes narines se dilatent lentement.

Ta mère a eu raison de ne pas te garder. Moi je t'aurais carrément jeté.

Mes ongles pincent, griffent, tentent presque de déchirer la chair de mes paumes. La colère s'immisce de nouveau en moi.

Tu mens, Elaïa. Personne ne t'a rien fait.

Mes dents grincent, elles s'apprêteraient presque à se déchausser tant je contracte la mâchoire. Mon pouls palpite, je peux sentir mes pupilles s'agrandir et devenir noires, aussi noir que cette haine lancinante qui brûle mes organes, les uns après les autres.

Tu le méritais sûrement.

Mes lèvres se retroussent dans une douloureuse lenteur. Si je le méritais, elle n'a aucune idée de ce qui l'attend elle.

Tu n'es qu'une ingrate, je te nourris, je te loge et toi, tu mens. Encore et toujours.

Un rire sans joie s'arrache de mes cordes vocales.

—    Je ne suis pas une menteuse, articulé-je d'une voix trop rauque et profonde pour être la mienne.

D'un mouvement robotique, j'éteins l'eau avant de réaliser que mes ongles ont réellement abîmé ma chair. Je nettoie avec rapidité et sors de la douche. J'enroule mes cheveux dans une serviette au préalable chauffée et retrouve mon reflet.

Menteuse.

Ma mâchoire se crispe.

Petite conne.

Mes pupilles se dilatent.

Ta mère aurait dû faire de toi un reste au fond des chiottes.

Je balance, de rage, la bouteille de parfum contre le miroir. Tout explose en morceau et, comme devant Apopute, sur l'esplanade, je reviens à moi. Mes paupières clignent à l'excès, mon souffle s'accélère avant que bien trop lentement mon cœur reprenne un rythme plus normal.

Des coups contre la porte terminent de me sortir de cette satanée transe. Je recouvre rapidement mon corps d'un large peignoir et ouvre la porte.

Il se pince les lèvres après avoir planté son regard dans le mien. Sa bouche s'entrouvre une première fois mais aucun son ne sort. Ses yeux quittent mon visage pour glisser sur mes paumes irritées. Il déglutit mais ne dit toujours rien. Arthur se racle la gorge et reprend un air aussi neutre que possible.

—    J'ai prévenu Roxanne et Camille de ce qu'ils doivent dire.

Je fronce les sourcils, confuse.

—    Ton doyen a appelé les policiers, tu dois témoigner.

Mes yeux s'écarquillent et la panique enflamme de nouveau ma cage thoracique. Ses mains s'empressent d'agripper mes épaules.

—    Ne t'inquiète pas, Ela respire, c'est la même version que toutes les dernières fois, c'était une blague, un défi, vous ne pensiez pas que ça irait aussi loin. Pour la vidéo, c'est la même rengaine, le défi devait être complété par l'enregistrement. J'ai tout sous contrôle, Ela, promis.

Sous Le Masque Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant