CHAPITRE 21

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Elaïa
MUSIQUE :
Still Learning – Hasley

10 h 45, Faculté de lettres, Nice,
Je me recroqueville sur la cuvette quand les bruits de talons claquent contre le carrelage des toilettes. L'impression de me retrouver quelques années en arrière me retourne l'estomac. Comme au lycée, les parties de cache-cache n'en finissent plus.

Je déteste les cache-cache.

Ils ne sont pas idiots, même si j'aurais préféré qu'ils le soient. Roxie ne s'est pas présentée au premier cours et Apolline savait que Cam serait absent pour ce matin. Ils ont profité de ma totale vulnérabilité pour s'acharner. Ça a commencé par les deux longues heures de méthodologie d'écriture. Romain et Maël, installés à mes côtés n'ont eu de cesse de me tripoter dans l'espoir que je craque. Malheureusement pour eux, je sais encaisser les coups. Ce ne sont pas les premiers à essayer de m'envoyer en enfer.

Les portes s'ouvrent les unes après les autres, comme dans les films d'horreur, je sens mon heure arriver.

Apparemment, tu aimes les cache-cache, Souricette, raille Apopute.

J'en ai horreur.

La paume plaquée contre ma bouche et mon nez, je retiens ma respiration dans l'espoir qu'elle perde patience et abandonne son plan.

Je suis ridicule.

Je sais très bien qu'elle réussira à me tirer de ma cachette et par les cheveux, pour son plus grand plaisir. Je maudis ce doyen de merde d'avoir ouvert sa bouche. Je n'ai aucune preuve de ce que j'avance mais il semble évident qu'il a parlé. Roxie n'aurait jamais osé aller à l'encontre de mon silence même si elle est en désaccord avec celui-ci. Quant à Cam, j'ai — jusqu'à présent — toujours réussi à le tenir à l'écart de toutes les crasses d'Apopute.

En cet instant, je rêve d'un Jayden, comme dans My Cruel Prince d'Ashley Jade. Il aurait beau me haïr de tout son être, il ne tolérerait pas que quelqu'un d'autre que lui me martyrise. Toutefois, je ne suis malheureusement pas dans un livre et mon prince cruel n'arrivera pas à ma rescousse.

Je suis toute seule. Encore.

Mes yeux roulent dans leur orbite, depuis quand ai-je besoin d'un homme pour me sauver des griffes d'une hyène pareille ? C'est sexy, uniquement dans les livres. Dans la réalité cela fait de moi une pauvre demeurée qui se victimise pour un rien.

Tu mens. Personne ne t'a jamais rien fait, profonde idiote.

Je sursaute quand la porte d'à-côté couine. Mes yeux se ferment et malgré mon athéisme, je prie pour qu'un miracle se produise.

Souricette, souricette, souricette, soupire-t-elle, comment as-tu pu croire un seul instant que je te laisserai t'en sortir?

Ses talons dignes de ceux de Blair Waldorf, dans Gossip Girl, apparaissent au pied de la porte des toilettes derrière laquelle je suis emprisonnée. Mes entrailles se tordent, mes poumons se bloquent d'eux-mêmes privant l'entièreté de mon corps d'oxygène. Je ferme les yeux quand elle frappe — avec brutalité — le cadre de la porte une première fois. Mes yeux se réouvrent et fixent — totalement paniquée et démunie — le verrou se coulisser à mesure qu'elle cogne.

Toi et ta bouche de cafarde, vous allez payer.

Mes muscles se relâchent d'un coup, j'inspire profondément et, dans un élan de courage, je contrecarre son plan en déverrouillant et ouvrant la porte, espérant lui éclater le nez par la même occasion. Ses fesses s'écrasent au sol, sa voix furieuse explose dans l'air, je me précipite à l'extérieur.

Sous Le Masque Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant