Sous Le Masque Tome 1

CHAPITRE 20

Roxanne

MUSIQUE : Boxes — Black Lilys

6 h 30, Monte-Carlo

Je tambourine à la porte, je sais qu'ils sont là. Les minutes s'allongent, personne ne vient ouvrir, la furie grimpe, ma peau pâle brûle, même sans me voir à travers un miroir, je la sens virer rouge. Rouge rage. J'assène une nouvelle rafale de coup, quand, le dernier vient s'échouer sur un torse. Je relève les yeux sur des iris gris perçants. Mon regard détaille furtivement sa longue balafre sur le côté de sa joue. Si l'acier de ses yeux le rend terriblement attirant et charismatique, cette cicatrice dévoile sa profonde nature : un enfoiré. Sa main enferme mon poignet avec agressivité. Son seul contact dresse la chair de poule sur mon épiderme. Les émotions qui traversent mes organes s'avèrent contradictoires, frustrantes, mais surtout, à taire, pour la majorité. Avec une nonchalance qui me débecte, il s'installe sur le fauteuil près de la cheminée éteinte.

Dommage, je lui aurais bien cramé la face entière ainsi que celle de son salopard d'associé.

Le charme passé, je vois dans ses iris autre chose de plus noir, intense. Douloureux.

Je secoue la tête, je ne dois pas me laisser attendrir par son visage presque angélique. Il ne semble peut-être pas aussi pourri de l'intérieur que l'autre, toutefois, il n'est certainement pas pur. Bien au contraire.

— Mademoiselle Mesnil, tente-t-il d'un ton neutre qui me fait grincer des dents.

— Arrête de me prendre pour une conne Victor !

Il plisse les yeux, feignant l'ignorance, ma bouche s'entrouvre pour débiter mes injures quand une porte grince et le diable en personne entre un verre à la main. Il est encore tôt pour siffler une bouteille de whisky, mais je suppose que tous les psychopathes dans son genre éprouvent le même amour pour la bouteille. Jeff Dahmer, Ted Bundy ou encore Charles Sobhraj s'en collait une régulièrement, Simon Davis ne fait pas exception à la règle. Tous les malades n'ont pas qu'une seule perversion ; ils ne sont constitués que de ça, des perversions, en tout genre. Mon attention se détache de Victor pour se poser sur l'autre.

— Reste loin d'Elaïa, connard !

— Ashe, quel plaisir de te revoir, le manque se ferait-il déjà ressentir ? s'esclaffe-t-il avant de prendre place aux côtés de Victor.

Enfoiré numéro un adresse une œillade furtive à enfoiré numéro deux qui lape son whisky comme on boirait un bol de lait. Une grimace s'étire sur mes lèvres, les adjectifs existants ne sont pas assez forts pour traduire les caractéristiques répugnantes de Simon. Je m'élance pour l'atteindre quand Victor bondit sur ses pieds pour me bloquer le chemin. Le rire sans joie et grave de son salaud d'associé me tord les entrailles. La mort me paraît trop agréable, trop douce pour l'abomination qu'est Simon. La torture me semble bien plus judicieuse.

— Ne t'approche pas de mon amie ou je fais de tes couilles de la pâtée pour chien.

— Roxanne ! gronde Victor.

Simon rit plus fort, je foudroie Victor du regard avant de claquer ses mains qui enserraient ma taille. Ses lèvres se pincent, ses doigts pressent l'arête de son nez, il soupire avant de reconnecter ses iris aux miens.

— Il se tiendra éloigné.

— Mais bien sûr, tu me prends vraiment pour une dinde sans cervelle ! Je l'ai vu tourner autour d'elle !