CHAPITRE 27

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Elaïa

MUSIQUE :
Dollhouse - Melanie Martinez / I don't exist - Olivia O'Brien

10 h, bureau du doyen, Nice.

Mademoiselle Benson, monsieur Rivaux, souhaiterait vous recevoir.

Moi, je n'avais vraiment pas envie qu'il me reçoive, pensé-je, tandis que mes pieds foulent les marches donnant sur l'étage administratif.

Parle, souricette, parle et je te jure que ta vie deviendra un enfer.

Je pensais que j'y étais déjà. Ses yeux ont suivi toute mon ascension sans en louper une seule miette. Je commence à croire qu'ils n'ont pas tort. Je suis une petite souris, une souricette, et ce gros matou d'Apopute va finir par avoir ma peau.

Madame Fournier et son sourire trop blanc pour être naturel me conduisent jusqu'au bureau du doyen. Mentalement, j'épluche mes maigres options : sauter par la fenêtre, mauvaise idée, même si nous sommes qu'au premier étage, ma densité osseuse risquerait de disparaître dans son entièreté avant même que la pointe de mes cheveux n'atteigne le sol. Prétexter une gastro fulgurante, pas très reluisant, mais c'est toujours l'option Z envisageable. Attendre que madame Fournier soit inattentive et-

Sinon quoi? Je finis comme le mec qu'a buté, Simon, hier soir?

Ferme ta gueule, Roxanne. Ou je te jure que-

Mes pensées sont freinées, mes poumons cessent de fonctionner, j'ai la sensation que mon sang quitte mon corps de secondes en secondes. Je lui avais demandé de garder ça pour elle. J'avais exigé qu'elle se taise et non seulement elle l'ouvre, mais en plus avec notre doyen qu'elle ne cesse d'insulter jour après jour. Un pli d'incompréhension se creuse entre mes sourcils, si j'ai bien compris qu'elle détestait Simon et monsieur Rivaux depuis sa rencontre avec eux il y a un peu moins de trois semaines, sa relation avec notre directeur me laisse de plus en plus perplexe. Elle l'ignore, mais j'ai déjà surpris un échange de messages entre eux, rien de probant, elle le menaçait de tout dire si Simon ne s'éloignait pas de moi, lui, lui assurait que Simon ne s'approcherait plus. Évidemment, je ne lui en ai pas parlé parce que je ne suis pas censée savoir qu'ils discutent ensemble. Cependant, plus les jours avancent plus la curiosité me dévore, j'ai rencontré Simon trois fois, la première était pour le moins catastrophique, la deuxième n'avait rien de dangereux quant à la troisième... et bien, disons, qu'elle fut pour le moins perturbante. Simon m'inspire tout un tas d'émotions et j'admets être incapable de savoir si elles sont purement mauvaises ou teintées d'une petite lueur, comme si, il n'était pas aussi noir qu'il le laisse prétendre et que Roxie le laisse sous-entendre. En revanche, monsieur Rivaux, lui, me hérisse le poil. À chacune de ses interventions, je voudrais lui arracher la langue. Il n'y a rien d'honnête dans son discours ni dans son comportement. Entre Roxie et lui, il se passe quelque chose, j'ignore ce que c'est, mais je veux le découvrir, elle le hait, mais dans ses yeux, naît jour après jour une espèce de désir déroutant. Si elle veut voir Simon s'éloigner de moi, c'est de notre cher doyen que je voudrais qu'elle s'écarte.

Lorsqu'elle ouvre la porte, son sourire disparaît, mes yeux se plissent, qu'est-ce qui se passe, bon sang?

Fermez la porte derrière vous, mademoiselle Mesnil, merci.

Mes yeux voyagent et jaugent ma meilleure amie puis monsieur Rivaux. Roxie soupire avant de me laisser la place.

La panique enflamme en l'espace d'une seconde mon être tout entier. Je tire sur les manches de mon pull, enfonce mes ongles dans les mailles et prie pour que mes joues ne brûlent pas de honte sans raison. J'ai envie de quitter ce bureau, et vite.

Sous Le Masque Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant