CHAPITRE 46

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Simon

Musique :
Upside Down - Nathan James Larsen ft Saylor Wilterding

9 h 45, Faculté de lettres, Nice

Sa moto disparaît dans l'horizon tandis que deux agents de sécurité relèvent le salopard du sol. Il beugle, le nez et les doigts fracturés. Mon poing ensanglanté se serre, la pression comprime ma poitrine. Je ne peux pas la laisser m'échapper.

—    Vas-y, murmure-t-il à mon oreille, mais pas de saut dans le vide, s'il te plaît.

Je hoche la tête et m'empresse de rejoindre ma voiture. Le moteur vrombit et le compteur grimpe rapidement. J'emprunte la même route qu'elle dans l'espoir de la retrouver malgré les minutes qui nous séparent l'un de l'autre. Au feu rouge, quelques carrefours plus loin, je prends place aux côtés de sa moto. Elle tourne furtivement la tête vers moi avant de démarrer au quart de tour lorsque le feu passe au vert. J'ajuste ma vitesse à la sienne, les klaxons hurlent contre elle puis contre moi. Elle décélère, je fronce les sourcils et ralentis à mon tour quand elle passe les vitesses pour tenter de me semer. Je marmonne avant de réduire de nouveau la distance entre nous. Je me déporte sur la voie de gauche quand la route me le permet et me maintien à sa hauteur. Je klaxonne à plusieurs reprises, elle pousse toujours plus son compteur. La course poursuite nous amène presque à la sortie de Nice quand elle grille un premier feu orange. Mes dents grincent, l'inquiétude commence à germer dans ma poitrine lorsqu'elle refuse de s'arrêter au deuxième feu orange. Au carrefour, c'est un feu rouge qui l'attend, je pense stupidement qu'il va la stopper dans sa course, seulement, enfoncée dans la nécessité de partir loin, elle le grille.

La seconde d'après, je pile et me gare à la va-vite sur le bas-côté. Sa moto renversée gît de travers sur la route, son corps meurtri propulsé quelques mètres plus loin. Je me précipite jusqu'à elle, m'agenouille et sans réfléchir, presse l'intérieur de son poignet. J'expire, soulagé de sentir un pouls.

—    Tu me fais chier, Elaïa, baragouiné-je.

—    Rien, toussote-t-elle, personne...

—    Elaïa...

—    S'il te plaît... Simon...

Les crissements de pneus indiquent que le conducteur ne compte pas rester plus longtemps sur les lieux. Techniquement, il n'est pas en tort, en revanche, il va tout de même falloir qu'il revoie le concept de délit de fuite. Je relève la visière pendant qu'elle s'accroche à mes avant-bras pour se mettre en position assise. Ses yeux sont totalement éteints, toutefois, sans surprise, aucune larme ne vient les noyer. En revanche, il n'y a pas non plus de colère comme la dernière fois que ces enfoirés l'avaient poussée à bout. Elle veut retirer son casque mais je lui déconseille. Sa langue claque contre ses dents, ignore ma désapprobation et l'enlève. Elle grimace mais ne se plaint pas. Mes yeux tombent en priorité sur sa joue irritée due à sa rencontre forcée avec le sol de l'université. Son pull est déchiré tout comme son jean quant à son arcade, elle en a pris un sacré coup. Ses yeux papillonnent, elle menace de tourner de l'œil, son corps perdant en énergie de seconde en seconde. J'inspire longuement et sans plus attendre, je glisse un bras sous ses genoux, l'autre autour de sa taille. L'un des siens prend d'instinct ma nuque en otage, tandis que l'autre tient à bout d'ongle son casque. Sa tête se relâche contre mon cou, elle soupire, le souffle toutefois saccadé. Je la dépose avec le plus de délicatesse possible sur le siège passager avant d'envoyer un message à Victor pour qu'il dégage un de ses collègues afin de transporter la moto d'Elaïa dans un garage. Je l'attache et quand je referme la portière, sa tête retombe sans force contre la vitre. L'hôpital et son appartement n'étant pas des options, je prends la décision de nous ramener au loft.

Sous Le Masque Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant