CHAPITRE 53

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Elaïa

Musique :
All in - Vin Bogart

3 h 00, Garage de Simon et son meilleur ami, Monaco

Sa langue s'insinue dans ma bouche et joue avec la mienne. J'ai conscience de l'erreur que je suis en train de commettre, mais en cet instant, je choisis d'ignorer les conséquences. Mon corps le veut. Ses secrets, sa manipulation, tout me hurle de passer mon chemin. Malheureusement entre le besoin de fuir et l'envie de rester. C'est l'envie qui gagne. Que ces démons jaillissent ou non, que les miens s'enflamment ou non. Ce soir je ne veux que ses mains sur ma peau. Je ne cherche plus à nous pousser au bord du précipice, non, ce soir, je nous fais chuter, sachant pertinemment qu'il n'y aura qu'un matelas de flammes pour amortir notre chute.

Ses yeux.

Ses yeux me tourmentent, toutefois, sa bouche conte une histoire bien différente. J'ignore si c'est son feu ou le mien qui nous consumera le premier, cependant, il a raison sur une chose, aucun de nous n'en sortira indemne.

Ses lèvres délaissent les miennes et flânent dans mon cou, redessinent le pourtour de mes clavicules tandis que ses mains descendent reprendre possession de ma taille. Il impulse une pression qui me fait quitter le sol. J'enroule mes chevilles autour de ses hanches, il nous ramène sur le canapé. Son poing tire mes cheveux et lui offre un libre accès à ma gorge, qu'il mordille avec désir inestimable. Ses ongles tentent de percer ma chair puis, sans prévenir, il stoppe chacun de ses mouvements et éloigne autant que possible – dans la position actuelle – son corps du mien. S'il y a quelques minutes, ses mains quittaient mon corps dans une volonté de jouer avec ma frustration, là, elles m'abandonnent pour une tout autre menace, bien moins saine. Ses pupilles se dilatent, il inspire mais je le sens, il se déconnecte lentement de la réalité. Parce qu'on ne le sait que trop bien, les démons gagnent toujours. Je quitte ses cuisses et impose une distance nécessaire entre nous. S'il ne m'effraie pas, les images du passé s'entrechoquent avec celles du présent et tétanisent mes muscles. Je suis prête à affronter les conséquences de notre chute, du moins pour l'instant, mais j'ignore si je pourrais contrôler les représailles, pire encore, j'ignore s'il pourra trouver la limite et s'y arrêter. Il s'approche d'un pas lent, sa poitrine se soulevant de manière erratique. Sa main agrippe ma nuque, ma respiration se bloque, ses lèvres se posent contre mon oreille et son ordre jaillit dans une voix rauque et dangereuse.

—    Sors de la pièce.

Il embrasse ma tempe comme dans une volonté de protection ultime et exige :

—    Sors de la pièce, immédiatement.

Il recule, je récupère mon pull et dévale les escaliers pour rejoindre le stand de tir. Le bruit d'eau qui s'écoule par les canalisations est la preuve de son lavage intensif. Il y a des éléments que je ne saisis pas. Comment peut-il prendre plaisir dans la punition sexuelle quand il exècre le contact physique ? D'autant plus celui avec les femmes. Puis, ses mots me reviennent comme une lame que l'on enfonce et tourne dans une plaie déjà suintante.

«Si je punis seul, le consentement n'existe pas.

Mon meilleur ami les protège de mes démons.»

Roxie n'était pas seule avec lui et dans ses paroles, même floues, elle n'a jamais laissé sous-entendre que Victor Rivaux la protégeait des démons de Simon. Quelle information m'échappe ? Quelle partie de l'histoire n'ai-je pas encore saisie ? Les contrats qu'ils font signer sont des assurances protectrices pour eux et uniquement eux, ça, je m'en doutais déjà, mais c'est entre les lignes que mes réponses se trouvent. Il est impossible que Roxie, malgré sa témérité, ait osé signer un contrat qui garde sous silence le châtiment imposé par Simon.

Sous Le Masque Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant