CHAPITRE 56

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Victor

Musique :
Fading Away - Lisa Cimorelli

15 h, Bureau universitaire, Nice

Je raccroche à peine quand ma porte s'ouvre une Roxanne excédée. La secrétaire tente de la restreindre, malheureusement pour madame Fournier, elle se retrouve avec la nécessité d'un rendez-vous pour une rhinoplastie en urgence. Roxanne verrouille la porte, contourne mon bureau, la seconde d'après son poing s'écrase contre ma joue, je grogne avant de ravaler un juron. J'attrape son cou, l'emprisonne et projette son dos contre le mur. Elle tente de me repousser et d'asséner un nouveau coup mais je l'en empêche. Lentement, je relâche son cou, toutefois, je garde l'ascendant et bloque ses deux poignets. Ses yeux noyés dans les larmes, je fronce les sourcils. Je voudrais lui essuyer mais résiste à cette tentation qui mène déjà mon esprit dans un brouillard tortueux.

—    Tu m'as menti.

Ce n'est plus une découverte. Mon travail impose le mensonge comme stratégie d'approche principale. J'ai menti sur un grand nombre de choses durant notre pseudo-alliance. Il va falloir qu'elle précise un peu plus sa pensée.

—    Tu m'avais promis qu'elle ne découvrirait jamais que je t'ai donné le nom de sa sœur adoptive. Pourtant, elle l'a su. Tu m'avais promis qu'elle serait protégée, pourtant elle s'est fait agresser encore et encore.

Il se pourrait qu'il y ait eu quelques fuites et débordements répondant au doux nom de Simon Davis. Je doute qu'il ait parlé avec Elaïa de la torture de Tiffany, en revanche la petite blonde vénitienne est loin d'être stupide, elle a fait les rapprochements.

—    Tu m'avais promis que leur contact ne serait que téléphonique, murmure-t-elle, une larme coulant sur sa joue rougit par la colère.

Elle soupire et se débat, je libère ses poignets, elle contourne le bureau et s'installe sur la chaise, les genoux remontés sous son menton.

—    Alors, je lui ai dit. Je lui ai dit qui tu étais.

Ma mâchoire se décroche, mes lèvres se pincent et la culpabilité prend le dessus. Mon travail voudrait que je lui rappelle les termes de notre entente, ma tendance à la punition voudrait que je la prenne sur ce bureau mais mon cœur, lui, culpabilise. Je mens parce que je le dois, je manipule parce que tout ce qui m'importe est la protection de Simon mais Roxanne ne mérite aucun des châtiments qu'on lui inflige. Mon désir et ma raison se vouent une bataille sans merci depuis des semaines. Je voudrais panser ses plaies au lieu de les agrandir, je voudrais me servir d'elle dans un profit uniquement personnel, malheureusement, mon travail m'impose des règles et je me dois de les respecter. Je contourne à mon tour le bureau et me pose contre le rebord. Les bras croisés sur ma poitrine, je la sonde. Ses yeux s'arriment aux miens et sa peine me serre le cœur. Je tente de rester impassible mais il est évident que je bataille avec de plus en plus de difficultés.

—    Ne t'inquiète pas, raille-t-elle en balayant ses larmes, elle n'a rien voulu entendre. Elle a refusé de lire entre les lignes.

—    Que lui as-tu dit au juste ?

—    Que tu étais du bon côté.

Je ne peux empêcher un souffle de soulagement de s'échapper de mes lèvres. Elle secoue la tête, écœurée par ma réaction.

—    Elle a raison, tu te sers de moi, tu me manipules, tu mériterais que je lui dise que tu es flic, que je détruise chacun de tes plans. Mais apparemment je suis stupide et je choisis encore de taire tes motivations et qui tu es vraiment.

Sous Le Masque Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant