Ash fut pris d'une soudaine panique. En à peine une journée, les Asghint avaient publié un avis de recherche, et avec à la clé une récompense si grande ! D'où sortaient-ils tout cet argent alors qu'Ash leur avait dérobé des milliers de billets de bois ?
En tout cas, il était en danger. Lorsqu'il s'en rendit compte, il décrocha l'affiche pour l'emporter avec lui, puis il s'enfonça, presque en courant, dans les petites rues qui menaient chez Ten.
Arrivé chez Ten, il ouvrit la porte. Il n'y avait personne à l'intérieur. Ash referma vite la porte, puis enleva son manteau. Il déposa l'affiche sur la table, puis s'assit, et mangea dans la peur ce qu'il lui restait de son petit-déjeuner.
A peine avait-il fini que la porte s'ouvrit. Ten était rentré. Tout sourire, il dit : « Ça y est ! Le gérant de l'épicerie a accepté ! A partir de demain, je travaille là-bas ! ». Avec ce qu'il s'était passé ce matin, Ash en avait presque oublié cette histoire d'épicerie et de travail. Voyant l'air inquiet d'Ash, Ten s'approcha, et vit l'affiche sur la table. Il la regarda longuement, puis dit avec son enthousiasme habituel :
— T'inquiètes ! Ils ne vont pas te trouver !
— Comment tu peux en être sûr ? Le questionna Ash incertain.
— La ville est grande, il doit y avoir au moins une centaine de gosses qui correspondent à la description.
— Mouais... Fit Ash, toujours pas convaincu.
— Il suffira de faire un peu attention en sortant. Tu n'auras qu'à prendre mon écharpe et un autre manteau, comme ça tu ne seras pas pris pour cible.
C'est vrai que c'était une bonne idée, mais est-ce que c'était vraiment suffisant ? Ten, qui tentait encore de le rassurer, dit :
—Bon ! Changeons de sujet. Le petit-déjeuner était bon ?
— Oui...
— Ça tombe bien ! Parce qu'à partir de maintenant, je n'aurai plus le temps d'en préparer le matin.
— Ah bon ? Fit Ash, qui regrettait déjà sa délicieuse compote de lideth.
— Oui ! Je vais commencer le travail à huit heures tous les jours. Je te laisserai un peu d'argent pour t'acheter tes repas, comme aujourd'hui.
Ten était vraiment généreux, Ash avait l'impression que c'était son père à qui il parlait. Mais en même temps, il était un peu inquiet. Cela voulait dire qu'Ash allait devoir sortir tout seul tous les jours. En temps normal, cela ne l'aurait pas dérangé, mais là, ça le mettait en danger. Tentant de chasser l'inquiétude de son esprit, Ash continua la conversation :
— Et tu finiras à quelle heure ?
— Dix-neuf heures. Et le patron m'a laissé un jour de repos le dimanche.
Ten s'en était bien tiré. La plupart des gens travaillaient beaucoup plus, et certains n'avaient même pas de jours de repos.
Profitant du silence qui se faisait, Ten sortit se sa poche un petit sac avec du pain (sûrement son petit-déjeuner), et le mangea calmement. Il jeta un regard vers la petite cheminée, puis entre deux bouchées, il dit :
— Au fait, on n'a plus de bois pour ce soir. Tu veux venir en couper avec moi tout à l'heure ?
— Oui, pourquoi pas, répondit Ash.
Lorsque Ten eut finit de manger, ils se levèrent de table. Ash mettait déjà ses chaussures. Il voulait mettre son manteau, mais Ten l'arrêta, en lui rappelant l'avis de recherche. Il sortit alors du dernier étage d'une vieille étagère une petite caisse en bois qui contenait des vêtements mal pliés. Il fouilla un peu, puis en sortit un vieux manteau marron qu'il tendit à Ash. Puis il lui donna l'écharpe noire qu'il portait habituellement au cou. L'écharpe était douce, en fourrure d'animal, tandis que le manteau était un peu trop grand et détruit par l'âge par endroits. Et il puait encore plus que l'écharpe. Mais si cela lui permettait d'être un tant soit peu en sécurité, alors ce n'était pas grave. Ash les enfila sans broncher.
VOUS LISEZ
Crowns / 1. Sous la neige
AdventureTreize ans après la fin d'une guerre sanglante, la vie à Athelcor est toujours difficile, sous le joug d'un roi impitoyable. Lorsque le père d'Ash est exécuté pour des soucis d'argent, ce dernier se retrouve perdu. Il rencontre un groupe de rebelles...