Crowns / 1. Sous la neige

Chapitre 10 : Danger

Ash reprenait connaissance petit à petit, réveillé par un affreux mal de tête. Il n'avait pas encore ouvert les yeux, mais il entendait vaguement deux personnes converser près de lui. « Oui, c'est bien lui. », dit l'une d'entre elles.

Ash ouvrait lentement ses paupières. Il tenta de porter ses mains à ses yeux pour se les frotter, mais se rendit compte que celles-ci étaient bloquées dans son dos, attachées par une épaisse corde qui lui démangeait les poignets. Il était allongé sur un froid sol de marbre. Ash regarda autour de lui, sa tête tournait tellement qu'il mit un temps à reprendre ses repères.

Au-dessus de lui, le plafond était haut, très haut. La décoration autour était riche et tape-à-l'œil.

Ash mit un temps à se rendre compte qu'il était de retour chez les Asghint.

Ça lui revenait, maintenant. Il avait été assommé par derrière alors qu'il se baladait en ville.

Devant lui, ce devait être Robert Asghint, l'homme qu'il avait vu l'autre fois, et qui avait lancé cet avis de recherche. Il avait une mine absolument impassible. Il jeta un regard vers Ash : il avait compris qu'il s'était réveillé, mais cela ne l'empêchait pas de continuer la conversation comme si de rien n'était. Justement, son interlocuteur n'était pas aussi calme que lui. Ash tourna la tête au moment où le second homme, qui devait être son ravisseur, tapa du pied avec fureur à peine à quelques millimètres des yeux d'Ash, en criant :

— Vous avez promis 10 000 nui ! Je vous ai apporté le bon gosse, non ? Alors donnez-moi l'argent tout de suite !

— Baisse d'un ton, répliqua froidement monsieur Asghint. De quel droit oses-tu me parler de la sorte ? Sais-tu au moins qui je suis ?

— J'en ai rien à foutre ! Je suis pas là pour vous lécher les pieds. Moi, je veux juste l'argent, continua l'homme, agacé.

— Et tu l'aura, répondit monsieur Asghint en s'éloignant. Il suffit de patienter un peu.

— Vous voulez...

La conversation fut interrompue soudainement par un homme qui passa la porte. Les têtes se tournèrent vers lui. Il tenait par le col du manteau un enfant brun. Affichant un air fier, il s'exclama :

— Monsieur Asghint, j'ai trouvé l'enfant que vous cherchiez !

— Va-t'en, nous l'avons déjà trouvé, répondit monsieur Asghint du tac-at-tac.

L'homme s'en retrouva penaud. Il avait l'air idiot, au milieu de cette scène. Finalement, il lâcha l'enfant qui se débattait, puis partit en grognant dans sa barbe. « Combien d'enfants se sont faits enlever à cause de cet avis de recherche, au juste ? », se demanda Ash, presque amusé par la situation. Une fois l'homme et l'enfant disparus derrière la porte, monsieur Asghint reprit :

— Bien. Où en étions-nous ?

— L'argent. Donnez-moi l'argent tout de suite !

— Comme je te l'ai dit, il va falloir patienter un peu.

L'homme était bien décidé à repartir de cette maison avec l'argent qu'il convoitait. Aussi, commençant à s'impatienter, il souleva Ash par le col du manteau, lui serrant atrocement le cou, et cria :

— Donnez-moi la récompense tout de suite ! Ou je reprends le gosse avec moi !

— Fais donc, répondit calmement monsieur Asghint.

Il s'était dirigé vers un petit meuble de rangement en bois noir, au-dessus duquel étaient exposés deux sabres en guise de décoration. Ash ne put voir exactement ce que monsieur Asghint avait sorti d'un des tiroirs, car son ravisseur, qui paraissait à bout de nerfs, tourna le dos, et repartait déjà en direction de la sortie avec Ash dans ses mains. Ash tentait de se débattre, mais l'homme était assez fort.