Chapitre 30 : Prison

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Les menottes rouillées aux poignets d'Ash le démangeaient inlassablement. D'accord, c'était un prisonnier, désormais, mais il aurait au moins pu avoir des menottes en meilleur état ! Comme celles de Ten, par exemple, qui paraissaient comme neuves. Même si Ten n'avait, bien sûr, pas l'air plus heureux qu'Ash. Et qui pourrait l'être, dans cette situation ? Toute la ville les regardaient traverser les rues, accompagnés par des gardes aigris qui n'acceptaient pas qu'ils marchent trop lentement. Et puis surtout, ces même gardes avaient eu la bonne idée de retirer leurs gants à Ash et Ten, car sinon ils n'arrivaient pas à leur passer les menottes correctement. Avec ce froid insoutenable, Ash ne sentait presque plus le bout de ses doigts. Et tout ce qu'il sentait encore le piquait, c'en était insoutenable. Mais Ash n'y prêtait qu'une attention secondaire. Sa première préoccupation, en vérité, c'était sa vie. Ils allaient sûrement être exécutés pour avoir tenté d'assassiner le roi. D'ailleurs, peut-être qu'ils ne seraient même plus en vie à la fin de la journée. Cette pensée terrorrisait Ash. Elle l'immobilisait presque, mais il devait malgré tout avancer, comme les gardes le lui disaient.

Les gardes les emmenaient vers le château. Ash avait l'impression que l'air se rarifiait à mesure qu'il montait la colline. Et il sentait de moins en moins ses mains. Elles étaient toutes rouges, et elles tremblaient. Ten, qui marchait juste à côté, n'avait probablement jamais été aussi silencieux. Lui aussi était conscient qu'ils allaient bientôt mourrir. Alors comment arrivait-il à rester calme ? Ash aurait bien aimé connaître son secret.

Le château était en vue. Et cette fichue statue de diamant aussi. Sa construction avait légèrement avancé, depuis la fois dernière. Maintenant, il ne manquait plus au monarque de diamant que la partie supérieure de son visage.

Ils passèrent les murs qui protégeaient le château. Des gardes royaux entouraient tout le palais. Ash pensait qu'ils allaient rentrer par la porte principale, comme ce fut le cas la fois dernière, mais étonnemment, les gardes qui les escortaient contournèrent le palais, et continuèrent sur un fin sentier de pierre qui longeait celui-ci. Finalement, ils arrivèrent devant un vieux bâtiment cylindrique, plutôt grand, dont Ash n'avait jamais remarqué la présence. Et pour cause : l'édifice était, certes, plutôt haut, mais de l'extérieur, il était intégralement caché par les murs du palais.

Les gardes toquèrent, et la porte s'ouvrit. Il y avait d'autres gardes, à l'intérieur, qui firent un étrange geste de la main en voyant leurs collègues. Derrière eux, une porte en barreaux protégeait un plateau, d'où partaient deux escaliers en spirale, un qui montait, et l'autre qui descendait. Les premiers gardes relayèrent Ash et Ten à leurs confrères, en ordonnant : "Mettez-les où il y a de la place", puis ils repartirent et fermèrent la porte. La différence de lumière fut pour le moins surprenante. Maintenant, seulement quatre petites bougies éclairaient l'intérieur. Cela donnait à l'ensemble une ambiance plutôt lugubre.

Deux gardes privèrent les deux garçons de leurs affaires, puis prirent Ash et Ten avec eux et empruntèrent l'escalier descendant. L'odeur qui émanait du sous-sol était atroce, on aurait dit un mélange de poussière, de crasse et de sang. Cette senteur était poisseuse, Ash avait l'impression qu'elle venait obstruer ses narines et se coller à sa peau, c'était dégoûtant. Les gardes les firent descendre deux étages, avant d'arriver devant de minuscules cellules insalubres.

– Vous avez de la chance, fit l'un des gardes, il y a plein de places qui se sont libérées, aujourd'hui.

Ash mit un petit temps à comprendre que les places en question étaient sûrement celles qu'avaient occuppées Ason et les autres en prison, avant d'être exécutés. Il en eut un haut-le-cœur. Il y avait d'autres détenus, dans les cellules avoisinantes. La plupart étaient silencieux, ou peut-être étaient-ils morts ? C'était probable, vu l'odeur. D'autres se plaignaient :

Crowns / 1. Sous la neigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant