4. Jack

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Point de vue de Jack

Je soupire, le regard dans le vague. Je ne vois que les poutres en chênes ou en érables, mais je suis confortablement installé sur une couverture qui me protège des petits inconvénients du foin. Au moins, nous sommes au sec, nous avons un lit plutôt confortable et quelques rations de nourriture.

Sauf qu'après trois à nous terrer dans le grenier d'une fermette, je suis à court d'alcool ; même ma réserve de secours a été bu il y a une quinzaine de minutes.

— Ca y est, je suis foutu, autant crever.

QUOI ?!

La lumière auparavant constante se met brusquement à vaciller ; ma lanterne panique. Ses yeux azur de feu sont sur le point de se mettre à pleurer, mais ici, elle risque de faire un incendie si je n'interviens pas au plus vite. Je ferme les yeux le temps de trouver un semblant de calme avant de m'adresser à elle. Malgré les siècles à traîner ensemble, je ne me fais toujours pas à sa personnalité dès plus lunatique.

— C'est une expression, je veux dire que je n'ai plus d'alcool.

Ah, oui, j'ai aussi remarqué et ça risque d'être problématique.

La lanterne se met à tournoyer paresseusement dans les airs ; elle réfléchit. Des fois, je me demande comment je fais pour ne pas être devenu maboule par sa faute ; elle est pire qu'une girouette !

Par contre, elle sait comme moi que nous devons trouver de l'alcool et au plus vite. Mon regard fixe la réserve de combustible de ma lanterne et mon cœur se serre ; elle ne doit pas se vider. Que l'un de nous manque d'alcool, c'est limite insupportable, mais si nous tombons les deux pannes, on est bon pour finir balayer comme des cendres mortuaires. Cependant, je suis responsable d'elle et je me dois de veiller à ce qu'elle ne manque de rien. Je lui ai promis, et c'est sans doute la seule promesse que je compte ne jamais renier.

Le bruit d'une allumette qui s'enflamme me sort brutalement de mes pensées. Quelqu'un a une idée. La lanterne lévite à mon niveau et elle s'exclame :

Je sais !

— Tu sais quoi ? 2+2 font 4 ?

Je me mets à rire seul à ma propre vanne.

Ah. Ah.

La lanterne souffle des flammèches dans ma direction et je ricane à cette réaction. Une lanterne susceptible, c'est plutôt mignon ; ses flammes se mettent à trembloter, les couleurs deviennent plus rouges que d'oranges et ma partie préférée est lorsque des petites tâches bleues et vertes au niveau de ce que je considère être sa bouche.

Les humains rougissent et les lanternes bleuissent, c'est adorable.

Écoute-moi Jack ! Je sais où trouver de l'alcool !

Je lève les mains en l'air dans un signe de paix non sans m'arrêter de sourire.

— Ouais, ouais ; où ça ?

Dans une boutique à la surface, suuuuper proche !

Je hausse un sourcil à sa description ; je ne crois pas qu'il soit sécuritaire pour nous de rejoindre le monde des Mortels. C'est le premier endroit où les traqueurs de Salem vont nous chercher, mais c'est aussi le seul endroit où nous pourrons trouver de l'alcool sans alerter d'autres chtoniens comme nous ; c'était justement là tout le piège de notre situation.

— Et tu veux qu'on s'y prenne comment ? Les lanternes ne parlent pas dans le monde d'En-Haut et tu es aussi discrète qu'une perdrix gavée en plein vol.

Ô ! Lanterne, c'est pas le temps de me lâcherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant