12. Jack

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Point de vue de Jack

La panique se répand chez les membres de notre communauté, mais rien n'est telle que la colère de ma lanterne. Elle bouille, elle veut brûler la sorcière, tout pour me protéger, sauf qu'elle ne bouge pas.

Parce que je suis resté calme, sans réagir. Et ça, ça perturbe Brasier et Calcifer qui empêche tout le monde de s'approcher d'Andreia. Il faut l'admettre, je la trouve ridicule. Non, mais qui pourrait la prendre au sérieux ? Elle a les yeux bandés et elle a cette posture défensive avec son bâton et sa magie, mais elle ne sait pas qu'elle menace du vide. Enfin, du vide, plutôt de l'air, à gauche de tout le monde.

Si je n'avais pas ce lien qui me permet de percevoir ses émotions, je m'aurais foutu de sa gueule, mais je ne peux pas. Ici, chez moi, il semblerait que son pouvoir ne m'affecte pas autant et ce que je vois me rappelle une bête acculée, paniquée et prête à tout pour survivre. Quelque chose l'effraie, quelque chose de très différent de ce qu'elle a éprouvé en voyant une des formes originelles de ma Lanterne. Cette fois-ci, je peux affirmer que je connais ce qu'il la traverse, car je l'ai déjà ressenti.

— Sorcière, je veux modifier le lien de marquage qui nous lie.

Elle fait volte-face au son de ma voix et elle me menace de son étrange bâton. Je louche momentanément dessus ; je n'ai jamais vu pareil objet. Il a été taillé dans le bois, mais le plus curieux demeure les couleurs choisies : noire, rouge et quelques finitions blanches incrustées des mêmes coquillages que sur ses bracelets de cheville et ceux à ses poignets. Son egeiro s'agite autour d'elle dans des rubans de même carnation, mais même son apparence vacille au contact de sa magie.

Ce n'est donc pas sa véritable apparence ?

— Andreia, baisse ton arme.

— Et pourquoi ?

— Parce que je ne peux pas te faire du mal, tu as oublié ou tu es déjà sénile à ton âge ?

Sa main tremble et les émotions refluent ; elle recule d'un pas puis baisse son bras. Elle effleure le bandeau, mais elle résiste à son envie de le retirer. Moi, je la regarde et j'essaie de voir au-delà de sa magie. Je me demande quelle est son apparence véritable, je dois être vraiment con pour ne m'intéresser qu'à ce détail, mais je ne peux m'empêcher. Il y a deux siècles, c'était cette apparence que j'ai vu, peut-être même celle que tout le monde a toujours vu, mais qui est-elle réellement ?

Malheureusement, mon petit doigt me dit qu'elle ne voudra rien dire, du moins pas ici, pas maintenant.

— Alors ? tenté-je une seconde fois, les mains dans les poches.

Tu fais quoi ? demande ma lanterne, totalement larguée.

— Je négocie avec la Sorcière, n'est-ce pas évident ?

Je lance un regard par-dessus mon épaule pour voir ma lanterne me regarder toujours aussi perdue ; au moins, elle ne pense plus à attaquer Andreia. Quant à cette dernière, elle me répond d'une voix rauque :

— Que me demandes-tu, Jack ?

— Je veux que tu modifies les clauses qui me relient à toi, tu peux le faire non ?

Elle acquiesce, mais elle semble perplexe par mes propos et ça me fait sourire d'amusement. Elle a raison de ne rien comprendre ; je ne veux pas qu'elle retire le lien, mais j'ai encore besoin d'elle.

— Retire la clause de non-violence et de contrôle, mais gardons le lien. Non, rectifié-je en réalisant un détail. mieux, je veux que tu accentues le lien qui me fait sentir tes émotions, il faut que nous puissions communiquer par la pensée.

Ô ! Lanterne, c'est pas le temps de me lâcherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant