Point de vue d'Andreia
Nous venons de quitter le Bas-Monde, je me sens bien mieux et je ne crois pas être la seule. Ban a pu enfiler un habit plus confortable, un pantalon mou et un t-shirt simple, ça lui donne un look d'adolescent, mais ce qui m'importe le plus est le fait qu'il ne regarde plus au sol.
Là-bas, dans ce pub comme le nomme Jack, il n'a aucun moment cherché à lever la tête. Il a gardé obstinément les yeux rivés au sol, il n'a pas voulu m'adresser la parole, mais à plusieurs moments il a trahi sa nervosité. Ses tremblements à chaque changement d'intonation de Jack, ses sursauts à chaque prémisse de violence, toutefois ce qui m'a mis la puce à l'oreille est son regard d'un gris clair qui a trouvé si naturellement Alice. Ce n'était pas quelqu'un d'aliéner ou d'assujetti, mais bien quelqu'un qui ne voulait pas que sa mère ne soit en danger.
Là, malgré que ses yeux soient bouffis et rougis par les larmes, ceux-ci brillaient de curiosité en avisant les lieux où nous nous trouvons. Je souris et je m'élance tranquillement dans mon QG que j'occupe depuis quelques mois suite à la recrudescence des disparitions de Feu Follets. S'élevant sur deux étages, localisé dans le point névralgique de la Cité de la Purge, mon QG était composé au rez-de-chaussée du salon, de la cuisine et d'une salle d'eau ; quant à l'étage supérieur se trouvait ma chambre à coucher avec la salle de bain et mon bureau dans un désordre digne d'un enfant qui a renversé son coffre à jouet au complet pour sortir le jouet du fond.
Je hèle Ban et je commence :
— Bon, ici c'est une résidence secondaire privée à moi, personne ne vient ici..
— Ah bon, on t'envoie en punition ici ? m'interrompt Jack.
L'image plaisante de botter le cul de cet imbécile me traverse, mais la réalité ne m'offre que l'autre énergumène se jetant sur mon canapé. Sauf que le karma a un sens de la mise en scène : Jack rebondit sur le sofa visiblement plus dur que moi-même je pensais et il se vautre au sol. Cette vue est si surprenante, si inattendue que je m'esclaffe. Je m'étouffe presque avec l'air tant je ris sans retrouver mon souffle, mais je suis incapable de faire autrement, c'est bien trop hilarant ! Même Ban suit, même s'il essaie d'être discret, de peur sans doute de vexer Jack.
Moi, je n'ai aucun problème avec la chose, encore moins en percevant ses grognements en se redressant.
— C'est ça, va s'y, marre-toi, marmonne mon sujet de rire du moment, offusqué.
C'est mal de le trouver mignon lorsqu'il est vexé ? Au moins, nous n'avons pas réveillé la Lanterne qui dort profondément sur le rocking-chair, heureusement que j'ai trouvé une couverture anti-feu.
— T'inquiète, j'y prends mon pied, le nargué-je entre deux rires.
Son visage exprime l'exact opposé d'amusement de la mienne et ça déclenche à nouveau mon hilarité. Il pousse un soupir et il se tourne vers Ban qui cesse de rire, on aurait dit un lapin qui a entendu le bruit d'une branche qui rompt :
— Elle se fout de ma gueule, mais elle pourrait en faire de même avec toi. Andreia a un problème avec la gente masculine.
Son commentaire met fin à toute envie de rire, même plus fort, ça me plombe le moral. Je plisse les yeux dans sa direction, comme si je pouvais lancer des lasers, mais je devrais me contenter de faire un regard-qui-tue. Ban lui semble ne pas comprendre la tournure de la situation et il demande timidement d'une voix douce :
— P-Pourquoi ? Elle vous a défendu contre Dame Alice, non ?
Là, la situation tourne, mais je ne suis pas certaine de savoir si c'est dans le bon sens ou pas. Je sens mon cœur s'accélérer, mais la raison m'échappe et je ne sais pas pourquoi la rougeur envahit mon visage. En effet, je n'aime pas spécialement la gente masculine, mais ce n'est pas le cas de tous ; sinon, je n'aurais jamais accepté la proposition de M. Inferno.
VOUS LISEZ
Ô ! Lanterne, c'est pas le temps de me lâcher
RomantizmRomance d'Halloween «ennemies to lovers», sombre, drôle et léger. Jack O'Lantern, celui qui a réussi l'exploit de fourvoyer pas une, pas deux, mais trois fois le Diable en personne. Un exploit connu depuis la nuit des temps qui l'a rendu célèbre mal...