Prologue

4.2K 155 20
                                    

OWEN

17 ans plus tôt.

- Mais qu'est-ce que tu vas faire plus tard ? hein ?!

Son cri me fait le même effet qu'une aiguille qu'on me planterait en plein cœur. Ma poitrine se serre face à son énervement, mais je ne réponds rien, le laissant me hurler dessus et me rabaisser; comme à chaque fois. Je suis trop faible pour riposter, trop faible pour me défendre et lui répondre.

- Regarde tout ce que j'ai réussi à construire aujourd'hui.

Ça arrive au moins une fois par semaine, et ça en devient fatiguant. Lassant.

- Je n'ai encore que quinze ans, j'arrive néanmoins à articuler en fuyant son regard.

Mon géniteur qui était en face de moi depuis dix bonnes minutes prend une profonde respiration avant de se passer la main dans les cheveux, comme pour s'empêcher de faire quelque chose.

Son regard rouge à cause du manque de sommeil et de l'alcool croise le mien apeuré, et je me demande comment cet homme en face de moi a pu changer aussi rapidement.

- Tu peux faire beaucoup de choses à quinze ans, me dit-il avec une voix presque calme.

Mais je sais qu'il ne veut que mon bien, après tout c'est pour ça qu'il me parle de sa réussite, pour espérer qu'un jour j'ai la même, voir plus. Évidemment sa méthode n'est peut-être pas la bonne, mais personne n'est parfait.

N'est-ce pas ?

- Oui je le sais, mais j'ai encore le temps pour ça.

- Le temps ? Pourquoi le perdre ! S'exclame-t-il en levant les bras au ciel.

Il penche la tête d'un côté puis de l'autre, faisant craquer les articulations de son cou.

Je n'aime pas l'homme qu'il est devenu.

Je déteste l'homme qu'il est devenu.

Avant que tout ça n'arrive : son succès, ses invitations à différents événements, ses nouvelles fréquentations; on était tellement bien.

Et puis il a commencé à voir les choses différemment, le succès, la réussite et l'argent lui sont très vite montés à la tête. Il affirmait que moi aussi je pouvais faire comme lui, que mon âge n'empêche rien et que j'ai juste à me donner les moyens, mais j'ai surtout l'impression qu'il souhaite plus, et que c'est en me forçant la main qu'il l'aura.

Évidemment que j'aurai adorer poursuivre la même carrière que lui, mais seulement s'il ne m'en avait pas dégouté d'une aussi forte façon.

Au début il sortait seulement avec quelques nouveaux 'amis star' comme il aimait si bien les appeler, et puis c'était un verre de temps en temps, et un jour, il a essayer la drogue. Je savais très bien que ce n'était pas son idée, et qu'il a simplement était emporté par la vague sur le moment, que ce sont ses 'amis' qui lui ont proposés d'essayer, mais est-ce que je peux vraiment continuer à le défendre ainsi quand il sait très bien ce qu'il fait ?

Comment vous dire qu'on ne sort pas de ce cercle vicieux, à moins de vraiment en avoir envie.

Mon père n'en avait pas envie, il n'avait même pas l'air d'en avoir envie.

Il affirmait qu'il était bien, que sa nouvelle vie lui allait.

Pourtant c'était tout le contraire qu'il projetait.

- Tu pourrais tellement avoir, chuchote-t-il en ouvrant grand les yeux.

Et malgré ses traits, qui sont si semblables aux miens, je n'arrive qu'à remarquer ses cernes sous ses yeux, alourdissant encore plus son âge, ses rides qui apparaissent aux coins de ses lèvres ou même le vide dans son regard.

- Je sais, répondis-je.

Parce que je n'ai rien d'autre à lui dire, parce que répondre quoique ce soit d'autre le mettrait encore plus en rogne. Et ce n'est pas ce que je veux.

Je veux juste qu'il me laisse tranquille.

Parce que malgré tout ce qu'il me fait subir, il reste mon père.

Des coups résonnent, et on tourne tous les deux la tête vers la porte. Il s'y traîne d'un pas lasse, et je me tourne vers le plan de travail, attendant patiemment que l'eau finisse de bouillir.

- Qui c'est ?

La voix pâteuse de mon père résonne un moment dans l'air mais aucune réponse ne vient. Il reste devant la porte plusieurs secondes puis se dirige à nouveau vers moi.

- Pourquoi tu n'ouvre pas ?

- Vas-y toi.

Je lui lance un regard confus avant de céder, ne voulant pas alourdir la tension déjà présente. Je pose ma main sur la poignée mais j'ai à peine le temps d'ouvrir la porte qu'une force de l'autre côté la projette violemment et la fait claquer contre le mur.

Je recule brusquement, surpris et effrayé. Plusieurs hommes entrent et je suis sûr le point de parler quand je vois l'enseigne sur leur tenue.

POLICE.

Deux des hommes se dirigent vers mon père d'un pas rapide et la suite des événements se passent beaucoup trop rapidement.

Mon père qui essaye de se débattre, eux qui le neutralisent comme ils peuvent. Sa main qui attrape la première chose qu'il trouve et la lance dans ma direction.

Je ne sais même pas s'il l'a fait exprès pour être honnête, s'il cherchait à me blesser une dernière fois, s'il voulait que j'ai une trace à vie de son impact ou si ce n'est qu'un malheureux réflexe de sa part dans un but que je ne comprend pas.

Mais c'est arrivé.

Un tourbillon de voix s'élève autour de moi et j'ai l'impression de ressentir la scène au ralenti, des policiers attrapent mon père et le mettent par terre, et il est trop tard pour moi pour comprendre, mon cerveau comme paralysé et parti.

Mais les sensations sont toujours là, et celle de l'eau bouillante qui atterrit sur mes mains, je la sens très bien.

Beaucoup trop bien même.

____________________

951 mots.

SALUT VOUS !!!!!

Hiiii trop heureuse de vous retrouver pour cette nouvelle histoire AAAAHHHHHH.

J'ai ADORÉE l'écrire alors j'espère que vous aimerez la lire <<33

Hâte de lire vos coms ~~

Mon insta : albatross.books

De tout mon cœur,

-albatross

The destiny of soulsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant