Chapitre 9

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OWEN

Août, Paris, France.

    J'ai toujours pensé que je prenais trop de place. Le sentiment d'être de trop était récurrent, et devenait suffocant. Au début, je pensais que c'était mon cerveau qui me faisait penser ça, mais finalement, avec le temps, j'ai compris que rien n'était de ma faute et ne le sera jamais.

Je ne me suis jamais senti en sécurité chez moi, l'endroit qui aurait dû m'apporter le plus de confort et de bien être était un véritable enfer pour moi. Je n'avais rien sur quoi m'accrocher, alors quand Yudin Company à commencer à exister, j'en ai fait toute ma vie.

Mon travail m'a toujours été ce que j'avais de plus cher. Ou, du moins, ce que je considérais comme étant la chose la plus importante dans ma vie.

Je me devais de réussir, c'était obligatoire, et pas uniquement parce que mon père me le répétait tout le temps, mais aussi parce que j'avais besoin de prouver que j'étais meilleur, de me le prouver. La réussite n'était plus une option, et quand ma société à commencé à prendre de l'ampleur et que je pouvais m'en sortir seul financièrement, le scandale sur l'affaire Jan Yudin est revenu sur toutes les bouches.

J'ai tout fait pour m'éloigner le plus possible de mon père, et il a fallu que son nom -notre nom, fasse la une de tous les magazines et me salisse au passage.

Mais j'ai réussi à m'en sortir, en me plongeant dans le travail; en me butant, nuits et jours, prouvant à tous ceux qui m'ont un jour associés à mon père qu'ils avaient tort; que je n'étais pas comme lui.

Que j'étais meilleur.

Mais le problème c'est que je m'y suis noyé, et qu'il n'y a aucun moyen pour moi de remonter à la surface. Parce que chaque employé, chaque décision et chaque changement sont le résultat de mes recherches, de mon travail.

Et il est hors de question que je fasse comme mon père au moment où le scandale à frappé. Je dois être là pour mon équipe, ils comptent sur moi.

Je ne peux pas douter.

Je ne dois faire aucun faux pas.

Ne rien laisser passer.

Je n'ai jamais eu le contrôle sur rien quand j'étais plus petit, et aujourd'hui c'est tout l'inverse; rien ne se passe sans un ordre de ma part.

Un coup à la porte me fait sortir de ma rêverie. Victoria entre, un sourire aux lèvres.

- M. Yudin, avez-vous décidé pour la nouvelle assistante ?

Mon regard se perd quelques instants sur mon bureau que j'ai pris le temps de nettoyer il y a quelques jours. Hier, j'ai prévenu Ruby qu'elle sera la nouvelle assistante, mais le souci c'est que je ne l'ai pas fait en fonction de ses compétences; j'ai laissé mon humeur prendre le dessus sur la raison. Je ne sais pas ce qui m'a pris, je ne fais jamais ça d'habitude. Chacune de mes actions sont mûrement réfléchies, il est hors de question que je me trompe.

Mais la revoir et savoir qu'elle n'avait aucunes idées qu'elle se présentait comme ma futur assistante m'a bien fait rire en sachant son caractère et sa façon de me parler qu'elle a eu à New-York.

Alors je n'ai pas réfléchi et je l'ai embauché.

Et je crois que c'est bien la première fois depuis que Yudin Company existe que je prends une décision sur un coup de tête.

Mais je me rassure en me disant que ce n'est pas une grosse décision, que finalement, elle me concerne directement, et que ça sera peut-être amusant.

Ça apportera certainement un peu plus de vie dans mon quotidien.

- Oui, Ruby Diaz.

Elle hoche la tête avant de ressortir, sûrement pour préparer tout ce qu'il faut. Je suis sur le point de continuer les croquis quand mon téléphone sonne. Je n'y prête pas attention et veux me concentrer sur mon travail mais les vibrations me perturbent; alors je décroche.

The destiny of soulsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant