Chapitre 5

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RUBY

Août, New York, États-Unis.

Si chaque lieu offre une sensation unique à chaque personne, je comparerais clairement l'aéroport à celle de la liberté.

C'est cliché, totalement, mais putain qu'est-ce que c'est vrai.

Et le ciel duquel on peut voir différents avions atterrir ou décoller n'est même pas en rapport avec ça. Mais c'est plus un sentiment d'éloignement, de me dire que je peux quitter, pendant le temps que je veux, une ville; un pays.

C'est vraiment la meilleure invention possible.

J'ai réussi à arriver à l'heure pour mon vol, merci à mon taxi qui a très vite compris la situation et qui n'a pas hésité à aller un peu plus vite que les limitations de vitesse.

Je tire mon tee-shirt qui me colle à la poitrine et essuie mes mains sur mon jean. J'ai le malheur d'avoir constamment les mains moites, je déteste ça; encore plus en été.

J'évite de serrer des mains et même Thomas refusait de me tenir la main parce qu'il disait que ça le dégoûtait. Il m'a tellement répété que c'était bizarre et que je devrais aller voir un médecin que ça a aussi fini par me dégouter moi-aussi.

Et puis je ne pouvais pas me permettre d'aller voir un médecin, j'ai à peine réussi à me payer ce voyage et c'est clairement le premier depuis six ans et sûrement le dernier avant très longtemps.

Ma ventoline se périme aussi bientôt mais je ne peux même pas prendre rendez-vous pour un renouvellement d'ordonnance. Ma mutuelle était assurée par l'ancienne boîte dans laquelle je travaillais et me permettait de ne jamais être en retard sur mon traitement.

Le problème est que maintenant que je suis partie - ou plutôt maintenant qu'ils m'ont renvoyée à cause de mon choix sur un coup de tête - cette mutuelle m'a totalement été retirée et je ne peux rien faire avant de trouver un nouvel emploi.

Je hais cet effet que me donne mon asthme à être si impuissante sur mon propre corps.

 ♡♡♡

Au moment où j'entre dans l'avion, mon père m'appelle.

Heureuse d'avoir encore un peu de réseau, je décroche immédiatement, cherchant ma place en même temps.

- Tu es dans l'avion ? me demande-t-il.

Quand ma mère a rencontré mon père pendant un voyage en France alors qu'elle venait d'Espagne, elle est tout de suite tombée sous le charme. Elle ne savait pas combien de temps elle restait mais ils ont malgré tout gardé contact. Après plusieurs mois sans se voir quand elle est rentrée en Espagne, elle lui a fait une visite surprise en France et ils ne se sont plus jamais quittés après ça. J'aime à penser que leur histoire me prouve que le vrai amour existe belle et bien.

Je trouve rapidement mon siège mais impossible de m'installer, quelqu'un est déjà dedans.

Je me baisse pour arriver à hauteur de la femme.

- Bonjour madame, hum, je crois que vous êtes assise à la mauvaise place.

Elle lève les yeux vers moi avant de froncer les sourcils et de sortir son billet.

- Ah bon ? S'étonne-t-elle. Non, regardez, c'est bien celui-là.

Elle me tend le bout de papier et c'est à moi de froncer les sourcils en découvrant qu'elle est bien à la bonne place. Je vérifie à nouveau mon billet mais ça ne sert à rien, parce que je l'ai déjà vérifié des centaines de fois pour être sûre; nous avons la même place.

The destiny of soulsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant