Chapitre 49

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OWEN

Décembre, San Sebastian, Espagne.

Je n'ai jamais connu le sentiment de protection que beaucoup peuvent ressentir chez eux. J'avais peur de rentrer chez moi après l'école ou une sortie, parce que je ne savais jamais ce qu'y pouvait m'attendre de l'autre côté de la porte. Mais ce n'était pas une peur comme les autres, pas celle qui vous serre le coeur et vous tords l'estomac dans l'appréhension de quelque chose, mais plus une peur prédit, parce qu'il n'y avait pas milles possibilités mais je sais que chacunes d'entres elles finissaient de la même manière.

La maison était souvent vide, et je me demandais pourquoi est-ce que après la mort de maman, il a décidé de retirer tout ce qui rendait encore cet endroit vivable.

Plus de cadres photos sur les murs ou de plantes vertes partout, c'est comme s'il avait décidé de retirer tout ce qui nous reliait à elle après sa mort, comme s'il ne voulait plus rien voir qui pouvait lui faire penser à elle. En faisant ça, il a aussi détruit la famille qui lui restait, Maria et moi avons vite compris que plus rien ne serait comme avant. L'idée de se reconstruire comme une famille encore plus unie m'était passé par la tête mais a vite été supprimée quand j'ai vu le regard de mon père quand il était rentré de l'hôpital.

Elle est morte, m'avait-t-il dit froidement. Un connard a pris le volant en buvant et elle s'est retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment.

Il m'a plus tard annoncé qu'elle était en route pour rentrer à la maison ce jour-là et qu'en traversant le passage piéton, le conducteur à grillé le feu rouge et lui a foncé dessus.

C'est le genre d'accidents auxquels on ne pense pas forcément mais qui arrivent quand même à détruire une âme. Le conducteur est en prison depuis pour homicide involontaire et conduite en état d'ébriété, mais même savoir qu'il a eu ce qu'il méritait n'était pas suffisant pour le petit garçon que j'étais et qui venait de perdre sa mère.

Après ça, mon père à radicalement changé de comportement, il s'est mis à boire beaucoup plus et a enchaîné les conneries, sa place de PDG devenait de plus en plus fragile et le drame a éclaté quelques mois plus tard.

Je ne le pardonnerais jamais pour tout ce qu'il m'a fait endurer, il était censé être mon abri, un bouclier contre les tempêtes de ma vie. Mais à la place, il a créé des blessures plus douloureuses que n'importe quel acte. J'étais comme un étranger dans ma propre maison et j'ai dû apprendre la réalité par moi-même.

Alors il est vrai que entrer dans une maison maintenant et voir autant de décorations et sentir autant de... bonne énergie, c'est très étranger pour moi.

À peine la porte passée que j'entends des rires résonner au loin. L'entrée donne sur un long couloir avec plusieurs portes contre les murs. Les couleurs sont vives, et plusieurs cadres photos décorent les murs en même temps que certains objets non identifiables.

Je retire mes chaussures et me rapproche d'un cadre, le plus grand de tous. Je reconnais facilement une photo de famille et mon regard cherche inconsciemment Ruby.

– Je suis là, elle me chuchote en venant près de moi et me pointant du doigt un enfant assis sur les jambes d'une femme. Elle a été prise quand j'avais cinq ans.

Une odeur de jasmin atteint mes narines et je tourne la tête pour découvrir plusieurs bougies alignées sur la table. Mon regard suit le mur où sont accrochés plusieurs dessins d'enfants, chacuns d'entre eux signé avec leur prénom.

– Je sais que ça doit te sembler petit comparer sûrement à ta grande maison, elle me dit tout d'un coup en ayant l'air gêné.

Ma tête tourne vers elle et je la regarde perdue.

The destiny of soulsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant