11 - Une petite chose fragile qu'on veut protéger

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Les larmes commencent à couler sur mon visage dès que je quitte le casino et que je me retrouve seule dans la rue sombre. La tension accumulée tout au long de cette journée chaotique me submerge soudainement. J'ai essayé de rester forte, de prendre des décisions rationnelles, mais là, dans l'obscurité, je n'arrive plus à retenir mes émotions.

Mes sanglots résonnent dans la nuit silencieuse alors que je marche à pas lents vers chez moi. Chaque pas me rapproche de ma petite bulle de sécurité, de mon appartement où je pourrais enfin me laisser aller. J'ai besoin de me débarrasser de cette anxiété, de cette pression qui pèse sur mes épaules.

Enfin chez moi, je me précipite dans la salle de bain sans même allumer les lumières. La chaleur de la douche m'envahit, apaisant mes muscles tendus et effaçant les traces de mes larmes. Je laisse l'eau ruisseler sur moi, comme si elle pouvait emporter toutes les préoccupations de cette journée. La vapeur épaisse m'enveloppe, créant un écran protecteur entre moi et le monde extérieur.

Après avoir enfilé un pyjama doux et propre, je m'effondre sur mon lit. Mes pensées sont encore en ébullition, mais je suis épuisée, tant physiquement qu'émotionnellement. La journée a été compliquée, chargée de révélations inattendues et de dilemmes déchirants. Tout ce que je veux maintenant, c'est me laisser glisser dans un sommeil réparateur, sans cauchemars ni soucis.

La nuit s'étire, et malgré ma fatigue, je suis incapable de trouver le sommeil. L'anxiété me ronge, et le besoin de savoir ce qui se passe sur les réseaux sociaux est trop fort pour être ignoré. À contrecœur, je sors mon téléphone de sous l'oreiller et le déverrouille, laissant la lumière du petit écran éclairer le noir de ma chambre.

La première chose qui me frappe, ce sont les notifications en cascade. Les réseaux sociaux semblent être en ébullition, et je crains le pire. En ouvrant l'application, mes craintes se confirment. Les deux photos de moi, l'une avec Pierre et l'autre avec Steven, circulent sur de nombreux profils. Les commentaires pleuvent, et certains sont particulièrement cruels.

Pire encore, Steven a répondu à l'un de ses abonnés qui lui demandait qui était cette jeune femme sur la photo. Sa réponse m'indigne au plus haut point :

@stevengt : Ma nouvelle 700 chevaux.

Comparer une personne à une voiture, comme si j'étais un simple objet, me révolte. Les commentaires qui suivent ne font qu'ajouter à mon malaise, certains glorifiant cette réponse comme si elle était drôle.

La colère monte en moi, et je me sens envahie par une indignation profonde. Comment Steven ose-t-il me réduire ainsi ? Je ne suis pas une voiture, je suis une personne, avec des émotions, des rêves, et une quête qui me tient à cœur. Pourtant, il semble déterminé à me traiter comme un simple accessoire.

Curieuse, malgré moi, je décide de jeter un coup d'œil au profil de Pierre sur les réseaux sociaux. Il a une énorme présence en ligne, avec trente cinq millions d'abonnés. Un nombre impressionnant, mais qui n'a jamais retenu mon attention auparavant. Aujourd'hui, cependant, je ne peux m'empêcher de me demander ce que pensent ses nombreux fans de la situation actuelle.

Je clique sur sa publication la plus récente, datant du Grand Prix de Monaco. La photo montre Pierre debout à côté de sa voiture de course, arborant son sourire confiant de pilote. Cependant, les commentaires sous cette photo ne parlent plus que de moi.

@emilieplaso : J'ai hâte qu'il annonce qu'il est en couple avec la fille blonde !

@lucypez : Ça doit être sa petite amie secrète !

@anthom : Vous avez vu la dernière publication de Steven GT ? Pierre, t'as un rival !

Les spéculations vont bon train, et les fans de Pierre semblent captivés par l'intrigue soudaine de ma présence dans sa vie. Je peux sentir la pression monter en moi. Ma discrétion est mise à rude épreuve, et je réalise à quel point il est difficile de conserver son anonymat lorsque l'on se trouve aux côtés de quelqu'un d'aussi célèbre que Pierre.

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