Après le départ des pilotes, vers une heure du matin, l'ambiance au casino change radicalement. L'endroit devient une véritable fournaise de bruit et d'excès. La musique assourdissante, les cris de joie et les rires désinhibés envahissent la salle. Pour la plupart des clients, c'est le début d'une nuit de débauche.
Pour moi, c'est le début des ennuis. Les gens sont tellement saouls qu'ils ne tiennent à peine debout. Je dois refuser les boissons à ceux qui sont en état d'ébriété avancée, ce qui ne manque jamais de déclencher des insultes et des menaces. Certains essaient de négocier, d'autres deviennent agressifs. La patience est une denrée rare à cette heure-ci, et je dois faire preuve d'une fermeté sans faille pour maintenir un minimum d'ordre derrière le bar.
La télévision continue de rediffuser les images des essais libres des pilotes de F1, mais à présent, elles se noient dans le tumulte du casino. Mon visage souriant et poli s'est transformé en un masque d'indifférence, car je n'ai plus le temps ni l'énergie pour endurer les caprices et les impolitesses des clients.
Aux alentours de cinq heures du matin, alors que le casino commence à se vider de ses clients enivrés et que nous avons nettoyé les tables, les verres, et le bar, je me dirige vers la sortie. Victor me suit de près, ses pas résonnant derrière moi. À un moment donné, il me rattrape et m'interpelle, m'obligeant à me retourner :
- Max, je te raccompagne ?, me propose-t-il.
C'est un geste gentil de sa part, mais je refuse catégoriquement.
- Non, Victor, je vais bien. Je préfère marcher un peu pour me vider la tête, lui dis-je, avec un léger sourire.
Il hoche la tête, comprenant que parfois, j'ai besoin de moments de solitude pour me ressourcer. Sans insister, il me souhaite une bonne nuit et s'éloigne vers sa propre destination.
Je sors du casino, sentant l'air frais de l'aube caresser mon visage. La ville de Monaco est calme à cette heure-ci, les rues désertes et paisibles.
Alors que je déambule dans ces ruelles, les bruits de l'aube me parviennent doucement. Cependant, ma tranquillité est brusquement interrompue par le rugissement assourdissant du moteur d'une grosse Ferrari qui passe à toute vitesse à côté de moi. Mon cœur s'emballe instantanément, et des larmes me montent aux yeux. Je m'effondre presque, cherchant désespérément un banc où m'asseoir.
Trouvant enfin un refuge sur un banc solitaire, je m'y installe précipitamment, retirant mes talons hauts qui m'ont martyrisé les pieds toute la nuit. Mes mains tremblent légèrement, et je sens la panique monter en moi. Cette voiture de luxe, ce rugissement du moteur, tout cela réveille en moi une peur profonde, une terreur que je ne parviens pas à qualifier.
Je respire profondément, tentant de calmer les battements effrénés de mon cœur. Ce n'est pas la première fois que cela m'arrive, mais chaque fois, c'est aussi terrifiant que la précédente. Je sens encore les frissons provoqués par cette Ferrari.
Les larmes sont apaisées, mais l'anxiété demeure. Demain, c'est le début des qualifications pour le Grand Prix, et je sais que la ville sera envahie par le bruit assourdissant des moteurs de course. Chaque année, à cette période, je me sens prise au piège, submergée par une angoisse indomptable.
Je me demande comment je vais gérer cette situation, comment je vais réussir à rester calme et à faire mon travail au milieu de ce tumulte. Les qualifications, les essais, la course elle-même, chaque moment est une épreuve pour moi. Mon aversion pour les voitures de course, les rugissements des moteurs et les bruits de pneus crissant sur l'asphalte est un fardeau que je traîne depuis longtemps.
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Tous nos dérapages
RomanceDans les lumières éclatantes et les ruelles sinueuses de Monaco, Maxine, une jeune barmaid de vingt-cinq ans au caractère bien trempé, mène une vie qu'elle déteste. Le Casino de Monaco est son lieu de travail, mais pour elle, c'est un endroit où les...