25 - Ce train n'arrivera jamais

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Cependant, à peine avons-nous mis le pied dehors que les paparazzis nous assaillent. Les flashs crépitent et m'aveuglent. Tendue, je ne sais pas comment réagir face à ces intrus qui hurlent des questions :

- Pierre, qui est cette jeune femme ? Votre petite-amie ?

Pierre serre ma main fermement, un avertissement silencieux pour me signifier qu'il ne me laissera pas, qu'il me protège. D'une voix calme, il réplique :

- Ce n'est ni le moment ni l'endroit. Je ne ferai aucun commentaire.

Toutefois, les paparazzis insistent, déterminés à obtenir des réponses. La situation devient de plus en plus inconfortable, et je sens la tension monter.

Les exclamations assourdissantes des paparazzis m'envahissent d'angoisse, comme un tumulte de voix qui m'oppresse. Les flashs des appareils photo créent un éclairage aveuglant et noient ma vision dans une mer de lumière blanche. L'ensemble de la scène me laisse paralysée, incapable de bouger ou de réagir, comme si j'étais prise au piège dans un cauchemar éveillé. Chaque cri, chaque question, chaque flash renforce le sentiment d'être exposée, scrutée, épiée, ce qui ajoute à mon inconfort.

Ce n'était certainement pas ainsi que j'imaginais la fin de cette merveilleuse soirée. Mon état équivaut davantage à une statue de pierre qu'à un être humain, et j'ai la sensation que Pierre le remarque. Il me chuchote :

- Tu es prête à courir ?

Cette question me prend au dépourvu. La panique s'empare de moi. Je n'ai pas couru depuis bien trop longtemps, et je ne suis même pas certaine de pouvoir mettre un pied devant l'autre sans m'effondrer. Pourtant, je hoche la tête, accordant une confiance aveugle à Pierre. La seconde d'après, il me tire à travers la foule, nous ouvrant un chemin pour que nous puissions fuir au plus vite.

Nous courons à travers la foule, fendant la marée humaine telle une tornade. Les paparazzis sont tenaces, harcelants, ne nous laissant aucun répit. C'est comme si nous avions des chiens enragés à nos trousses, à la recherche d'un cliché sensationnel. La panique s'empare de moi alors que je tente de suivre le rythme effréné de Pierre. Mes jambes sont lourdes et mon souffle court. Pierre, en revanche, semble inépuisable, mais après tout, c'est un athlète de haut niveau. C'est presque... normal, pour lui, de courir aussi vite. Mais moi, je n'en peux plus. Je suis à deux doigts de m'arrêter pour reprendre ma respiration. De toute évidence, je n'ai pas l'endurance d'Usain Bolt. Qui l'aurait crû ?

Soudain, un juron s'échappe de ses lèvres. Il me tient toujours fermement par la main, mais je ne peux m'empêcher de haleter. Mon cœur bat la chamade, mes muscles crient leur douleur et, le pire de tout, mes jambes me font horriblement mal. La même douleur que j'ai ressentie après l'accident. Une douleur indescriptible.  

Pierre, d'une main libre, sort son téléphone de sa poche et jette un coup d'œil rapide à l'écran avant de le porter à son oreille.

- Ouais, Charles, on a besoin d'aide... Ouais... Tu nous ouvres la porte quand on arrive ? Ok, ça roule. On fait comme ça. On est là d'ici trois minutes max.

De cette brève conversation, je comprends que Pierre a un plan. Il compte me mettre en sécurité dans l'appartement de Charles, un endroit où j'étais déjà allée quelques semaines auparavant. Une bouffée de soulagement m'envahit. Peut-être que je pourrais enfin échapper à cette marée de paparazzis et me reposer les jambes qui me supplient de mettre un terme à cette course effrénée.

La douleur devient insupportable, et je commence à ralentir. Mes muscles me brûlent, et chaque pas est un supplice. D'une voix entrecoupée, je murmure à Pierre :

Tous nos dérapagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant