30 - C'est trop dur de vivre lorsque nous sommes esseulés des êtres aimés

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C'est l'un de ces fameux soirs au casino où le désir de tout envoyer valser prend une dimension particulière. Les clients se comportent de manière capricieuse, déployant un manque flagrant de respect. Un client particulièrement exigeant me harcèle au sujet des glaçons, jugeant leur présence excessive dans sa boisson. J'essaie, comme à l'accoutumée, de maintenir une façade souriante malgré le traitement dégradant qui m'est infligé. 

C'est une soirée typique dans le déroulement de mon travail, et heureusement, Victor est là pour me soutenir, agissant comme un rempart contre la perte de sang-froid imminente. Sans lui, j'aurais probablement sauté à la gorge de ce sale type pour lui régler ses comptes.

- Eh bien, vous appelez ça un service ? Ces glaçons sont bien trop nombreux, et ma boisson est maintenant gâchée, rouspète le client d'un ton qui me donne envie de l'étriper.

- Je suis désolée pour cela, Monsieur. Je vais remédier à la situation immédiatement, réponds-je en tentant d'apaiser la situation.

Je m'apprête à rectifier le problème, mais le client persiste, agitant sa boisson comme si sa vie en dépendait. C'est dans ces instants que la dégradation inhérente à ce travail prend tout son sens. Je me sens misérable. Je ne suis même pas assez bien payée pour supporter des types dans son genre à longueur de soirée.

- Vous devriez être plus attentive ! Vous ne méritez même pas de travailler ici, dit-il avec un sourire en coin.

Prête à répliquer, ma réponse est cependant devancée par l'intervention de Victor, calme et déterminé. Heureusement qu'il est là, parce que j'étais à deux doigts de lui dire d'aller voir ailleurs s'il pense trouver un meilleur service. Personne ne le retient ici, et sûrement pas moi.

- Excusez-moi, Monsieur, je vais m'occuper de cette situation. Maxine a beaucoup de clients à servir, mais je suis là pour m'assurer que tout se déroule bien. Puis-je vous offrir quelque chose pour compenser ce désagrément ?

Victor prend la relève avec une élégance qui ne cesse de me surprendre. Il gère la situation avec finesse, ce qui me permet de me retirer, soulagée de ne plus subir l'hostilité du client. Un soupir de soulagement s'échappe de mes lèvres alors que je prends une profonde inspiration pour tenter de me détendre avant de revenir auprès des autres clients.

D'un simple regard, je transmets à Victor toute ma gratitude pour s'être sacrifié pour mon bien-être. Sans son intervention, ma réaction aurait probablement entraîné des conséquences dramatiques pour mon emploi.

Alors que je reprends mes esprits après deux jours de repos bien mérités, je constate que le défi se poursuit. La quantité de clients exigeants est tout simplement ahurissante. Ils se prennent vraiment pour des rois ayant tous les droits. Certes, il y a effectivement quelques princes parmi eux, mais leur nombre est négligeable comparé à la marée de riches individus méprisants, qui me traitent comme si j'étais leur servante personnelle. Une vague de frustration me submerge. 

Je ne suis pas une esclave, bon sang !

Les gestes impatients, les ordres dédaigneux, tout cela me renvoie à la dure réalité de ma position. Je respire profondément, cherchant à garder mon calme face à ces provocations incessantes. La tentation de répliquer à ces provocateurs arrogants est grande, mais je me rappelle que sans ce travail, je n'aurais aucun moyen de payer mon loyer. Et pour l'instant, je dois rester à Monaco, sans quoi il me sera compliqué pour poursuivre mon enquête. Alors je m'efforce de maintenir un semblant de dignité dans cette arène du pouvoir et des privilèges.

Le flot incessant des clients déchaînés se déplace vers les tables de poker et de blackjack, laissant derrière lui un instant de répit autour du bar. Les lumières clignotantes et les murmures de la foule créent une atmosphère électrique, mais pour moi, c'est une pause bienvenue. Je m'approche de Victor qui souffle légèrement, semblant ressentir la même tension que moi. Mon cœur, lourd de frustrations accumulées, trouve un écho dans le regard compréhensif de Victor, à qui je décoche un sourire empreint de reconnaissance :

Tous nos dérapagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant