31 - Vous me manquez, mais j'essaie d'aller mieux

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La veille de mes congés, le doux parfum du mois d'août flotte dans l'air, mêlé à la tension palpable qui plane dans le casino. Les dernières semaines ont été une succession d'épreuves, tant sur le plan moral que physique. Les visages fatigués des clients, les querelles inutiles autour des tables de jeux, et les regards méprisants ont contribué à créer un climat oppressant qui pèse sur mes épaules et qui me donne une furieuse envie de claquer la porte et de ne plus jamais mettre les pieds ici.

Cependant, au milieu de cette obscurité, une lueur d'espoir persiste, irradiant de la perspective imminente de retrouver Pierre et de passer mes congés en sa compagnie. Ses messages réconfortants ont été comme des lucioles dans la nuit. Il a été le guide de mes pensées vers des moments de détente et de bonheur.

J'ai vraiment hâte de le retrouver.

Ce soir-là, je me tiens derrière le bar, observant la pendule qui compte les minutes restantes avant mon repos bien mérité. Chaque seconde semble une éternité, me faisant ressentir davantage la pesanteur de l'épuisement qui m'envahit. Je ne peux m'empêcher de comparer mon état d'esprit à celui des autres employés, apparemment plus détendus. Comment font-ils pour paraître si relaxés, alors que je suis sur le point de sombrer dans un burnout à cause de ce travail de plus en plus étouffant ?

La tension dans l'air est presque palpable, je retiens ma respiration, incapable d'inspirer normalement. Je regarde le monde tourner autour de moi, sans avoir l'impression d'en faire partie. Je suis juste là, derrière le bar, à me demander si tous ces gens peuvent percevoir mon mal-être.

Chaque note de musique provenant des machines à sous résonnent dans mes oreilles comme une mélodie sinistre qui me rappelle inévitablement à quel point je suis déconnectée de ce monde. Les rires feints et les sourires forcés des clients ajoutent une couche supplémentaire à mon état de fatigue. Je n'arrive plus à faire semblant. C'est au-dessus de mes forces. J'ai beau me dire que je n'ai pas le choix, que ce n'est pas si difficile de feindre un sourire, mais aujourd'hui, je n'en suis plus capable. J'ai besoin d'air.

De lumière.

De quelqu'un.

De mes parents.

Et tout cela me semble hors de portée.

Dans ma déconcentration qui fait pâlir Bertrand au coin de la pièce, je rêve déjà de la liberté imminente que me promettent ces congés. Une vrai bouffée d'air frais dans la tristesse de ma vie.

Toujours plongée dans mes pensées, je remarque que Victor, mon fidèle compagnon derrière le bar, se penche vers moi avec un sourire malicieux.

- Alors, qu'est-ce que tu as prévu de faire avec Pierre pendant tes congés ?

La question de Victor me ramène brutalement à la réalité, un rappel de l'événement que j'ai évité soigneusement d'aborder avec Pierre. L'angoisse s'insinue dans mes pensées, et je réalise que je n'ai rien prévu, que je n'ai même pas idée de quand Pierre revient à Monaco. Mon visage trahit ma confusion lorsque je réponds :

- Honnêtement, je n'en sais rien, Victor. Je sais simplement que j'ai besoin de m'aérer l'esprit, de m'évader, d'arrêter de réfléchir, pour une fois.

Victor, surpris, rétorque :

- Mais... Tu n'as rien prévu avec Pierre ?

Je secoue la tête, une petite moue sur le visage.

- Non... Je t'avoue qu'il a été tellement occupé avec les dernières courses avant la trêve estivale que je n'ai pas eu l'occasion de lui en reparler...

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