22 - Les gens que nous aimons ont une fâcheuse tendance à partir en premier

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Le réveil brutal me jette hors de mon sommeil, et je sursaute dans mon lit. La sueur perle sur mon front, et mon cœur tambourine dans ma poitrine comme s'il voulait s'échapper. Les affreuses douleurs dans mes jambes, comme si elles étaient à nouveau broyées par les tonneaux de la voiture, me lancent violemment. La sensation est si réaliste que je dois me pincer pour m'assurer que je suis bien éveillée.

Mes larmes embuent mes yeux, et la gorge sèche, je tente de calmer ma respiration erratique. J'ai revécu, pour la énième fois, l'accident qui a coûté la vie de mes parents. Ces cauchemars sont devenus une partie indésirable, mais constante, de ma vie depuis cette tragédie. À une époque, peu de temps après l'accident, je les faisais toutes les nuits. À l'époque, je préférais ne pas dormir du tout plutôt que de revivre encore et encore ce moment traumatisant. J'étais épuisée, mais au moins, je n'étais pas hantée par ces souvenirs terribles.

Le souffle court, je finis par réaliser que je suis dans mon appartement, en sécurité. La chambre à coucher est baignée par la douce lumière du jour qui filtre à travers les rideaux, créant une atmosphère apaisante. La pression douloureuse dans mes jambes commence lentement à s'estomper, et je commence à reprendre conscience de la réalité qui m'entoure.

Mes mains tremblantes essuient les dernières larmes qui perlent sur mes joues. Il me faut encore un moment pour me remettre de ce cauchemar récurrent, pour réaliser que mes parents ne sont plus, et qu'il n'y a plus rien à faire pour eux. Je soupire profondément, assise en tailleur sur mon lit, mes genoux repliés contre ma poitrine.

C'est un équilibre délicat que je dois maintenir tous les jours, entre le passé douloureux que je préférerais oublier et le présent que j'essaie de construire. Ces cauchemars sont des rappels constants de ce qui s'est passé, des ombres qui continuent de hanter mes nuits. Pourtant, je dois continuer à avancer, à essayer de surmonter ces souvenirs traumatiques.

Alors, lentement, je reprends le contrôle de ma respiration, m'efforçant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. Le soleil réchauffe doucement la pièce, apportant avec lui un peu de réconfort.

Soudain, un éclair de conscience me traverse comme un coup de tonnerre. Mon rendez-vous avec Pierre est prévu cet après-midi, et je suis déjà en retard. La boule d'angoisse qui se forme dans mon ventre se propage rapidement, faisant resurgir en moi cette sensation familière de panique.

Je récupère mon téléphone qui est posé sur la table de chevet, mes doigts tremblant légèrement. L'écran s'illumine, révélant quelques notifications. Parmi elles, un message de Pierre attire immédiatement mon attention. Ma gorge se noue encore davantage alors que je lis le message :

PIERRE

Bien dormi ? Je viens de rentrer d'une séance de sport avec Charles. Je dois encore me préparer. Ça te va si je viens te chercher d'ici une heure ? 😊

Mon rythme cardiaque s'accélère. Une heure ? Je n'ai même pas encore commencé à me préparer. Les minutes semblent s'écouler à une vitesse vertigineuse, et je suis prise dans un tourbillon de pensées chaotiques. Mon cœur bat dans ma poitrine comme un tambour de guerre, et mon souffle devient court.

Je devrais immédiatement me lever et me mettre en action, mais la peur, la nervosité et l'incertitude me clouent sur place. L'ombre de mes cauchemars, les souvenirs douloureux, et l'idée de ce rendez-vous avec Pierre, tout cela converge en un mélange de sentiments chaotiques qui menace de m'engloutir.

Finalement, je secoue la tête comme pour me sortir de cette paralysie. Je n'ai pas le luxe de céder à la panique maintenant. Je jette un regard déterminé à mon reflet dans le miroir, me rappelant les paroles de Victor. Je dois rester calme, me concentrer sur le moment présent, et ne pas laisser mon anxiété m'emporter.

Tous nos dérapagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant