Tous nos dérapages

29 - L'idée d'abandonner ne m'effleure même pas l'esprit

Mon jour de repos tant attendu est enfin arrivé, mais au lieu de profiter d'un moment de détente, mon esprit est entièrement captivé par cette adresse. Ces deux derniers jours, je n'ai fait que penser à elle, incapable de trouver le sommeil, incapable de manger, incapable de m'occuper de moi-même, car chaque pensée, chaque geste me ramenait à cette information. Aujourd'hui, vêtue d'une tenue simple qui dissimule légèrement mon visage, je me lance dans les rues de Monaco, mon téléphone en main, me guidant à travers les petites ruelles peu fréquentées et d'autres plus animées.

Chaque coin de rue, chaque détail de l'environnement, évoque des souvenirs et des questionnements. La nervosité et l'appréhension s'entremêlent en moi alors que je m'approche de l'adresse en question. Les rues de Monaco, habituellement bruyantes et remplies d'une atmosphère frivole, semblent plus silencieuses aujourd'hui, comme si même la ville était en attente de ce que je pourrais découvrir.

En marchant vers cette adresse, mes pensées dérivent inévitablement vers Pierre. Il n'a pas caché son inquiétude, son désaccord face à ma décision de visiter cet endroit seule et sans protection. Mais ce qu'il ignore, c'est que la solitude a toujours fait partie de ma vie depuis la mort de mes parents. Depuis ce tragique événement, je n'ai cessé de naviguer seule à travers les épreuves, à travers mon existence, préférant parfois la solitude aux relations qui pouvaient se révéler nocives.

Alors que je m'enfonce dans les ruelles de Monaco, je me rends compte que, malgré la présence de Pierre dans ma vie, l'habitude de l'isolement persiste. Ce qui change aujourd'hui, ce sont les circonstances. L'idée de me retrouver face à celui qui pourrait être le meurtrier de mes parents ne m'avait pas effleuré l'esprit. Si cet individu s'avère dangereux, aurai-je la capacité de me défendre ? C'est une question à laquelle je ne peux répondre avec certitude.

Mais au fond de moi, je reste convaincue que mourir en connaissant la vérité n'a pas de prix. Alors, si je dois mourir aujourd'hui, qu'il en soit ainsi.

Je traverse des places, longe des jardins, et finalement, après un trajet chargé d'émotions, je me retrouve devant une imposante maison à la façade légèrement rosée. La demeure émane une aura sobre, une simplicité qui ne laisse rien présager de son histoire. Rien, dans son apparence extérieure, ne me suggère qu'elle aurait pu abriter le meurtrier de mes parents.

Descendant le regard vers le garage, une berline bleue est soigneusement garée. Rien à voir avec la Ferrari jaune que je recherche avec tant de vigueur depuis des années. Cependant, je reste consciente que l'absence de la voiture en question ne signifie pas nécessairement l'absence de réponses. Le propriétaire de la Ferrari a peut-être vécu ici à l'époque des faits, et c'est dans le passé que je vais devoir fouiller pour dénicher les éléments qui m'aideront à démêler le mystère qui plane sur ma vie depuis trop longtemps.

Le soleil de l'après-midi, dardant ses rayons à travers les ruelles étroites, crée un jeu d'ombres et de lumières sur les façades des bâtiments, et ma silhouette se reflète sur le crépis rose de la maison. Chaque pas résonne comme un écho, le son amplifié par l'enjeu colossal qui se tisse dans l'air. Les bruits de la ville semblent s'estomper, laissant place à un silence oppressant, uniquement interrompu par les battements frénétiques de mon cœur.

La porte d'entrée, d'un bois vieilli par le temps, porte les marques du temps qui passe, des années qui défilent, mais elle reste impassible devant mon approche hésitante. Les rainures du bois semblent former un langage secret, murmurant peut-être des réponses à des questions qui n'ont de cesse de me hanter. 

Mes doigts frôlent la porte, une texture rugueuse sous mes paumes moites. L'estomac noué, je me tiens devant la barrière qui me sépare de l'inconnu. L'air, immobile, semble suspendu, comme si le temps retenait son souffle, attendant la révélation imminente.