Tous nos dérapages

9 - Sous les projecteurs d'un scandale naissant

La fin de la soirée au casino se déroule sans encombre, à l'exception des clients un peu trop insistants, mais c'est le lot habituel du métier. Lorsque minuit sonne, je termine mon service et quitte le casino, cherchant le réconfort de mon appartement silencieux. La fatigue m'accable, et je m'effondre dans mon lit sans même prendre la peine de manger. Les draps frais m'enveloppent, mais mon esprit, lui, est loin de connaître la tranquillité.

Le lendemain, je passe toute la journée dans mon lit, les rideaux tirés pour bloquer la lumière intrusives du jour. Je suis incapable de bouger, tiraillée par des angoisses douloureuses. Les pensées tourbillonnent dans ma tête, et je me perds dans un torrent de souvenirs et de craintes.

La quête de vérité, ce dîner avec Steven, tout cela semble converger vers un point de non-retour. Je me sens épuisée, vulnérable et dépassée par les émotions qui me submergent. Mon corps est lourd, mes muscles sont tendus, et mon estomac se noue d'anxiété. Mon unique réconfort est le sommeil, qui me permet d'échapper temporairement à la réalité qui me rattrape sans cesse.

Après une journée entière passée à sombrer dans l'obscurité de mes pensées, je me force finalement à me lever aux alentours de dix-sept heures trente. Mon corps est raide et endolori, comme si j'avais passé des heures à lutter contre un ennemi invisible pendant mon sommeil. Je prends une douche rapide pour me réveiller, l'eau chaude apaisant légèrement les tensions qui m'assaillent.

Je ne fais pas d'efforts particuliers pour me préparer. Je ne veux pas que Steven croie qu'il a la moindre chance avec moi. Mon choix vestimentaire est sobre, un pantalon à pinces bleu foncé et un chemisier blanc, une tenue qui se veut indifférente. Je n'opte pas pour de la lingerie séduisante, juste quelque chose de confortable et pragmatique. Je me maquille légèrement, soulignant à peine mes yeux gris ternis par des années de souffrance.

Je me regarde dans le miroir, confrontée à mon propre reflet. Mes cheveux sont en désordre, mais je m'abstiens de les coiffer davantage. Je ne veux pas donner l'impression que je me suis préparée spécialement pour lui. Je veux maintenir une distance claire et nette entre nous, même si je m'apprête à franchir le seuil de son univers, où je me sens vulnérable et en terrain inconnu.

Je me demande ce que penseraient mes parents s'ils me voyaient maintenant, me préparant à plonger dans le monde trouble de la richesse monégasque, tout ça pour honorer leur mémoire et peut-être, enfin, trouver leur meurtrier.

Ils n'auraient probablement pas apprécié que je m'expose à tant de danger, mais ils comprendraient que c'est le seul moyen pour moi de découvrir la vérité. Ma quête de justice pour eux est la raison pour laquelle je suis ici, à Monaco, prête à prendre ce risque. Je ne peux pas laisser leur mémoire s'estomper dans l'oubli, comme si leur vie n'avait jamais compté. Ils ont été arrachés à moi de manière brutale et injuste, et je leur dois de tout faire pour découvrir la vérité. C'est la seule manière de les honorer, de faire en sorte que leur mémoire persiste et que leur mort ne soit pas en vain.

Ainsi, armée de détermination et d'une dose de courage, je me prépare à quitter mon appartement pour affronter ce qui m'attend. Mon cœur est lourd de souvenirs et d'émotions, mais ma volonté de découvrir la vérité ne faiblit pas. Je suis prête à franchir cette étape, peu importe les risques. Pour mes parents, pour moi-même, et pour la justice.

Le cœur battant la chamade, je quitte finalement mon appartement, mon téléphone portable en main avec le GPS activé pour m'aider à trouver l'adresse indiquée sur le morceau de papier que Steven m'a remis au casino. Les ruelles étroites de Monaco semblent encore plus sombres et mystérieuses qu'à l'accoutumée à cette heure de la journée. Chacun de mes pas résonne dans le silence, et je sursaute à la moindre voiture qui passe à proximité, craignant le pire à chaque coin de rue.