33 - Les rêves, c'est ce qui nous maintient en vie

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Sous le ciel infini, le yacht glisse majestueusement sur les eaux scintillantes, et nous emporte vers un horizon lointain. À mesure que nous nous éloignons des côtes, la distance qui nous sépare du monde s'accroît, créant autour de nous une bulle d'intimité insaisissable. 

À l'instar de Robinson Crusoé, naufragé sur son île, j'ai souvent éprouvé l'étrangeté d'être à l'écart, sans personne à qui confier mes pensées, hormis une petite peluche de lapin qui fut ma seule amie dans ces moments de profonde solitude. La solitude, c'est bien plus que l'absence de présence ; c'est une charge pesante qui s'appesantit sur les épaules et étouffe l'âme, une sensation à laquelle nul ne devrait être confronté.

Cependant, ici et maintenant, aux côtés de Pierre, cette solitude se transforme, prenant une tout autre dimension. Ce n'est plus une mer infinie d'isolement, mais plutôt un océan d'intimité préservée des regards scrutateurs des paparazzis, des acclamations des fans et des regards inquisiteurs des curieux. C'est un moment rare, exclusif, réservé à deux âmes qui s'aventurent main dans la main dans une nouvelle facette de leur relation. L'atmosphère, bien que empreinte d'une agréable quiétude, n'est pas exempte d'une pointe d'intimidation, comme si nous naviguions ensemble vers l'inconnu pour découvrir une part de l'autre que nous ignorons encore.

Et j'ai excessivement peur qu'il découvre cette autre part de moi.

Installé à mes côtés sur le sofa, les yeux de Pierre sont captivés par l'horizon bleu. Un soupir s'échappe de sa bouche, probablement pour témoigner de l'apaisement que lui procure ce moment en pleine mer. D'un geste naturel, il passe une main derrière mes épaules pour me maintenir près de lui. La chaleur ambiante devient de plus en plus étouffante, et être si près de Pierre n'arrange rien. Mes doigts tentent vainement de créer un courant d'air salvateur, mais l'atmosphère est aussi torride que les sables du Sahara. Je vais me liquéfier de chaud si je ne trouve pas un moyen de me rafraîchir.

Les vagues bercent doucement le yacht, comme un murmure constant qui se mêle au doux grincement du bateau glissant sur les eaux. L'horizon, ponctué par le bleu profond de la mer et le ciel clair, ressemble à une toile magnifique déployée devant nous. Les rayons du soleil, intensifiés par l'absence de tout obstacle, caressent nos visages et laissent sur notre peau une douce sensation de chaleur.

Malgré cette canicule qui rend les choses plus difficiles, la magie de l'instant persiste. Les nuances de bleu se fondent dans une harmonie parfaite, et la solitude de l'océan évoque une quiétude que ni l'un ni l'autre ne semblons pressés de rompre par des paroles inutiles. Le léger tangage du bateau devient une berceuse hypnotique, et pour le moment, je ne ressens pas le mal de mer.

Après plusieurs minutes de silence, c'est Pierre qui brise l'accalmie en posant une question simple, mais chargée de curiosité :

- Alors, comment s'est passé ton mois de juillet ?

L'instant suspendu dans le temps semble vaciller, et l'évocation de ce mois passé fait remonter en moi une cascade d'émotions. Oh là là, s'il savait à quel point ça a été éprouvant. Dans ma tête, la liste des incidents et des soucis qui ont jalonné ces jours semble s'allonger indéfiniment, une suite interminable de moments difficiles que l'on pourrait presque fouler du pied.

- Disons que j'espère que le tien se soit mieux passé... Articulé-je avec une pointe d'amertume, mes doigts s'occupant nerveusement les uns des autres, un faible sourire effleurant mes lèvres.

Pierre, fronçant les sourcils, incline légèrement la tête, signe d'une invitation à poursuivre. L'expression dans ses yeux en dit long, et j'hésite un instant, avant de me plonger dans le récit de mon mois de juillet, entre péripéties chaotiques et moments de solitude profonde.

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