24 - Renoncer à la joie pour toujours

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Nous sommes toujours à l'intérieur du musée lorsque je remarque que Pierre sort son téléphone de sa poche et commence à pianoter dessus. Je me demande ce qu'il peut bien faire, mais je n'ai pas à attendre longtemps pour le découvrir.

Il relève les yeux de son téléphone et me sourit.

- J'ai réservé une table dans un restaurant, annonce-t-il.

Mon cœur s'emballe, mais ce n'est pas de l'excitation. Au contraire, une boule d'inquiétude se forme dans mon estomac. Je sais que je n'aurai pas le budget pour payer un dîner dans un restaurant étoilé, et l'idée de devoir expliquer cela à Pierre me rend mal à l'aise. Je tousse légèrement et me racle la gorge, avant de lui dire d'une voix hésitante :

- J'ai bien peur de ne pas pouvoir payer un restaurant comme ça, Pierre.

Il me sourit chaleureusement, mais cela ne dissipe pas mon malaise. Sa réponse me surprend.

- Ne t'inquiète pas pour ça, Maxine, me dit-il d'un ton rassurant. Je t'invite, c'est moi qui régale ce soir.

Je reste bouche bée. L'idée que Pierre dépense son argent pour moi me gêne profondément. Je ne veux pas qu'il pense que je suis intéressée par sa fortune ou que je m'attends à ce qu'il me prenne en charge. Sentant le besoin de clarifier les choses, je lui retiens doucement le bras pour attirer son attention :

- Pierre, je tiens à te dire que je ne veux en aucun cas que tu penses que je veux profiter de ta générosité ou de ta fortune, commencé-je d'une voix sincère. Je ne suis pas habituée à ce genre de restaurants, mais je ne veux pas que tu penses que je m'attends à ce que tu paies pour moi.

Son regard bleu, empreint de compréhension et de bienveillance, se pose sur moi.

- Maxine, je t'invite parce que j'en ai envie, pas parce que je m'attends à quoi que ce soit en retour, répond-il doucement. Et si cela te rassure, sache que je ne suis pas du genre à attendre quelque chose en échange de mes gestes. J'apprécie simplement ta compagnie.

Sa réponse apaise quelque peu mes craintes, mais je ne peux m'empêcher de lui promettre sincèrement :

- Je trouverai un moyen de te rendre la pareille, Pierre, que ce soit en partageant des moments agréables ou en faisant quelque chose qui te fasse plaisir.

Pierre me sourit à nouveau, et je sens que nous avons éclairci les choses entre nous. J'apprécie sa gentillesse et son honnêteté, des qualités qui semblent de plus en plus rares de nos jours.

Nous continuons notre exploration du musée, côte à côte, absorbés par les trésors sous-marins qui nous entourent. Soudain, Pierre rompt le silence en me posant une question.

- Tu as fait des études ? Me demande-t-il.

Je secoue la tête avec un petit sourire triste.

- Non, j'aurais adoré, mais... c'était compliqué. Après le bac, j'ai dû me résoudre à trouver un emploi, lui avoué-je en toute sincérité. Et toi ? J'imagine que tu n'as pas eu un parcours scolaire classique ?

Pierre semble plonger dans ses souvenirs, son visage s'illumine d'une lueur nostalgique. Il me raconte ses années scolaires d'une manière qui me surprend et m'inspire. Il parle de ses débuts dans le karting, de ses premières victoires, de la passion qui l'animait déjà à l'époque. Les mots qu'il utilise pour décrire cette période de sa vie sont empreints de joie et de détermination.

- Mes années scolaires ont été un peu atypiques, avoue-t-il en riant doucement. J'ai toujours su que je voulais être pilote de Formule 1, et j'ai mis tout en œuvre pour y parvenir. Ça n'a pas toujours été facile, mais je n'ai jamais perdu de vue mon rêve.

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