𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏. 𝐓𝐎𝐔𝐓 𝐍𝐎𝐓𝐑𝐄 𝐓𝐄𝐌𝐏𝐒

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𝐋𝐈𝐋𝐀




































Six mois plus tard.

Respire.

D'ordinaire, chaque fois que je pense à elle, je regrette le temps perdu. Aujourd'hui, quand j'y pense, je regrette qu'on ne m'ait pas ôté mon temps. Y a-t-il quelque chose de pire que de voir son père tenter de tuer sa mère ? Ou le regret de ne pas avoir exprimé le moindre doute ?

Si je lui avais parlé de son comportement étrange en terminale, il serait déjà mort. Ekin n'aimait pas que j'appelle ce Lazar qui m'a adoptée papa. Elle disait toujours que ceux qui naissaient dans ce pays étaient faits pour devenir la cause de la mort des femmes.

Comme une violence héréditaire sanglante que nos ancêtres nous aurait léguée. Je déteste savoir qu'elle avait raison. Maman est au sol. J'ignore quoi faire de peur d'être la prochaine.

— Mon thé, ordonne-t-il d'une voix cassante, comme si rien ne s'était passé.

Respire. Respire.

Ça me fait légèrement sursauter. Je repose d'une main instable la théière sur la plaque avant de me tourner vers l'embrasure de porte. Mon corps se statufie une seconde fois.

Tout est vrai.

Maman est au sol, près de la table à manger. À la télévision, je peux entendre une autre de ces séries où l'actrice a encore accepté de jouer le rôle d'une femme martyrisée.

Papa mange une orange. Mon cerveau balbutie. Je crois qu'il ne fait plus la différence entre la femme à l'écran et la sienne au sol. Mes yeux retombent sur le corps de maman.

Le verre est chaud, trop chaud. La douleur qui se propage sur mes doigts est supportable.

Qu'est-ce qui se passe ?

— Lila, mon thé ! gueule-t-il, la télécommande frappant la table.

Il a dû te voir du coin de l'œil.

Je sursaute, le regard presque vide, mais les clignements plus rapides. Le thé brûlant vient de couler sur ma main. Maman ne semble plus cligner des yeux. Je veux pleurer, mais mes larmes ne sont plus à moi. Cette oppression thoracique l'est. Si je l'aide, ce sera mon tour.

Ekin t'avait prévenue que l'argent pouvait jusqu'à changer le lys en datura.

J'aurais dû croire ma grande sœur quand elle me disait de ne faire confiance à personne, mais je suis à peine capable de croire que je n'arrive plus à cligner des yeux. Et puis comme un miracle, maman lève lentement les siens vers moi.

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