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𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟔. 𝐋'𝐄𝐅𝐅𝐄𝐓 𝐏𝐀𝐏𝐈𝐋𝐋𝐎𝐍

•𝐋𝐈𝐋𝐀•

Trop de choses.

Trop de choses à lui dire, mais le voilà déjà loin d'ici. Je me sens aussi anémiée qu'agitée.

Trop de choses.

Trop de choses semblent fausses, que je cherche un point d'ancrage visuel. Mais...

Rien.

C'est la troisième fois de la matinée que j'ai l'impression d'être dans un maudit rêve. Je regarde le procureur Cengiz pointer sa tête du coin de l'embrasure de porte.

— J'ai un appel important à faire et des affaires secondaires à régler cet après-midi, glisse-t-il dans la précipitation. T'as ton aprèm.

Super...

Ça va me donner encore plus de temps pour ruminer la matinée. Je suis tellement loin que j'ai dit mal à différencier son sourire en guise d'au revoir de son sourire de satisfaction qui ne quitte pas ses lèvres depuis les derniers mots d'Ayaz.

T'es tellement bête d'avoir cru qu'il renoncerait à le faire.

Quand cette histoire l'obsédait plus qu'elle n'obsède le procureur Cengiz, c'est vrai. Je serre encore plus mes bras déjà croisés pour retrouver un soupçon de contrôle.

Pendant que Tolga et l'avocat qui est prêt à partir se serrent la main avec des visages fermés, je me retrouve à les regarder. Une fois seuls, je le vois hésiter. Je fais mine de ne pas le regarder, tout en pressant de manière discrète mes doigts sur la peau de mes bras.

Mais une fois qu'il est devant moi, à l'arrêt, je crois bien que c'est la seule chose qu'il voit. Je ne lève pas la tête vers Tolga quand il dénoue mes bras. Je crois que je suis tellement fatiguée que je serais capable de pleurer comme un bébé, mais je dois tenir bon.

— Arrête de faire ça.

Ma poitrine s'alourdit. C'est la deuxième fois qu'il me parle aujourd'hui. Après tant de semaines à s'ignorer. La manière dont il demande des choses à ses enfants est tellement douce. Ça me perturbe encore. Ça remue le cœur de l'enfant qu'on a tué en moi.

Ce n'était pas si dur d'être humain.

Arrête d'y penser.

Ça m'énerve tellement que je recroise les bras pour avoir une prise. Mais il les dénoue une nouvelle fois et tente cette fois-ci de m'attirer dans ses bras. Cette fois, je dévie son étreinte en le regardant insensiblement. Tolga lève presque les mains dans l'acceptation quand il s'écarte.

— Plus jamais.

— Plus jamais, OK, répète-t-il mes mots d'une voix douce.

Trop douce.