Le Yin et le Yang [T1- TERMINÉ]

XVIII. Découverte

« Take me back to the night we met » - Lord Huron

(Ramène-moi à la nuit où nous nous sommes rencontrés)

Erhan

Ce matin je suis surpris d'arriver en classe et de constater l'absence de Fate.

Ce n'est pas habituel de sa part de rater des journées de cours.

En face de moi, le prof sur son estrade fait son cours sans se préoccuper de l'attention des élèves.

Je pivote un peu sur moi-même, suffisamment pour apercevoir les amis de Fate, et la mine inquiète affichée sur leur visage.

Atila tient son téléphone entre ses mains, certainement prête à envoyer un nouveau message à son amie.

Depuis la rentrée, elle et Naos restent avec Fate, et au fond de moi, je suis rassuré à l'idée de me dire que Fate est peut-être passée à autre chose et qu'elle se fait de nouveaux amis.

Sans moi.

Je laisse cette pensée égoïste dans un coin de ma tête alors que la porte de la salle s'ouvre à la volée.

Fate apparaît sur le pas de la porte, l'haleine haletante et les yeux gonflés.

Pourtant ce qui me frappe le plus en premier, ce sont les poches violacées sous ses yeux, mal camouflées par la touche de fond de teint qu'elle a voulu s'appliquer.

Je me doute directement qu'elle a passé une mauvaise nuit.

Elle attend l'approbation du prof pour rentrer dans la classe puis rejoint sa place en silence.

Le prof reprend sa tirade comme si de rien n'était.

Quand elle arrive au niveau de sa rangée, ses amis se lèvent et l'enlacent un cour instant.

La mine soudain plus rassurée, Atila profite de son étreinte pour glisser un mot à l'oreille de Fate.

Mon destin.

Cette dernière acquiesce simplement d'un hochement de tête. Lorsqu'elle se détache de ses deux amis, ils reprennent leur place respective dans l'amphi.

Je ne rate pas un seul instant pour l'observer attentivement.

Sa poitrine se soulève rapidement, comme si elle venait de courir un marathon, et j'ai comme l'impression que c'est le cas au vu de la sueur qui perle encore sur son front.

Je relève mon regard sur ses yeux qui évitent mon contact depuis qu'elle est entrée dans la classe.

Ils sont rougis, comme si elle venait de pleurer ou alors de consommer des substances illégales. Mais ce qui me trouble le plus, c'est sa rétine, étirée plus que d'habitude.

Comme si elle venait d'être prise sur le fait ou d'apprendre une affreuse nouvelle.

Je ne saurai le dire, car malgré toutes ses années, je n'arrive plus à déterminer les émotions qui la traverse. Et de son côté, elle fait tout pour cacher ce qu'elle ressent.