Chapitre 1

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     Les bras chargés d'une dizaine de boîtes, je referme le coffre de ma petite voiture avec difficulté. Ce matin, je suis chargée des livraisons. Ce n'est pas la partie la plus intéressante de mon travail, mais elle me convient. J'aime bien rendre visite au gens qui m'ont passé commande. Surtout madame Durand, c'est une petite mamie adorable et elle m'invite toujours à prendre une boisson. 

     La vision totalement obstruée, j'avance à tâtons. Je passe le trottoir sans trop de difficultés et avance jusqu'à la petite maison. Heureusement que je connais le chemin sur le bout des doigts sinon je ne sais pas comment je ferai pour avancer.

     J'aurais pu faire le trajet en plusieurs fois, mais j'ai du retard dans les commandes et je dois être à la boutique dans moins d'une trentaine de minutes pour le service du midi. Je n'ai pas envie de laisser Beth toute seule. Noël arrive et on a pas mal de touriste. Ça fait bizarre de voir des têtes que je ne connais pas. Je vis dans cette petite ville depuis suffisamment longtemps pour que tous les habitants me reconnaissent. Et en plus de ça, la plupart se rendent au restaurant pour le service du matin. L'ambiance est très agréable, tout le monde s'entend bien, c'est très paisible. J'ai souvent du mal à changer mes habitudes, mais je m'habitue plutôt vite.

     Mais même si je n'ai rien contre les touristes, leur présence arrache un peu cette ambiance si reposante du café. Toutefois, je me réconforte en me rappelant que s'ils sont là, c'est parce que Noël arrive. Et si Noël arrive, ça veut dire que tous les soucis s'envolent.

     J'avance encore, plus que trois pas et j'aurais atteint mon but selon mon estimation. Sauf que cette dernière devait être faussée parce que je bute dans quelque chose et dégringole par terre. Au même titre que mes pâtisseries qui m'ont prise un temps fous à faire. J'en ai les larmes aux yeux. Mais quand j'entends que je me fais insulter, les larmes se ravalent d'elles même pour laisser place à la colère.

     Avant de répondre à l'homme en face de moi, j'enlève la neige de mon manteau et de mon jean, heureusement qu'elle était là pour amortir ma chute. Je ne réfléchis même pas à ce que je vais bien pouvoir lui répondre, trop préoccupée par le fait qu'il faut que je prévienne madame Durand qu'elle n'aura pas ses biscuits adorés en temps et en heure. Et... alors non. Je vais vraiment me mettre en colère si c'est le cas. Dans ces boites, il y avait une partie de ma collection de Noël. Je voulais les lui montrer car c'est une de mes plus grandes suportaire.

     Si ma collection est partie en lambeaux, il faudra que je refasse absolument tout dans un temps record, Jack ne l'a même pas vu. Je commence à ramasser mes boites et à constater les dégâts, sauf qu'il y a toujours cet homme qui me crie dessus. Comme si j'étais la seule responsable, et qu'il ne venait pas de gâcher une journée entière de travail. Il me créait des soucis et a le culot de m'insulter. Il campe toujours sur ses positions, faisant des grands gestes avec ses bras, je prends enfin le temps de le regarder pour la première fois.

     Un peu plus grand que moi, alors que je touche déjà des records avec mes 1,78 m, une légère de barbe sur sa mâchoire carrée et des yeux qui me disent quelque chose. On dirait que je l'ai déjà vu, mais ce n'est pas le cas. Vu la tenue qu'il porte, c'est un touriste jusqu'au bout des doigts.

     - À cause de vous, je vais devoir la mettre au pressing, enrage-t-il en me montrant son écharpe qui a reçu un peu de chantilly. Où est le plus proche ?

     On dirait un homme d'affaires, c'est rare de croiser ce genre de personne dans le coin. Je me ressaisis et lui répond :

     - Un peu de lessive et de l'eau, ça ferra l'affaire. C'est le seul pressing qu'on peut s'offrir dans le coin, je réponds sans même le regarder, toujours concentrée sur mes gâteaux.

La liste d'un noël (presque) parfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant