Chapitre 6

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Je reste bien trop longtemps au lit ce matin. Quand je me réveille, je vois par l'unique fenêtre de mon appartement des tonnes de neiges tomber. En plus de la quantité d'hier, il doit y avoir une sacrée épaisseur dehors. Je me dis que c'est encore une bonne journée. Premièrement, parce que tout le monde aime quand il neige et ensuite parce que ça correspond parfaitement à l'activité que nous sommes censés faire aujourd'hui. J'aime quand les choses se passent comme elles le doivent.
Ma première action est de saisir mon calendrier de l'avent, mon unique motivation tous les matins. C'est ce petit bout de carton qui renferme des chocolats qui me forcent à me lever chaque jour. J'aime bien l'idée d'avoir une récompense avant même que la journée ne commence. Ce seul et unique chocolat en forme de clochette me procure une immense sensation de bonheur toutefois elle n'est pas plus grande que celle de voir Gabin tomber.
J'engloutis mon chocolat et me lève pour préparer ma boisson chaude sans penser que moi aussi, je suis tombée hier soir. Mais mon corps me le rappelle rapidement. Dans un premier temps avec les nombreuses courbatures que je ressens dans mon corps entier et deuxièmement quand je soulève mon tee-shirt, un petit bleu s'est formé. Près de mes cotes, petit, et à vue d'œil inoffensif. Pourtant, je le sens bien à chaque mouvement que je fais. La journée va être longue. Si on m'avait dit que se tordre le ventre de rire pouvait causer des bleus aussi douloureux, je me serais abstenue. Ou pas, parce que c'était vraiment, vraiment drôle, rien que d'y repenser, j'ai envie de rire à nouveau.
Je sens que Gabin va se plaindre aujourd'hui, ce qui est plutôt compréhensif dans un sens. J'ai fait une petite chute et j'en ai gagné un bleu, lui, c'était légèrement plus violent. Je suis sûre que si ça avait plus grave, il m'aurait déjà incendié par message alors je ne me fais pas de souci, mais je redoute légèrement le moment où nous allons nous voir ce soir.
En attendant, je profite de ma journée de congé comme j'aime les passer. La première étape étant de faire la grasse matinée, je ne m'en octrois pas souvent mais le mois de décembre est tellement énergivore avec tout ce qui se passe que j'ai besoin de dormir un peu plus longtemps.
Étant donné que cette première étape est déjà effectuée, j'attaque la deuxième en lançant un film de Noël. Mon repas se constitue de gâteaux invendable et invendus. C'est très bon, même si certains sont moches ou mal aimés parce qu'ils n'ont pas été achetés, moi, j'en profite.
J'enchaîne Maman, j'ai raté l'avion 1 et le 2. Pendant ce temps, j'ai pu peaufiner quelques dessins qui me sont passés par la tête. Ça fait du bien de se vider l'esprit de temps en temps.
Mais plus le temps passe et plus je me dis que sortir en pyjama pour aller chez Gabin n'est pas vraiment approprié.
Il a une dent contre les lutins verts, alors je ne lui fais pas cet affront et fais un tour sous la douche. Je troque mon magnifique pyjama contre un jean large et un gros pull blanc.
Couvertes d'une dizaine de couches, bien nécessaire pour la case à cocher aujourd'hui, je marche en tendant les mains devant moi et regardant la forme des flocons. Ils fondent si rapidement que je ne peux pas voir tous les détails. Mais ça importe peu, j'ai assisté à ce phénomène, les voir descendre et se poser un peu partout, puis fondre. Ça tous les ans.
Je rentre rapidement dans la maison. J'aime les flocons, mais mon corps n'aime pas le froid. Je les trouve tous les deux autour de la table de la cuisine, en train de boire le café.
Non !
Ce sont des chocolats chauds ! J'en sens la bonne odeur de cannelle jusque-là. Attendez, ils boivent des chocolats chauds sans moi, ils devraient avoir honte. J'en aurais le temps, je porterais plainte.
Heureusement, je n'interromps aucune conversation. Ils ne sont pas vraiment du genre à se parler beaucoup, j'ai l'impression. Ça ne m'étonne pas vraiment, aucun des deux n'est un grand bavard.
- Je ne savais pas que tu venais, aujourd'hui, questionne Jack sans vraiment le faire.
- On a une liste à continuer, je réponds comme si c'était la plus grande des logiques tout en me servant un chocolat chaud parce que j'y ai le droit moi aussi.
- Je ne te suis pas aujourd'hui. J'ai failli mourir hier. La taille du bleu sur ma cuisse ne te dira pas le contraire, je te suis plus dans tes plans bourbiers. Je tiens à ma vie comparée à toi.
- Aujourd'hui, c'est une activité soft. Aucun danger, alors tu viens.
- Tu me dis ça tous les jours, et je ne suis toujours pas convaincu.
- Tu viens, et tu verras bien. En plus, on ne va pas loin.
- Je suppose que je n'ai pas le choix ? Demande-t-il en direction de son père.
- Tu supposes bien fiston. Tu ne la feras pas changer d'avis. Quand elle a quelque chose en tête, elle va jusqu'au bout. Donc je crois bien que tu vas devoir aller jusqu'au bout de cette liste.

La liste d'un noël (presque) parfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant