Chapitre 16

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Je suis tout excitée à l'idée de la soirée de ce soir. J'attends ce moment avec impatience chaque année, c'est comme un rituel immanquable. C'est le moment où on profite de l'instant présent, sans même voir le temps passer. Normalement, je profite de ce moment en étant seule, étant donné que Jack n'aime pas les films. Je ne savais même pas que c'était possible de ne pas aimer ça avant de le rencontrer, mais visiblement, c'est possible.
Pour que tout soit parfait, j'ai passé la journée à cuisiner. Je suis passé aussi bien par le sucré que par le salé. Quand je dis que j'ai cuisiné, je ne mens pas, il y en a au moins pour un régiment, alors que nous sommes seulement deux. Je n'ai pas vraiment regardé les quantités à vrai dire. Je n'avais pas envie de penser à ce qu'il se passerait ce soir, je voulais me concentrer sur autre chose, et seule ma cuisine à ce pouvoir alors, j'ai passé dix heures dedans. Me concentrer sur mes gâteaux m'a permis de ne pas penser à l'arrivée imminente de Gabin dans mon appartement pour une bonne partie de la nuit.
Les boissons sont prêtes, les plats sont sur la table et les plaids sur le canapé. Tout est parfait, tout est au point. La soirée va être bonne. D'habitude, je ne suis pas du genre à me poser des questions, mais avec l'arrivée de Gabin dans ma vie tout à changer. Il est arrivé ici, et il a tout chamboulé, littéralement, mais pas que. Je ne sais plus comment agir, j'ai des centaines de questions que se mélangent dans ma tête alors que je ne devrais pas. Ce n'est pas grand-chose. Il repart dans deux semaines, on ne peut pas dire que ce soir quelque chose de sérieux, enfin he ne pense pas. À vrai dire, je n'en ai aucune idée. Le mieux c'est de me dire que ce n'est qu'une petite amourette. Pas de pression, rien que du bonheur, et j'en ai besoin.

Justement, la raison de mes chamboulements toque à la porte et je m'empresse d'aller lui ouvrir. Ça y est, le premier jour de cette longue lignée de journée de dingue commence. C'est la même chose tous les ans. Autour du 15 décembre, chaque année, ça devient un vrai marathon. Le marathon de Noël. C'est la folie partout. Au restaurant, surtout, cette année, c'est encore pire avec les projets monstrueux que nous avons mis en place.

- Salut !
- Bonsoir.
- Qu'est-ce que tu as ramené ? Je demande en pointant un sac en kraft. Je t'avais dis de venir les mains vides, que je m'occuper de tout.
- Ce n'est pas ce que tu crois. C'est ton premier cadeau si on peut dire.
- Normalement les cadeaux, c'est le 24 ou le 25. Pas le 16.
- On n'est pas obligé d'attendre une occasion pour offrir un cadeau. Et en plus de ça, on en aura besoin ce soir. Considère, ça commence une avance de Noël. À quelques jours près, ça n'est pas très grave.
- Très bien.
Il me tend le sac en kraft, et quand je l'ouvre. J'hésite à l'ouvrir, venant de Gabin, ça peut très bien être une mauvaise blague que quelque chose de très sérieux. Mais dès que j'écarte les deux pans du sac, je comprends mieux. Ce n'est pas une blague, mais c'est bien drôle. Même si je me demande s'il le fera vraiment.
- Tu vas vraiment le porter ?
- Ce n'était pas « ton rêve.»
C'est vrai que je lui ai dit ça l'autre soir. C'est le genre de chose qu'on fait avec les gens qu'on apprécie, et je l'apprécie. Alors, oui, il va le faire. Parce que lui aussi, il m'apprécie.
Je file en vitesse dans ma chambre pour enfiler mon pantalon de pyjama rouge et en ressort toute fière. Avant de sortir, j'essuie la larme qui est sortie de mon œil sans que je ne lui en donne l'autorisation. Je ne m'attendais pas à cette marque d'affection de la part de Gabin. Souvent, je me dis qu'il ne dois pas écouter tout ce que je lui raconte. Quand je suis sur ma lancée, je ne m'arrête plus. Mais j'ai la preuve, que non, il écoute tout.
Je souris, parce que je suis heureuse, touchée et pleine de gratitude. Et je le suis encore plus quand il sort de la salle de bain avec le sien. Il n'est pas rouge mais vert. On s'assoit parfaitement bien, et j'aime cette idée.
On s'assoit dans le canapé et lance le premier film. Rien de mieux que de commencer par le grand classique Maman, j'ai raté l'avion.
C'est exactement comme ça que j'imaginais cette soirée, et ça fait du bien. J'apprécie quand tout est accord au plan. C'est agréable, pausé là, tous les deux sur le canapé. J'ai l'impression de vivre un rêve éveillé.
On mange les biscuits, bouge, se rapproche, les étoiles prennent rapidement place dans le ciel et la soirée est parfaite. Je n'étais pas vraiment réjoui au début de ce mois de décembre, mais plus le temps passe et plus je le dis que ce qui m'arrive ne se produira sûrement pas une deuxième fois. Alors je profite de chaque minute, de chaque seconde.
On enchaîne avec le deuxième volet de Maman, j'ai raté l'avion sans attendre et le même schéma se reproduit. On bouge, se rapproche un peu plus, la main de Gabin s'égare dans la mienne. Doucement, il dessine des petits cercles avec son pouce dans le creux de ma main. Ce simple geste me fait frissonner de la tête au pied, mais je n'en laisse rien paraître.
Au milieu du film, je me lève pour aller refaire une fournée de chocolat chaud à la cannelle.
Pendant que le lait chauffe, je me surprends à regarder Gabin, blottie sous le plaid aux couleurs de Noël, les yeux fixés à la télé, il ne fait pas attention à moi, mais moi, je le vois. Je ne vois que lui. Je ne fais que ça, le voir et penser à lui, et je ne crois pas que ça arrange mon cœur. Je ne peux pas me permettre de m'attacher plus que ça. Mais il y a deux choses qui décident, le cerveau et le cœur. Et cette fois-ci, le cerveau perd le combat face au cœur.
Je rapporte les tasses fumantes vers le canapé et me glisse sous notre plaid, serré à Gabin, nous sirotons nos boissons dans le silence et les rires.
Quand nous sommes venus à bout de nos films de noël drôle, ceux que Gabin a choisi, nous passons au mieux, les romantiques.

Les films sont terminés, nous sommes déjà à un autre jour au vu de l'heure avancée et je vais bientôt me retrouver seule alors que j'en ai aucune envie.
- Je devrais partir, lâche Gabin en suivant mes pensées.
- Oui, tu devrais partir.
Il se dégage du plaid, mais ne bouche pas plus. Nos yeux se croisent, aucun de nous deux ne veux quitter cette bulles de bonheur.
- Je devrais partir, dit-il encore.
- Oui tu devrais.
- Tu as envie que je parte ?
- Non.
Et quand je prononce ces mots, je réalise pleinement que non, je n'ai aucune envie qu'i parte, je le veux au près de moi autant de temps qu'il le voudra en retour
Je n'ai pas le temps de penser plus que ses lèvres sont sur les miennes
Nos bouches se rencontre délicieusement. Je suis à lui, entièrement. Dans l'intimité de mon petit appartement, ses mains s'aventurent sous mon pull. C'est un geste nouveau qui me surprend agréablement. Plus même. Il m'embrase.
Mes doigts se perdent dans ses cheveux, dans sa barbe, le long de sa mâchoire. Je n'arrive pas à croire ce que nous sommes en train de faire. Nous laisser porter par notre pulsions. Mais c'est bien le cas.
Doucement, il m'allonge sur mon canapé, son grand corps en équilibre au dessus de moi, il est a coupé le souffle. Je le dévisage, quand il retire son t-shirt, puis quand il enlève le mien.
Tout est trop rapide et trop lent à la fois.
Se mains, baladeuses, font leurs chemins sur mon corps et je crois ne plus pouvoir respirer.

La liste d'un noël (presque) parfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant