Chapitre 12

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J'arrive au restaurant en début d'après-midi et me dépêche d'aller m'asseoir à la table de Gabin pour l'informer du programme de la journée.
- Une journée entière à ne rien faire, tu me fais le plus grand des cadeaux vraiment, je suis ému.
- je suis généreuse, je sais, mais ne t'attends pas à rester tranquille. Ce soir, c'est notre soirée annuelle et on compte bien s'amuser avec ton père.
- Je vous regarderais.
- Dans tes rêves, je suis sûre que tu chantes bien.
- Parce qu'il faudra chanter en plus de ça.
- Tu verras bien, je lâche en partant.
Mon service commence, je prends le relais de Beth. Je me munis de mon tablier rouge et vert pendant qu'elle part chez elle commencer à préparer la collecte de fonds. On se retrouve en début de soirée avant que je n'aille chez Jack pour mettre au point les dernières choses.
Le temps passe à une vitesse folle. La neige tombe rudement dehors et je n'ai pas vraiment envie de sortir, mais le restaurant va fermer et je n'ai pas de temps à perdre si je veux voir le temps de tout faire correctement.
La première mission étant de marcher sans me casser le coccyx tellement le sol est gelé, jusque chez Beth. C'est la deuxième année consécutive que l'on organise ce projet et je ne veux pas le rater, il me tient tellement à cœur que je m'y jette corps et âme.
Quand je passe la porte de son appartement qui est nettement plus spacieux que le mieux et qui à le droit à une mezzanine, deux chocolats chauds son préparer en prévision de ce qui va suivre.
C'est le moment pas agréable où nous nous prenons la tête avec les chiffres, les quantités et les marchandises. Mais ça en vaut le coup et avec Beth tout passe plus rapidement.
- Tu penses réellement que c'est possible de créer autant de biscuits ? Me demande Beth quand je lui annonce les quantités que j'ai prévues.
- Oui, je suis sûre de moi. L'année dernière, ils se sont vendus comme des petits et on n'en avait pas assez pour finir la journée. Je serai derrière les fourneaux toute la nuit si c'est pour avoir encore plus d'argent.
- Très bien, je te fais confiance.
- Et aussi, regarde ce que j'ai dessiné, je dis en sortant mon carnet de mon sac.
Je l'ouvre à la bonne page et lui montre.
- Je pensais faire quelques maisons en pain d'épice. Ça permettrait d'avoir des pièces plus copieuses et les enfants adorent ça. Donc si ça ne se vend pas, on pourra toujours en faire dons.
- Si ça te tient à cœur, fais-le. Je suis derrière toi, tu le sais.
Elle tourne l'autre page du carnet et un croquis dont j'ai eu l'idée la nuit dernière apparait.
- C'est toi qui as dessiné ça ?
- Oui, mais ce n'est rien d'important, j'en ai juste eu l'idée la nuit dernière.
- Tu te fous moi. Tu as intérêt à produire cette pièce montée et plus vite que ça. Ce n'est pas rien d'important, c'est sublime.
- Tu dis n'importe quoi.
- Les gens seront fous quand ils verront ton travail et c'est à ce moment-là que les ventes exploseront. Tu as de l'or dans les mains, utilise-le.
- Et on en ferait quoi après ? Ça représente une quantité de nourriture énorme.
- Je connais des enfants qui seraient ravis d'avoir cette énorme quantité de nourriture pour les fêtes.
Elle a raison et je le sais. À moins d'une heure d'ici il y a un foyer d'accueil où plein d'enfant sans famille vive. Ils sont heureux pour la plupart. Au moins la femme qui tient la maison et agréable et très gentille. Mais au courant de l'année dernière, j'ai appris qu'ils avaient du mal à joindre les deux bouts et des enfants ont du êtres replacés autre part. En peu de temps, je suis retombée dans mon enfance. J'ai tellement vécu de chose comme ça et je sais à qu'elle point ça peut briser le cœur d'être arraché au seul semblant de famille qu'on apprécie.
Alors à partir de ce moment, j'ai tout fait pour les aider. Aider ces enfants dans le besoin qui n'ont jamais demandé de grandir dans de telles conditions. Ce n'est pas grand-chose une quinzaine sur les centaines rien qu'en France. Mais si je peux faire en sorte qu'ils puissent avoir un livre sous leur sapin ou une poupée, ou rien qu'un sapin, ça me rendra heureuse.
L'année dernière, on avait reçu une coquette somme. En plus de ça, la mairie de la ville, et le restaurant au fond de leur côté d'autres dons. J'ai tellement vécu de chose comme ça et je sais à qu'elle point ça peut briser le cœur d'être arraché au seul semblant de famille qu'on apprécie. Je suppose que les gérants aussi ont beaucoup pleuré.
Cette année, je veux leur offrir le même noël. Retourner voir ses enfants que je n'ai pas vus depuis trop des mois, et leur raconter des histoires pour les plus jeunes. Qu'ils soient heureux tout simplement.
- Il va falloir que j'y aille Jack et Gabin vont finir par m'attendre.
- Ah, tu as tellement de chance !
- Quoi, tu veux venir, je croyais que tu voulais finir d'écrire ton livre ce soir.
- Non, c'est vrai, je ne veux pas venir. Je veux une Gabinette.
- Une Gabinette, c'est quoi ça encore ?
- Un Gabin, version femme.
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- J'ai vu comment il te regarde et je suis sûre que ça t'es passé par l'esprit plus d'une fois. Certes, ça n'a pas bien commencé entre vous deux, mais il est plutôt sympa visiblement. Et canon même si ce n'est pas mon style.
- Je suis d'accord avec toi. Mais je ne pense pas qu'il se passera quelque chose entre nous, à voir comment ça évolue avec le temps. Les relations à distance ce n'est pas mon truc. Et un jour, tu trouveras ta Gabinette.
- Tu es sûr ? J'ai trente ans dans trois mois et je n'ai eu que des relations foireuses. Et ce n'est pas dans cette petite ville que je vais pouvoir m'en sortir.
- Laisse le temps faire ses preuves.

***

Je rentre dans la maison et troc mon manteau trempé contre un gros pull à moi qui traîne toujours ici. J'aime le mois de décembre, mais je ne dois pas nier qu'il présente quand même certain désavantage.
Je m'installe dans le canapé au côté des deux hommes de cette maison, et la soirée peut officiellement commencer.
- Qu'est-ce que tu nous as réservée ? Mon père n'a pas voulu me dire un seul mot.
- Devine.
- Je suis nul, donne moi des indices.
- Noël, évidemment. Et plus précisément, il y a quelque chose de très spécial à Noël. Les musiques. Maintenant avec ce que je t'ai déjà ce matin, tu devrais avoir deviné.
Il réfléchit un peu et le moment de réalisation se voit très nettement sur son visage.
- Je ne chanterai pas des musiques de Noël. Mariah Carey, très peu pour moi !
- Ça va être drôle. Personne ne juge. Mais il faut le faire à fond.
Jack sort le pot dans lequel tous les chants de Noël que nous aimons chanter et le jeu peu commencer.
- Tu veux que je commence ?
- Je te laisse volontiers tous mes tours.
Je pioche un papier et tombe sur All I want for christmas is you, une mes préférées. On calibre la télé sur le bon karaoké, même si je n'en ai pas besoin tellement les paroles sont ancrées dans mon esprit et nous y allons.
Le micro dans la main, je me laisse aller sur le rythme de la musique. Plus le temps passe plus je suis à l'aise. Ou bout de la musique je suis essoufflée et heureuse que ça se termine enfin.
Je n'avais pas chanté avec autant de bon cœur depuis un long moment et ça fait très plaisir.
- Ce n'est pas si compliqué, je lance en me tournant vers Gabin.
- Tu as une belle voix, tu sais chanter. Pas moi, c'est hors-jeu.
- A ton tour Jack, tu vas montrer à ton fils que tu as une belle voix tout autant que lui.
Gabin roule des yeux tandis que son père se lève rapidement du canapé pour prendre ma place. Il avait autant hâte que moi que cette journée arrive, et le comprend.
Jack commence par chanter les premières notes de It's beggining to look like christmas. Chaque année, il tombe dessus et chaque année, il la gère à la perfection. On applaudit tout le long de la performance et lançons tous les deux des cris de félicitations à la fin de sa performance sublime.
- Je suis censé passer après vous. Vous êtes des traîtres.
- Pioches, tu vas réussir. Mais oui, la bar est haute.
Il pioche sa tête se décompose encore plus.
- Je peux piocher à nouveau ?
- Ni repris, ni échangé. Tu chantes.
- C'est quoi, je demande surexcitée.
- Last Christmas
On ne peut s'empêcher d'exploser tous les trois de rire.
- Allez.
On crie à nouveau pour lui apporter du courage, les voisins doivent se demander ce qui se passe ici, mais nous passons un très bon moment.
Les premières paroles sont très timides. Il tâte le terrain. Mais j'en étais sur sa voix est très belle. Telle père, telle fils. Quand la musique devient plus rapide, au moment où le refrain recommence. Beaucoup plus confiant ses yeux ne me quitte plus.
Je sais que mes joues deviennent rouges. J'ai très chaud, je ne devrais pas me sentir aussi bouillante, pour quelques paroles, un homme qui me chante une musique. Gabin tout simplement.
C'est une réaction tout à fait normale. Mais il faut que je réussisse à me tempérer avant d'exploser, je ne sais pas si son acte était voulu ou pas, mais je retrouve une couleur et une température corporelle normal au bout de quelques secondes puis je retourne chanter pour me changer les idées.
































La liste d'un noël (presque) parfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant