Chapitre 29

6 1 0
                                    

Je ne suis toujours pas retournée à l'appartement. Beth n'a pas voulu que je passe la nuit au restaurant, je suis donc allé chez elle. C'est la première fois que je passe la nuit et son appartement est plutôt bien. Je me serais plus attardée sur les points positif s'il n'y avait pas eu Gabin qui hante tout mon espace. J'ai réussi à dormir cette nuit, mais pas bien. Pas comme lorsqu'il est serré contre moi, dans le petit canapé qui me sert de lit.
Il me manque, je lui en veux, mais il me manque. Je ne sais pas s'il reviendra un jour. Ni même si je le reverrai.
Depuis hier je cuisine encore et encore. J'ai apporté tout ce dont j'avais besoin dans l'appartement de Beth. C'est hors de question que je remette les pieds dans la cuisine du restaurant. Trop de souvenirs de lui y sont là-bas. La compétition des bûches, cette fois ou nous nous sommes racontés nos Noël d'enfance, et l'autre, ou il a commencé à m'embrasser sur le plan de travail. J'ai le sourire en repensant à ces souvenirs. Puis je me rappelle qu'il est parti sans se retourner. Et la tristesse que je ressentais pleinement hier se transforme en colère. C'est une bonne chose, il faut qu'il sorte de ma tête le plus rapidement possible. Que je l'oublie avec la même facilité qu'il l'a fait avec moi.
Je n'ai l'énergie de voir personne. C'est à peine si j'arrive à adresser la parole à Beth. Elle est adorable avec moi et moi, je ne sais que le traité de cette manière. C'est injuste, elle ne mérite pas ça, mais je ne sais pas comment faire autrement.
Je suis seule maintenant. L'appartement est silencieux, Beth travail. Elle assure tout toute seule. C'est bluffant et je lui en suis reconnaissante de me soutenir. J'ai vécu plus de 20 jours de folie. Voir tout s'écrouler d'un coup est étrange. Mais je sais que je suis assez forte pur surmonter cette épreuve.
Je prends du recul sur la cuisine. Elle est dans un bazar sans nom. Beth ne rentre pas dans très longtemps et je ne veux pas qu'elle voit son appartement dans cet état. Elle finirait sûrement aux urgences. Elle peut supporter beaucoup de choses dans la vie, mais voir son appartement en désordre n'en fait pas partie. Elle aime tout ce qui est droit, rangé, et organisé.

Sans compter que le rangement est pour moi un moyen de me détendre. Pendant un moment, je ne pense plus rien si ce n'est où vont les objets, les ingrédients et tout le reste. Je mets de la musique, ce n'est que pour l'ambiance, débute je passe plus de temps à chanter faux qu'à ranger, mais cette fois-ci, je ne me sens pas le courage de faire n'importe quoi.
Je range, nettoie, essuie, lave tout en fredonnant, c'est le maximum que je puisse faire, pour quelqu'un qui vient de se faire larguer il y a à peine deux jours c'est pas mal.
Je suis trop souvent resté allongée dans un lit à rien faire à cause de personne qui n'ont pas tenue leurs promesses, ou ne m'ont pas respectée. À chaque fois, j'ai trouvé que j'vais perd assez de temps de ma vie pour des personnes qui n'en valait le coup, à me morfondre dans mon lit en espérant qu'il revienne.
Quand j'avais dix, je suis restée près d'un mois dans ma chambre, j'ai refusé d'en sortir, j'étais catégorique. Un couple était venu me voir plusieurs fois, j'ai eu l'espoir d'enfant être adoptée, avoir une famille. C'est rare d'être adopté à cet âge-là, c'était ma seule et unique chance. Puis un garçon, un peu plus jeune est arrivé, il met passé devant. Ils sont partis avec lui, et moi, je n'ai jamais trouvé ma famille.
Je ne me souviens pas m'aime plus de leur visage maintenant. Ça me fait toujours mal. Mais je ne veux pas perdre du temps de ma vie à top réfléchir, me demander ce qui aurait était différent s'il m'avait pris. Parce que finalement, peut-être que j'aurais été heureuse dans leur foyer, mais je n'aurais pas rencontré Jack et Beth. Je n'aurais pas travaillé dans le restaurant que me fait améliorer mon art.
Alors même si c'est difficile, il faut que j'avance. J'ai vécu pire que ce que Gabin m'a fait. Alors une fois que j'ai fini de ranger tout l'appartement, je file chez son père, il faut qu'on ait une discussion.

Je tique à la porte, et rentre tout de suite, je n'ai pas perdu mes habitudes.
- C'est moi, Jack, je préviens.
- Ah Madi, comment ça va ? Je n'ai pas osé venir te voir, je ne savais pas si tu voulais de moi ?
- Bien sûr que je veux de toi Jack, je dis en m'installant à ses côtés autour de la table de la cuisine. Je fais aller, il faut avancer, il a fait son choix, c'est comme ça.
- Comme tu dis, oui, c'est seulement déconcertant. Je m'attendais à avoir mon fils un peu plus longtemps.
- Je suis désolée, Jack.
- Ce n'est pas de ta faute ma fille. C'est mon fils, et il fait parfois des mauvais choix. Il faut simplement attendre qu'il s'en rende compte.
- Tu es bien optimiste. Moi je n'attends plus rien de lui, au moins, je ne risque plus rien.
- Tu es dure, Madi. Il est perdu, c'est tout.
- Perdu ? Il m'avait l'air plutôt heureux ici pourtant.
- Justement, il ne s'attendait pas à tomber sur toi. Tu l'as rendu fou. Je connais mon fils. Dès que quelque chose lui cause trop d'émotions, il s'enfuit. Ce n'est pas la première fois.
Je vois le parallèle qu'il essaie de me faire comprendre, la fois où Gabin est parti pour la Capitale lorsque sa mère est décédée en laissant son père derrière lui. Seulement, je ne vois pas en quoi ça colle avec la situation actuelle.
Jack qui semble lire dans mes pensées :
- Il t'aime Madi, et il ne s'attendait pas à ça.
- Je n'en suis pas si sûre que toi, Jack.
- Moi, je le sais. Fait moi confiance. Tu vas le retrouver. Laisse-lui seulement le temps de faire la connexion, qu'il réalise que c'est trop dure de te quitter.



La liste d'un noël (presque) parfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant