Chapitre 21

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Aujourd'hui, j'ai deux choses importantes à faire. La première est évidemment de faire notre tache sur la liste. Il ne nous reste plus que trois jours. Après ça, les bons moments seront terminés. Ça me fait un peu bizarre, mais je suppose que la magie de Noël doit bien s'arrêter à un moment ou à un autre. Mais pour me remonter le moral, la deuxième chose qu'il faut absolument que je fasse, c'est d'envoyer l'argent récolter hier à la gérante du foyer.

Les recettes ont été plus importantes que l'année dernière et j'ai failli lâcher quelques larmes en faisant les calculs. Mais je me suis vite retenue et est fait l'effort de descendre de la montagne dans ma voiture pour conduire jusqu'au foyer.

Je ne serais pas longtemps là-bas parce que j'y retourne à la fin du mois, mais rien que de donner le cadeau sur lequel j'ai passé un nombre d'heures incalculable me fait un bien fou.

Je me gare dans la petite cours avant et sors le gâteau de la voiture devant les yeux de la gérante.

- Mais il est énorme. Oh, Madi si tu savais comment j'ai la chance d'avoir une femme avec un si grand cœur à côté de chez moi, m'accueille Marta.

- Il te plaît ?

- Il est magnifique, les enfants vont l'adorer.

- Je suis contente pour eux, ils le méritent.

- Vient leur dire bonjour. Ils demandent le retour de la maman noël depuis quelques jours déjà, tu leurs manques depuis l'année dernière.

- Non vraiment, je suis désolée Marta, je ne peux, je dois être au travail dans moins d'une heure et cette montagne me donnent du fils à retordre, je dis à regret en pointant la montagne en question du doigt. Mais je reviens dans quelques jours. Promis.

Je tenais à venir ici toute seule aujourd'hui. Vaincre mes peurs, le temps de quelques heures, je l'ai beaucoup fait durant, et je compte continuer. Ce n'est pas toujours facile, mais une chose est sûre, c'est que c'est faisable. Alors je continue. Parce que je ne peux pas compter sur Gabin. Il repart dans quelques jours, et moi, je reste ici.

- D'accord, prends bien soin de toi, avec tout le travail que tu viens de fournir.

- Et ce n'est pas fini, Noël n'est pas encore passé.

- Tu as raison, à bientôt, me lance telle avec un signe de la main quand je remonte dans ma petite voiture.

Pendant que je remonte la montagne doucement, je retiens mes larmes de couler. Voir sa joie rien que face à gâteau, je me demande ce que ça va être quand elle va ouvrir l'enveloppe. Et ce n'est rien comparé à l'excitation que vont ressentir les enfants. J'aime tellement les fêtes et ce qu'elles apportent. Mon cœur est sur le point de lâcher tellement il bat vite à cause de tout ce qui se passe en ce moment.

Quand j'arrive au restaurant, c'est pile l'heure de mon embauche et je suis heureuse de voir Gabin à sa table habituelle au fond de la salle.

C'est une journée calme. Les habitants de la ville sont au travail, les autres, les touristes, sont probablement sur les pistes en train de jouer avec leurs vies.

Comme je l'ai dit à Marta, Noël n'est pas encore passé, et Beth n'a pas trop de travail alors je me faufile dans la cuisine pour commencer les commande. J'ai un boulot faramineux. Mais je sais que je peux tout faire sans avoir besoin d'aide.

Alors je mets mon plus beau tablier aux couleurs de la saison et je commence à réaliser les dizaines et dizaines de commandes qui vont m'occuper ces trois prochains jours.

Le temps passe à une vitesse telle que je ne le vois pas défiler et je me retrouve seul avec Gabin dans le restaurant.

- C'est l'heure de ranger votre bazar, apprentie pâtissière, m'interrompt Gabin dans l'embrasure de la porte.

- Apprenti, seulement ? Je demande en commençant à ranger.

- Quoi ? Tu préfères que je t'appelle chef ?

- ça me plaît bien, je réponds avec un sourire.

Sans même que je ne le vois pas arriver, Gabin arrive sur moi et me soulève pour que je m'assoie sur le comptoir.

- On est dans une cuisine, je lance en rigolant.

- Ah oui, je n'avais pas vu.

Il n'en a rien à faire. Et subitement, moi non plus. Ses lèvres, douces, délicates et impatientes, s'insinuent dans ma bouche. Je laisse tomber mes torchons et les serre plus contre moi.

Je laisse mes mains parcours son corps, mes doigts se faufile dans des cheveux, s'y agrippent quand il mords doucement ma lèvre.

Les siennes, plus aventurière, se glissent dans mon dos, provenant des frissons qui me font bouger me cambrer.

J'ai besoin d'air. Je ne tiendrais pas longtemps ici.

Je repousse Gabin contre mon grès. On tenant son visage dans le creux de mes mains, et en fixant ses yeux plein de malice pour ne pas me jeter à nouveau sur sa bouche, je dis :

- On est dans une cuisine. Je ne pourrais plus jamais travailler ici si on va plus loin.

Il comprend où je veux en venir. Je sais qu'il a toujours une idée derrière la tête, mais il semble oublier celle-ci. Ses lèvres s'approchent, tout de même de mon oreille pour dire :

- Très bien, Cheffe.

Une fois la pièce nettoyée et mes émotions descendues, je vais dans la grande salle pour retrouver Gabin.

- Tu nous as prévu quoi pour aujourd'hui ?

- On va faire des petites guirlandes en papier.

- Comme quand on était gamin ?

- Ouais, c'est bien ça fait marcher notre imagination.

- Mouais, moi, j'vais quelque chose de mieux.

- Ah oui ?

- ça te dit une revanche de boule-de-neige.

- Une revanche, c'est li qui est gagné, c'est injuste ! Je m'exclame.

- Faut, je t'ai tombé à la fin.

- Pour m'embrasser, c'était hors-jeu !

- Justement, on pourrait recommencer.

- Tu m'épuises Gabin, je souffle sans réussir à cacher mon sourire.

- ça veut dire oui ?

- À ton avis, je demande, en enfilant mon manteau.

- Tu vas pouvoir gagner cette fois-ci.

- Encore, tu veux dire ?

Il rigole, mais ne répond pas.

On sort dans le froid hivernal, et la partie commence. Je me fais un bon stock de boule, c'est hors de question qu'il gagne.

Je l'attaque, il m'attaque. C'est sans fin. J'ai un mauvais cardio et je me retrouve rapidement à cours de munitions.

C'est mal engagé. Surtout quand Gabin me tombe dessus et l'envoie une cargaison de boule que je ne parviens pas à éviter. Je rabat ma capuche sur ma tête pour ne pas que la neige s'immisce dans mon dos, mais je sens tout de même le froid venir jusqu'à moi.

Sans que je ne comprenne comment, je me retrouve dans les airs, sur le dos d'un Gabin triomphant. Je crie à la triche, mais c'est peine perdue. Gabin me porte, vainqueur et hilare. Et moi, je me laisse avec une colère de façade et un cœur qui ne sait plus comment faire pour fonctionner correctement.

La liste d'un noël (presque) parfaitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant