Le reste de la journée d'hier est passée à une lenteur extrême quand j'ai appris qui était le Gabin dont j'ai tant rêver. Je suis toujours sous le choc de cette information. Jack me raconte souvent – si ce n'est pas tous les jours – les récits de son fils qui fait carrière à Paris dans une start-up en voit de devenir quelque chose de grand. Et il n'a pas oublié de dire qu'il était beau garçon, pas loin de mon âge et souriant comme un ange. Pour le dernier point, on reverra. Enfin bref, j'ai l'impression d'avoir vécu dans le mensonge pendant des années. Jack l'idéalise trop. C'est un imbécile, tête de mule et mal élevé – sans vouloir offensé Jack – qui pense qu'à lui et voit uniquement au bout de son nez. Je ne comprends pas comment Jack peut être son père.
À cause de ces actes, de son manque d'attention et de sa personne entières, je suis obligé de refaire entièrement les gâteaux que j'avais passés la journée à faire. Je dois prévenir mes clients qu'il va y avoir du retard. En plus de gaspiller l'argent de son père, il me fait perdre mon temps.
Les viennoiseries et pâtisseries, sont tout de même mangeables, aucune n'a fait un plongeant dans la neige comme moi. Elles ne sont simplement plus vendables.
Je me suis réfugiée dans la cuisine depuis le moment où il est arrivé et laisse la main à Beth, je ne veux pas le voir, il me sort par les yeux. Je rattrape donc mon retard en l'insultant mentalement de tous les noms pour le temps qu'il me fait perdre.
En ce moment même, je devrais être en train de dessiner les détails blancs sur les bonhommes en pain d'épice, j'adore cette étape, ça me donne envie de croquer dedans surtout avec la bonne odeur qui s'en dégage.
Je compte tout de même faire ça aujourd'hui, en somme, je cumule deux journées de travail en une, et il ne daigne même pas dire pardon, désolé ou je ne sais quelle autre excuse.
En me concentrant à cent pour cent dans mon travail, en cumulant les tâches et en réfléchissant méthodiquement, j'ai le temps de faire les biscuits de madame Bernard. Depuis qu'elle a découvert ma cuisine, elle me commande une boite de ses petits gâteaux toutes les semaines pour son dessert du midi. Elle n'en a pas eu hier à cause de Gabin, et je lui en veux rien que pour le malheur qu'il a affligé à cette pauvre dame. Non, je ne suis jamais dans l'excès quand quelque chose me contredit.
Après un moment, je dois me résigner à rejoindre Beth, l'horloge tourne et le monde commence à arriver pour le service du midi, elle ne tiendra pas la route toute seule.
- J'ai fini la commande de Madame Bernard, je suis enfin libre pour t'aider, dis-je assez fort pour que Gabin m'entende, et qu'il se rende compte du temps qu'il m'a fait perdre.
Mais c'est peine perdue, le Parisien à la tête plongée sur son écran, sûrement sur des gros chiffres ou quelque chose comme ça. En fait, je n'en ai pas grand-chose à faire. Je veux qu'il comprenne que la vie ne tourne pas autour de lui, et de ses costumes salis.
- Oh merci ma chérie, j'en peux plus d'être toute seule, le temps est long quand tu n'es pas là pour me divertir.
- Je sais Beth, crois moi. Mais ce n'était pas de mon ressort.
- Ah oui ? Demande-t-elle, mais je vois déjà qu'elle ne va pas écouter ma réponse trop occupée à regarder dans mon dos.
- Ne te fais pas de fausse idée, je lance en comprenant ce qu'il se passe.
Une mère et son fils me commandent deux chocolats chauds à la cannelle et je m'empresse de les servir.
- Pourquoi, il a l'air plutôt sympathique et beau garçon. C'est totalement ton genre, et puis il faut noter que ce n'est pas souvent qu'on a des nouvelles têtes dans le coin.
- Dans tes rêves les plus profonds, peut-être qu'il se passera un truc entre lui et moi. Mais ce n'est pas prêt d'arriver. Il est méchant, c'est lui qui m'a fait tomber hier et qui est parti sans un pardon.- Il est sérieux ? En plus, il vient là où tu travailles sans trouver ça bizarre ! Je vais aller lui en toucher deux mots, tu vas voir.
- Non, non, je la coupe avant qu'elle ne perde son sang-froid, chose qu'elle fait souvent. C'est le fils de Jack, il est intouchable.
- Oh, d'accord, se retient-elle quand elle comprend que nous sommes coincées avec un mec détestable. Je suppose qu'on va devoir l'accepter parmi nous alors, finit-elle en partant chercher une nouvelle commande, sans oublier de lancer un regard noir à Gabin.
Oui, elle est protectrice ! En général, on n'a pas trop le droit toucher à moi. Beth est ma meilleure amie depuis que nous avons commencé ici. On est les deux serveuses de ce restaurant depuis sa création et ce n'est pas prêt de se terminer. Nous avons toutes suite créée un lien elle est moi. Sa fougue naturelle combinée à la mienne crée souvent des situations plutôt cocasses, mais je ne sais pas si je pourrais me séparer d'elle un jour. Elle est encrée en moi.
Lorsque le service commence à se désengorger, le café se fait vide si ce n'est le cher fils de Jack. Je n'y crois toujours pas et je ne suis pas sûre de m'en remettre un jour. Ça me paraît surréaliste.
Je crois que ses fesses vont finir par s'intégrer dans le tabouret. Je ne comprends pas pourquoi il est venu dès le premier décembre alors qu'il ne voit jamais son père, mais bon, il voulait probablement changer d'air pour se dérider. Normalement la montagne à cet effet instantanément sur les gens. Mais ce n'est pas son cas. Traits tirés, bouche serrée, ventre rentré et front plissé, il n'a pas l'air de passer un bon moment. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi sérieux dans ce café et pourtant, j'en ai vu défiler des gens. Il y a sûrement trop de zéro derrière les chiffres. Ou pas assez.
Comme le monde commence à se faire rare, j'ai renvoyée Beth chez elle, ses parents arrive passer un peu de temps avec elle avant de partir dans un autre coté de la famille et je ne voulais pas qu'elle loupe leur arrivée. Par conséquent, je me retrouve seul avec mon très cher client. Je me réconforte en me disant que c'est bientôt la fermeture et que par conséquent ce supplice sera ne va pas tarder à prendre fin. De toute façon, je ne vois pas comment la situation pourrait être pire. Je suis seule dans une vaste pièce bien trop éclairée, sans vie parce que je n'ai pas encore eu le temps d'installer les décorations de Noël, et je dois en plus de ça le regarder taper comme un forcené sur son clavier.
Je prends donc le temps de ramener derrière le bar les commande que j'ai eu le temps de faire, cette petite tache, bien que bénigne m'aide à me changer les idées quelques instants. Je suis plutôt fière de moi, en plus d'avoir préparé la commande de madame Bernard, j'ai pu finaliser ma collection – et tout recommencer – dans les temps. Les bonhommes en pain d'épice, les pères Noël fait de guimauves, les délicieux roulés à la cannelle et j'en passe. En temps record, évidemment, ce n'est pas parfait étant donné que ce sont des prototypes, mais je suis plutôt confiante. En réalité, j'ai surtout hâte de montrer mes prototypes de bûches de Noël à Jack quand il va passer tout à l'heure.
Noël approche et je n'ai pas envie de faire comme les années précédentes, je veux mettre mes talents de pâtissière plus en avant, moins me cacher comme j'ai l'habitude de le faire. Grâce à Jack, je peux exercer ma passion et arrêter de me camoufler derrière des cuisiniers qui croient mieux faire que tout le monde, je me sens libre ici. Ma vie de pâtissière avant n'était pas très glorieuse, trop jeune pour entreprendre des choses selon des hommes qui ne me connaissaient pas. Je me suis souvent sentie rabaissée, un peu comme une moins-que-rien qui n'a pas sa place dans le monde de la cuisine.
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La liste d'un noël (presque) parfait
RomantizmDans ce roman on suit Madi une femme accro à noel qui vie dans une petite ville de montagne. En plus de sa passion pour Noël Madi adore pâtisser c'est pourquoi elle travaille dans un restaurant. Son patron, Jack est comme un père pour elle. Mais ce...