J'arrive au restaurant et Gabin n'est toujours pas en vue. C'est étrange, il est toujours là d'habitude pour travailler tôt. Son absence me déçoit. Je ne suis pas déçue de lui, loin de là, seulement, je n'ai aucune motivation pour travailler, j'ai hâte d'être en vacances. Mais ce n'est pas pour tout de suite encore. Je suis toute seule au restaurant, toute la journée. Ça va être long, surtout si je n'ai aucun soutient dès le début.
D'un autre côté, c'est bien. Ça me fait une sorte d'expérience. Gabin repart bientôt. Il faut que je m'y habitue, c'est un entraînement, voilà.
Plus le temps passe et plus je m'ennuie. Je ne croule plus sous les commandes, c'est une bonne chose, d'un côté. Sauf que maintenant, j'ai du mal à retrouver un rythme normal. Le soufflée retombe, c'est toujours comme ça. La nostalgie prend place, on repense au bon moment, en étant triste que ça soit terminé, mais content que la pression se soit évaporée.
La matinée est longue. Je n'ai aucun contact avec personne si ce ne sont les clients qui se dépêchent de retourner sur les pistes une fois la boisson ou l'en-cas terminé.
Je ne peux pas contacter Jack, la technologie et lui ça fait deux. J'ai déjà réussi à lui faire comprendre comment enregistrer son programme préféré à la télé alors lui envoyer des messages ce n'est pas pour aujourd'hui. Ensuite, je ne peux pas déranger mon amie, en fait, je ne le veux pas. Elle finit son roman avant de l'envoyer à son éditrice et je sais que pendant ces moments son stress est au maximum. Autant que son impatience. C'est une étape importante, et j'essaie de la soutenir au maximum en la laissant se concentrer dans sa tache. Elle n'a pas besoin de m'entendre m'épancher sur Gabin pendant des dizaines de minutes encore une fois.
Gabin. Qu'est-ce que j'aimerais qu'il ne soit pas levé tard. Pendant les périodes de creux, comme celles-là ou le restaurant est vide si ce n'est moi, j'aimerais pouvoir lui parler, ne serait-ce que par message. Mais c'est une marmotte et bien que midi approche, je suis sûre qu'il dort encore. C'est étrange, lui qui est tellement assidu dans son travail. Mais d'un autre côté, il a terminé un gros dossier hier, peut-être qu'il s'accorde un peu de temps avant d'enchaîner sur un autre.Heureusement pour moi, l'après-midi est un peu plus fournie. Je vois moins le temps passé. Les enfants remplissent le restaurant accompagné de leurs parents à l'heure du goûter. Je suis plus que contente de voir des familles réunies. Ça réchauffe qui est froid aujourd'hui. Toujours aucune nouvelle de Gabin, malgré le message que je lui ai envoyé, il ne daigne pas répondre. Je ne sais pas s'il joue avec moi ou s'il se passe quelque chose de plus grave et que je suis tenue à l'écart, mais je n'aime pas ça.
Je ne suis pas du genre jaloux au possessif, mais nous venons de passer 26 jours collés l'un à l'autre. Et pendant ce temps-là mon cœur à commencer à ressentir des sentiments beaucoup trop forts, puissants, que je ne sais pas contrôler. Ne pas se parler pendant plus de 20 heures est donc étrange.
Je suis en train de ranger derrière le comptoir quand la porte du restaurant s'ouvre. La journée de l'enfer est enfin terminée, et on me dérange encore. Avec mon plus beau sourire, je lance sans regarder l'arrivant :
- On est fermée désolée.
- C'est moi, Madi.
Je lâche mon chiffon, trop conte de le revoir enfin.
- Ah salut, Gabin, je dis en avançant vers lui. Tu n'étais pas là de toute la journée, je me demandais ce que tu faisais, ton ombre dans le coin m'a manquée.
- Tu veux bien qu'on aille s'asseoir.
Son ton est grave, à la limite du triste. J'ai peur que quelque chose soit arrivée à Jack, mais il ne serait pas là si c'était le cas. Alors je me détends et le suis à une table.
- Qu'est-ce qu'il y a, tu m'inquiètes ? Je demande pour qu'il commence enfin à parler.
- Je dois rentrer à Paris. Tout de suite.
- Déjà, mais tu m'as dit hier qu'on avait encore quelques jours devant nous. Je ne comprends pas.
– J'ai reçu un appel important ce matin et ils ont besoin de moi. Je n'ai pas le choix que d'y aller. Si je n'étais pas là aujourd'hui, c'était pour préparer mes affaires. Je suis désolée, je sais que je t'ai dit des choses que je ne peux pas honorer. Mais c'est le boulot, c'est comme ça.
– Et ce que nous étions en train de créer alors ? Tu m'avais m'a dit que ça comptait. Qu'on était ensemble.
J'ai du mal à garder une voix calme. Elle tressaute je n'aime pas ça. Il m'abandonne. Encore une personne qui part parce que je ne suis pas assez importante.
– Je t'apprécie tellement Madi, tu ne peux pas savoir à quel point, mais je suis coupé en deux.
- Ok, c'est ton choix, ta carrière passe avant ton père et moi. Finalement, tu es toujours le même qu'à l'arrivée. Je croyais que tu avais changé, mais non. Amuse-toi bien à Paris.
Je suis en colère. Je ne veux pas me laisser abattre. Pas devant lui en tout cas. C'est injuste. Nous n'avons pas mérité ça. Je sais que je n'ai pas les idées claires, mais je ne me laisse pas le temps de réfléchir avant de parler.
- Ne dis pas ça, tu n'as pas le droit.
- Pas le doit. Je n'ai pas le droit. Gabin, tu es rentré dans ma vie, tu as même foncé dedans, par ma faute, je le sais. Mais pendant ces 25 jours je me suis tellement attaché à toi que je pense à toi tout le temps que mon cœur bas plus fort que tu rentres dans une pièce. J'ai des sentiments pour toi que je ne devrais pas avoir. Je t'aime bordel. Et toi, tu choisis ton boulot. Alors que ton père revit un peu plus chaque jour depuis que tu es arrivé. Tu es égoïste.
Je suis égoïste aussi de dire. Je ne tourne pas ma langue sept fois dans ma bouche avant de parler, je le devrais pourtant. Parce que je viens de lui dire que je l'aimais. Et qu'il réagit à peine. Et à cause de ça. De son manque de réaction, mon cœur se brise un peu plus qu'il ne l'était déjà.
- Je suis désolé. Il faut que je parte. Je n'ai pas le choix.
- Va-t-en, je veux plus de toi dans mon restaurant.
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La liste d'un noël (presque) parfait
DragosteDans ce roman on suit Madi une femme accro à noel qui vie dans une petite ville de montagne. En plus de sa passion pour Noël Madi adore pâtisser c'est pourquoi elle travaille dans un restaurant. Son patron, Jack est comme un père pour elle. Mais ce...