La liste d'un noël (presque) parfait

Chapitre 7

En arrivant au restaurant ce matin, Gabin attendait l'ouverture devant la porte. Toujours habillé de ses chemises parfaites, il a tout de même l'air un peu moins coincé qu'il y a quelques jours à peine. Finalement, l'air de la montagne fonctionne peut-être sur lui.
Même si une part de moi lui en veut toujours, j'aime bien nos rendez-vous. Et puis c'est plutôt drôle de le voir se débrouiller de situations dans lesquelles je le mets. C'est ma vengeance personnelle en quelques sortir.
- Tu es si presse de faire l'activité de Noël du jour ?
- Non, j'ai beaucoup de boulot à rattraper à cause de celles-ci justement. Et comme j'ai prévu notre activité du jour de mon côté, il faut que je finisse ce dossier en un temps record.
On se met au chaud et j'analyse rapidement sa phrase.
- Comment ça, tu as prévu l'activité ? On est censé suivre la liste jour après jour.
- Tout d'abord, tu as été la première à ne pas l'avoir suivie. Et ensuite, tu m'infliges ce satiné bout de papier depuis que je suis arrivé ici et aujourd'hui j'ai la terrible envie de faire du snowboard alors tu vas m'accompagner.
Je passe derrière le bar et enfile mon tablier rouge et vert que Beth m'a cousu tandis qu'il s'assoit sur un tabouret. Quelque part, il a raison. Je suis la première à ne pas suivre les listes en général, pas seulement celle-ci. Mais les deux points qui me choquent le plus sont que Gabin s'intègre pleinement dans le projet. Et le deuxième qui est moins positif est que je ne sais pas faire de snowboard et que je ne sais même pas si je sais tenir debout dessus.
- Je ne ferais pas de snowboard avec toi. Contrairement à ce que tu penses, je ne suis pas suicidaire, et cette discipline, selon moi, c'est du suicide, je préfère mes patins.
- Allez, ce sera amusant, on fera les pistes débutantes si tu veux. Je t'apprendrais même.
- Vas-y tout seul, on calera mon activité plus tard dans la journée.
- J'ai 27 ans, mais mon père me surprotège comme si j'en avais 14. Je n'ai pas le droit d'y aller tout seul, Jack juge ça trop dangereux.
- Au moins quelqu'un de censé dans cette famille, je dis de mon côté en préparant les présentoirs pour mes magnifiques gâteaux. Oui, j'aime me lancer des fleurs.
- S'il te plaît, on ne fera rien de dangereux, je te le promets. J'en ai besoin.
Le voir me supplier de faire ce qu'il veut, en plus de jouer la carte de la nécessiter me fait céder. Même si rien que le fait de grimper sur une montagne me fait flipper. Je sais que techniquement, je vis sur une montagne, mais elle n'est clairement pas haute. La station la plus proche d'ici à une altitude trop grande selon moi. Mais je le fais quand même, parce que Gabin en a envie et que c'est une activité qu'il faudrait au moins faire dans sa vie.
- Ok, je suis libre à partir de 17 h.
- Parfait.
Puis il quitte son tabouret pour se mettre à la table la plus reculée pour ne pas être dérangé pendant son travail.
On va dire que cette petite excursion qui ne me fait honnêtement pas plaisir du tout et mon remerciement pour tout ce que je lui ai fait subir depuis qu'il est arrivé.
La journée passe malheureusement à une vitesse folle. On est samedi, presque personne ne travaille, donc tout le monde prend du bon temps en venant manger des gâteux et boire des boissons chaudes pour se réchauffer du froid de l'hiver.
Le bruit est assourdissant à tel point que Gabin est allée se réfugier dans la salle de repos avec mon accord. Je lui concède bien trop de choses aujourd'hui. Je ne sais pas où j'ai la tête un jour, il va me demander d'arrêter la liste et je vais dire oui !
À chaque fois que je lève la tête vers l'horloge accrochée au mur, mon cœur rate un battement. D'habitude, j'ai l'impression de traîner des pieds, et là, j'ai l'impression que le temps passe deux fois plus vite. J'aime mon boulot, mais les journées entières dans la salle ce n'est pas mon truc. Je préfère largement passer mon temps en cuisine à pâtisser toute la journée. Il faut croire que les sports de glisse ce n'est vraiment pas mon truc.
J'ai cette peur inconditionnelle des avalanches à cause d'un film que mes parents d'accueil m'ont forcé à regarder quand j'étais petite, maintenant, j'ai peur de mourir étouffée par la neige. Je sais que c'est plutôt bête, mais cette peur d'enfant ne veut pas me quitter.