Chapitre 7

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L'immense salle à manger était assez sombre... même éclairé de pas mal de lanternes !  J'eus un frisson.  J'étais assise à côté de Thranduil qui dînait avec des gestes délicats et lents. Ses doigts ornées de bagues brillaient sous le feu des lanternes. Le silence et seul le bruit des fourchettes s'entendaient. Je me concentrais sur mon assiette, composé d'haricots verts, de pommes de terre et d'une volaille.  
-" Alors la journée ?" sa voix résonna, me faisant sursauter. Je serrais ma fourchette et je répondis avec nervosité. 
-" ça va..." 
-" Je vois." . Je bus un peu d'eau avant de remarquer que mes doigts tremblaient. 
-" J'ai demandé à ce qu'on vous donne une garde robe qui soit digne de ce nom. Je n'ai pas envie de voir une fille avec des haillons à côté de mon fils !" déclara-t-il. Il bût sa coupe de vin. 
Je faillis demander... si je pouvais apprendre à lire l'elfique, mais je me rappelais... de mon âge... trop jeune !
-" Est-ce que je pourrais jouer avec d'autres enfants ?" demandais-je, essayant de garder ce côté enfantin. Il eut un léger froncement de sourcils et finit par soupirer. 
-" Je ne pense pas que les elfons souhaiteraient jouer avec vous. Vous êtes humaine ne l'oubliez-pas." répliqua-t-il froidement. Je serrais la fourchette. Ainsi... aucune occupation ?
-" Pourquoi m'avoir emmener ici... si je ne peux pas jouer... ni rien faire qu'à part respirer ?" demandais-je brusquement, lui faisant lever la tête. Il me foudroya du regard avant de pincer les lèvres. 
-" Je n'ai pas à expliquer quoi que ce soit ! Faites ce que vous voulez de votre temps ! Je n'ai pas le temps de penser à vous !  J'ai du travail !" son ton était glacial et tranchant. 
-" C'est ridicule... de m'avoir emmener ici... si vous n'avez rien...". Sa main s'abattit sur la table, me faisant sursauter. 
-" On dirait bien qu'il va falloir que je vous rappelle ce que vous êtes à mes yeux !  Juste un cadeau pour mon fils ! Vous n'êtes rien ! Vous n'êtes qu'une humaine et vous ne vivrez pas longtemps, ne l'oubliez pas ! Legolas finira un jour par s'ennuyer !" cracha-t-il avec mépris. Je ne supportait pas, alors qu'il ouvrit à nouveau sa bouche pour cracher son venin, je me levais et sautais de la chaise avant de m'en aller. 
-" Où allez-vous ?!" hurla - t - il hors de lui. Je m'arrêtais et répliquais le plus platement possible. 
-" Je croyais que ça ne vous intéressait pas ? Vous n'avez pas besoin de savoir puisque je ne suis qu'un objet !" et je quittais la salle. Je me forçais à retrouver mon chemin mais le dédale de couloir... me fit perdre mes repères. Je n'étais pas forcément douée pour lire une carte ! Je pris le chemin le plus accueillant et m'avançais vers un couloir où deux immenses portes étaient entre ouvertes.  J'entendais la voix d'un elfe et m'avançais pour voir que c'était une salle de classe. Un grand tableau et des piles de livres, et un bureau avec un banc en bois qui formait une grande branche, et qui s'élançait dans le plafond. Je vis qu'un elfe écrivait, il était jeune et il avait des cheveux roux flamboyants. Un très beau roux. Il avait des cheveux déjà mi-longs. Je finis par m'en aller discrètement. Je ne voulais pas les déranger. Je remontais le couloir que j'avais emprunté et pris l'escalier. Lui aussi composé de branches... et dont les marches avaient été façonnés dans la branche.  En arrivant dans un autre couloir, je poussais un soupir. J'avais l'impression de tourner en rond et le temps passait vite. Je voulais vraiment me coucher. Pourtant des pas légers se firent entendre derrière moi. Je me raidis et me cachais derrière une colonne. Je vis Legolas marcher, les sourcils froncés. 
-" Eleanor ?" appela-t-il. Je restais discrète, voulant dans un esprit enfantin, lui faire peur. Puis enfin, je fis le moins de bruit possible avant de crier.
-" BOUH !!". Il se retourna avec rapidité et me souleva, me faisant crier de surprise.
-" Ha ha ! Jamais sous-estimer un elfe !" lança-t-il. Je le foudroyais du regard avant qu'il me repose. 
-" Je te cherchais ! Feren m'a dit que le dîner a été désastreux !" dit-il enfin. 
-" en effet... on peut dire ça... il m'a même coupé l'appétit..." marmonnais-je, peu ravie de l'entendre le remarquer. 
-" Qu'a dit mon père ?" 
-" Il me considère comme un objet... et non une enfant... je dois rester invisible... et surtout ne pas m'amuser comme les autres enf..."
-" A vrai dire...  tu es étonnante... à quatre ans... tu sais presque parler comme une adulte !" . je rougis. Bon sang... je faisais tomber mes barrière avec lui !  
-"... je... je... " bégayais-je essayant de trouver une réponse, mais cela le fit pouffer de rire. 
-" Ne t'inquiète pas ! J'aime bien ! ça m'évite de m'ennuyer !  Viens ! On va aller dans ta chambre !" me dit-il me tendant la main. Je la pris, elle était plus grande que la mienne, ce qui me fit grimacer. 
-" Je vais demander à mon père... de s'adoucir... tu as le droit de t'amuser... et de jouer... mais... je crains que les elfes... n'acceptent pas... parce que tu es humaine ! Par peur bien entendu que tu sois plus fragile qu'eux !" 
-" Parce que les elfons sont plus forts ?" demandais-je surprise. 
-" Oui ! Et une petite bousculade... et tu peux te retrouver à rouler et avoir un bras cassé... Même ils peuvent te soulever et te faire une entorse !" m'expliqua-t-il. J'eus un léger frisson, où étais-je vraiment tombée ?
-" Je préfère retourner chez moi !" dis-je maussade. 
-" Allons ! Allons ! Je suis là !" . Je le vis s'arrêter et me retrouvais devant la porte. Je voulais juste faire une chose... m'en aller et trouver un coin tranquille et ne pas recevoir ce regard chargé de méfiance et même de mépris. Legolas dû le sentir car il poussa la porte et me fit entrer. 
-" Je connais une elfine qui acceptera de s'occuper de toi ! Demain elle sera là à ton réveil !" me promit-il. Et l'elfine que j'avais vu tout à l'heure, arriva en trombe. Elle ne remarqua pas que j'étais avec le Prince qui était derrière une colonne. 
-" Et bien vous voilà revenue enfin !  Votre robe pour la nuit se trouve sur le lit ! " lança-t-elle pointant du doigt  la chambre. 
-" Est-ce que vous pouvez m'aider à me changer ?" demandais-je calmement. 
-" Vous devriez apprendre déjà à vous changer à votre âge bon sang !" gronda-t-elle. Elle défit les nœuds avec sècheresse, m'ouvrant une blessure que je pensais déjà soignée depuis le temps. Ma mère avait eu les mêmes gestes et le même ton, quand je devais me changer dans ma tenue de soirée, un peu trop serré... dû à ma corpulence.  Je gardais le silence, les yeux vides, attendant qu'elle termine. 
-" J'ai des choses à faire... alors dépêchez-vous !" dit-elle. Je partis vers la chambre pour me changer et enfilais la tenue de nuit qui se composait d'une petite robe blanche légère.  Pourtant le léger couinement que j'entendis, me rappela que Legolas était encore dans la pièce. Je fonçais voir ce qu'il se passait et je découvris un spectacle qui me laissa sans voix. Il venait de la frapper en plein visage, les yeux brûlants d'une colère noire. 
-" C'est ainsi que vous vous occupez d'une enfant qui est bien plus fragile que vous ?! Voilà qui ne me surprend pas ! Vous êtes du côté de cette...elfine après tout !" cracha-t-il d'une voix glaciale.  Sa colère me fit peur et des sueurs froides parcouraient mon dos. L'elfine était à genoux à terre et tremblait. 
-" Peut-être devrais-je vous laisser une marque qui restera à jamais sur votre peau ? Le visage peut-être ?" susurra-t-il sur ce ton menaçant. 
-" Non pitié !! Elle m'a en effet demandé... de la forcer à partir elle-même !" s'écria l'elfine, la voix totalement tremblante. 
-" Oh... voilà qui est mieux ! Disparaissez ! Vous êtes congédier de ce poste !" déclara-t-il, faisant un geste brusque vers la porte. 
-" Je ne peux pas... si je ... reviens ... elle ... me fera payer !" cria-t-elle paniquée. 
-" Je m'en moque ! Partez !" la voix claqua, me faisant sentir toute petite. J'étais totalement figée, aucun son ne traversa mes lèvres. Et même quand je vis l'elfine foncer vers moi avec un poignard. Je restais, à fixer la mort se rapprocher de seconde en seconde. Le hurlement de Legolas, son visage, me fit réaliser ce qu'il se produisait. Tout passait en ralentit. J'allais être tuée. 
-" Ah...." fût le seul son, avant que je sente la douleur violente me frapper. Le choc au sol ne fût pas mieux. Je vis Legolas se pencher vers moi et serrer ma gorge. 
-" Tiens bon Eleanor !!" dit-il. Il cria en elfique et je reconnus Feren malgré ma vision qui s'embrouillait. 
-" Dis à mon père qu'Eleanor a été gravement blessé !" . L'elfe disparut après un dernier regard derrière le prince. Aucun son, ne franchissait mes lèvres. 
-" Ne te force pas ! Si tu te force... tu mourras !" m'ordonna-t-il avec fermeté. Il serrait avec force, m'empêchant de bouger la tête. 
Puis la silhouette du roi elfe apparut et son regard tomba d'abord sur ce qui était derrière Legolas avant de converger sur nous deux. 
-" Adar ! Pourriez-vous la soigner ?" demanda-t-il se tournant vers son père. Le roi semblait sous le choc. Immobile, le regard écarquillé par la surprise et par l'horreur. Puis enfin, il s'assombrit, ce regard que je reconnut, revint, glacial, sans émotion. Il s'approcha et mit un genou à terre avant glisser sa main, pour que Legolas me lâche. Je sentis la douleur me cisailler la gorge. Il se mit à murmurer une incantation en elfique et je revis cette aura si éblouissante et si rassurante l'entourer. Je tentais de sourire, mais mes forces me manquaient. Je finis par voir ce qui était caché par le corps de Legolas. L'elfine était au sol. Je ne savais pas si elle était assommée ou morte. Je pus m'endormir, bercée par la douce chaleur des mains du roi et celle de Legolas. Une famille c'était tout ce que j'avais désiré ! Alors pourquoi était-ce si difficile d'avoir cela ? Pourquoi fallait-il qu'on me haïsse... ? Qu'avais-je... de différent pour m'attirer le mépris ? J'étais un être humain !
-"Une simple humaine !!!" Hurlais-je avant de me rouler en boule sous la douleur et les sanglots. 
-" je n'ai pas demandé à être haïs... Je veux juste être aimée !" murmurais-je sans savoir que ses paroles avaient traversés mes lèvres et qu'elles avaient été entendues. 

Je m'étais réveillée avec la lumière douce du jour. Je ne sentais qu'un léger tiraillement au niveau de ma gorge. Je me rappelais enfin de ce qu'il s'était produit. En tournant ma tête, je vis le roi elfe dans un fauteuil entrain de lire et en tournant de l'autre côté, je vis le prince endormit, dans un autre fauteuil.  Je restais coite. Ce n'était pas lui qui disait qu'il s'en moquait de ce que je devenais ? 
-" Vous allez mieux ?" demanda le roi posant le livre sur ses genoux. Je le fixais hébétée, la bouche entrouverte. 
-" Qui y a-t-il ?" fit-il agacé de me voir le regarder. 
-" Vous allez bien ?" répondis-je, le laissant un moment surprit par ma question. 
-" Par toute la forêt de Mirkwood... Je vais bien ! Mais c'est à vous que je pose la question ! Vous souvenez-vous de ce qu'il s'est passé au moins ?" gronda-t-il, me lançant un regard noir. 
-" Oui oui ! Et l'elfine ?" demandais-je, essayant de voir si elle était quelque part. Il pinça les lèvres. 
-" Elle n'est plus là ! J'ai accéder au caprice de Legolas... celui de vous amener une elfine qu'il connait... puisque c'est elle qui s'est occupée de lui durant toute son enfance !"  dit-il secouant la main, pour chasser la conversation. 
-" Ah... d'accord merci..." répondis-je, tout de même surprise de ce léger revirement. 
-" Vous restez pas moins... non importante à mes yeux... j'attendrais...que mon fils... finisse par se lasser de vous et me demander de vous ramenez chez les humains !" dit-il avant de se lever et s'en aller silencieusement, après un dernier regard vers son fils endormit. Je tournais la tête vers le Prince et poussais un soupir. L' inquiétude était encore sur ses traits. Je descendis de mon lit avant d'aller devant le miroir et voir une cicatrice sur ma gorge. Elle avait coupé... là où la jugulaire passait. 
-" Elle n'a pas raté..." observais-je avec suspicion.  
-" En effet... et j'ai pensé te perdre !" répondit une voix qui me fit tressaillir. Je me tournais pour voir Legolas fixer ses ongles. 
-" Elle ne reviendra plus hein ?" demandais-je doucement, me rappelant de son accès de colère. Il était effrayant quand il le voulait. 
-" Non... Elle est morte..." avoua-t-il. Je restais quelques secondes à le fixer sous le choc... d'apprendre la vérité. 
-" Ah..." . Je ne savais pas quoi dire. 
-" Eleanor... je n'ai fait que de te protéger ! Elle était dangereuse... et c'est la première fois que je vois un comportement comme cela !" s'exclama-t-il, avant de se rapprocher de moi avec lenteur et poser un genou au sol pour que je puisse le voir à ma taille. Je levais les yeux avant de doucement tendre la main et caresser sa joue. 
-" ça a dû être dur pour vous ! " dis-je, la voix tremblotante. Il était serein, calme, et c'était moi qui pleurait à sa place ! C'était ridicule ! 
-" Aaah!!! la poussière dans les yeux c'est affreux !" m'écriais-je essuyant mes yeux pour ne pas lui montrer mon émotion. Pourtant ses bras se refermèrent sur moi et je me retrouvais lovée contre lui. 
-" Tout va bien ... je te protègerai Eleanor ! Alors ne t'inquiète pas ! Tu as le droit de pleurer... même si elle ne le mérite pas..." murmura-t-il contre mon oreille.  J'étais triste, mais je ne fis que le serrer aussi. 
-" ça va je vais bien..." dis-je.  Après ce léger moment de tendresse, il finit par m'emmener rencontrer la nouvelle elfine. Elle était très belle, des yeux remplis d'affection et de sagesse. Mais une douleur dont je n'arrivais pas à lire... se voyait dans ses prunelles bleus. 
-" Je suis Mellin ! J'espère que nous nous entendrons bien !" me dit-elle me saluant avec douceur et cette affection maternelle me rassura. 
Mais tout ça me fit comprendre que j'avais aussi une ennemie... et j'espérais qu'elle reste tapie... le plus longtemps possible et qu'elle m'oublie !

Bleu AzurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant